Le FN est un parti d’extrême-droite… qui élimine la gauche au premier tour des élections

Publié le 07 octobre 2013 par Lbouvet

Le Parti socialiste possède un sens infaillible du timing. Une grande réunion publique, regroupant dirigeants, ministres et experts, était en effet organisée samedi 5 octobre au gymnase Japy à Paris sur le thème « La République face aux extrémismes » alors même que le débat médiatique relancé par Marine Le Pen quelques jours plus tôt sur le fait de savoir si le Front national est un « parti d’extrême-droite » battait son plein. Et ce, tout juste un jour avant le premier tour de la cantonale partielle de Brignoles, qui a vu l’élimination de la gauche du second tour et le FN qualifié face à l’UMP avec 40% des voix.

Les différents orateurs du meeting de Japy ont d’ailleurs tous constaté, prenant leur courage à deux mains, que le FN était bel et bien un parti d’extrême-droite. Et le PS pour appuyer ce constat a même édité des badges – oui, des badges ! – rappelant la chose aux quelques citoyens inattentifs auxquels ça avait échappé. Signe s’il en est qu’il s’agit de mobiliser le parti en vue du désormais incontournable « combat culturel » contre le FN… Rien d’étonnant à cela rétorqueront les observateurs les plus aigus de la vie socialiste puisque c’est Harlem Désir lui-même, spécialiste ès-qualité de cette mobilisation contre le FN depuis 30 ans, qui est aujourd’hui le premier secrétaire du PS.

Evidemment pour Brignoles, la mobilisation générale ayant été décrétée le samedi après-midi dans le XIème arrondissement de Paris, elle n’a pas pu  produire ses effets dès le dimanche dans le Var – même avec l’aide des « moyens 2.0 » du « combat culturel ». Les badges ne sont visiblement pas parvenus à temps aux militants socialistes qui faisaient campagne sur place pour le candidat communiste qu’ils soutenaient.

Heureusement, au PS, on sait se rassurer : à Brignoles, comme à Villeneuve-sur-Lot ou dans les deux circonscriptions des Français de l’étranger qui étaient détenues par la gauche et qui ont connu des législatives partielles ces derniers mois, le cas est à chaque fois particulier. Aucune généralisation possible, aucune responsabilité collective.

Malheureusement, ce refus de regarder en face les résultats se fracassera dans quelques mois sur le mur de la réalité électorale. En mars prochain lors des municipales, puis en juin aux européennes et en 2015 lors des élections départementales et régionales, ces cas si particuliers dont on nous explique rue de Solferino qu’il ne faut pas en tirer de leçons d’ensemble, seront si nombreux qu’il sera impossible alors de dresser la liste des fauteurs de défaite comme on plait généralement à le faire. L’entêtement des électeurs à se détourner des candidats de gauche se donnera alors pour ce qu’il est : massif et profond. Le FN gagnera cette fois directement malgré les triangulaires, les appels au « front républicain » et… la distribution de badges du PS.

Il sera temps alors, pour l’innombrable cohorte de spécialistes du combat trentenaire contre le FN que comptent le PS et la gauche, de nous expliquer comment ils en sont arrivés là, comment ce combat d’une vie politique, la leur, a pu échouer aussi lourdement, à hauteur de leur cynisme et de leur inconsistance.

Bien sûr, ils feront à nouveau tourner leurs vieux moulins à prière pour expliquer que le FN est d’extrême-droite, que ce sont la droite et les médias qui sont responsables. Ils accuseront aussi, une fois de plus, le peuple d’avoir mal voté ou de n’avoir pas voté pour eux. Leurs journaux se couvriront d’éditoriaux à coup de « No passaran » et autres « Enclos » pour dire leur impuissant aveuglement en même temps que leur haine des électeurs fautifs. Ils cloueront à nouveau au pilori ceux qui auront osé leur tenir tête. Comme d’habitude.

Mais cette fois ils seront vaincus, clairement, nettement et espérons-le définitivement, leur défaite électorale révélant enfin leur défaite politique de longue date. Une autre histoire pourra peut-être dès lors commencer.


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