[anthologie permanente] Eric Houser

Par Florence Trocmé

Eric Houser publie Hello Ernest aux éditions Les Petits Matins. « C’est une sorte d’anthologie libre et légère. [Il y reprend] un ensemble de ses poèmes et suites brèves, sur une quinzaine d’années et y ajoute des articles sur la psychanalyse, le cinéma, l’art contemporain, ainsi que des poèmes en anglais, en italien ou en roumain.  
Par son titre à double entrée, Hello Ernest est un objet hybride : faut-il y voir un hommage à Ernest Hello (1828-1885), le vigoureux écrivain catholique fin-de-siècle qu’admiraient Bloy et Michaux, ou l’adresse joyeuse au lecteur-camarade, au livre-complice, aux partenaires multiples d’une écriture se jouant du langage et de la vérité ? » (Prière d’insérer) 

 
auvers-sur-oise dans ce qu’il reste du jardin, hyacinthe et glycine se battent sur fond de chutes, comme des chutes de tissus ou des chutes de panonceaux peintes. il ne s’agit pas de les oublier, ces restes-là, il s’agit d’arpenter, encore, du champ au jardin. entrevoir la sortie. l’œil fou, l’oracle à merci. seriez-vous étonnés de l’apprendre, serait-il tellement invraisemblable qu’il y ait, coincé quelque part entre le tueur et la panthère, le jaune qui convient, serait-il totalement inconcevable. 
dans le journal d’un tueur alice soutient l’hypothèse de l’arme blanche, dans un seul regard il a tout vu. l’anathème, le fossé, l’anémone et l’espingole. 
il suffit d’apprendre, pauvres vieux quakers, couchant sur la dure 
- tant l’épée de l’ange lui avait fait peur. 

un ver de terre coupé en deux 
est plus déroutant 
qu’il n’y paraît,  
savoir si une expérience est mienne ou non 
continue à revendiquer 
une chevelure 
après s’être rasé le crâne,  
les avoir tous perdus 
(les cheveux) 
est une maladie de la pensée, 
et pourquoi s’arrêter 
en si bon chemin, 
je pèse plus d’un kilo et demi, 
je mesure plus de quinze centimètres, 
la diète organique n’a de sens 
que si elle n’est pas radicale, 
mais qui me dit 
que je ne suis pas amputé 
de tout mon corps 

série du 30 août – on commence à voir et entendre les souffleurs de feuilles – ruah, souffle – petites souffleuses sur dos, feuilles rassemblées en tas, boulevard Blanqui, au pied des platanes – offrandes – un livre sur le prophétisme, pages arrachées – les petits, les grands : holy motors. l’étape du tourbillonnement, que deviennent-elles ensuite, brûlées ?  
homme métro sac à dos chante triste sicilien, avant Bercy – un fil invisible le relie à un paysage. 
Eric Houser, Hello Ernest, coll. « les grands soirs » éditionq les Petits Matins, 2013, pp. 19, 54, 159 
Eric Houser dans Poezibao :  
bio-bibliographie, extrait 1