Vers un Social Cinema ?

Publié le 08 octobre 2013 par Marclindner @Socialtvfrance
La démocratisation de la TV dans les années 50 a provoqué le déclin de l’âge d’or hollywoodien. Aujourd’hui la TV se renouvelle, mais il serait faux de penser que seule la petite lucarne est concernée par ces expérimentations seconds écrans. En effet, le cinéma peut également être un support intéressant dans cette logique de Social Cinema.

Le dernier exemple en date est celui proposé par Disney pour la sortie en salles de ‘La Petite sirène’. Une application pour tablettes a été conçue avec des jeux, des quizz où le public entier est en compétition (lors de ces jeux, le film est momentanément mis en pause).  Un karaoké est aussi proposé, permettant au public de chanter avec Ariel, Sébastien et leurs amis. 

D’autres expériences existent, bien qu’elles soient encore relativement rares comparées à celles proposées pour la télévision.  Cette année a été proposé aux Pays Bas un thriller: ‘APP’, relatant l’histoire d’une jeune fille qui, suite à un accident, devient accro à une application. En partant d’un tel synopsis, il est effectivement cohérent de proposer dans le dispositif second écran une application gratuite qui permet au spectateur d’enrichir son expérience! L’application, comme Shazam, repose sur un système de reconnaissance sonore qui synchronise le contenu du film à celui proposé sur l’application, par exemple un message reçu par l’héroïne sera visible pour le téléspectateur sur son téléphone.

 

Exemple plus ancien, en 2010, le thriller allemand ‘Last Call’ se définissait comme la première expérience de cinéma interactif. Il supposait que le spectateur acceptait de donner avant la projection son numéro de téléphone. Pendant la projection, l’héroine en proie au doute, appelait un de ces numéros pour lui demander de l’aide. Par un système de reconnaissance vocale le spectateur l’aidait dans ses choix, et la guidait. En raison de la multiplicité des choix possibles, les réalisateurs avaient du tourner plusieurs versions d’une même scène.

Un accueil encore dubitatif

Ces nouvelles expériences cinématographiques sont encore balbutiantes. Les dispositifs seconds écrans pour la télévision sont bien plus acceptés que ceux pour le cinéma. Au mieux elles seront vécues comme des gadgets, au pire elles iront jusqu’à inquiéter. Certaines de ces inquiétudes sont compréhensibles: outre la question de la concentration face à la multiplicité des écrans, le cinéma est une institution qui obéit à des codes et des normes (comme par exemple la règle d’éteindre son téléphone pendant la projection). Voir des bras lever des tablettes (comme c’est le cas pour ‘La Petite Sirène’), la salle hurler son avis quant au choix à faire (comme ça a pu être le cas pour ‘Last Call’) remet forcément en question le concept de la salle obscure et silencieuse où le spectateur sera respectueux de l’immersion personnelle que peut amener le film. Là est le paradoxe du cinéma: proposer à la fois une expérience personnelle et collective. Or, avec ces expériences c’est l’aspect personnel qui est mis de côté, ce qui est à double tranchant: de par son aspect collectif, l’expérience a de fait un impact plus grand. Alors on peut s’interroger sur l’impact d’un dispositif second écran pour un documentaire engagé.

Les intérêts des dispositifs second screen

Ces expériences soulèvent donc la question de la communauté; et c’est assez naturellement que l’on pourrait imaginer ces dispositifs seconds écrans appliqués aux blockbusters. Les communautés de fans déjà établies, désireuses d’accéder à un contenu inédit pourraient être intéressées par cette expérience enrichie qui amène plus de possibilités et de créativité scénaristique.

Un autre avantage de ces dispositifs pour le cinéma est qu’ils pourraient apporter une nouvelle économie. Comme l’évoque David Bianic dans cet article, proposer une application payante pourrait permettre aux distributeurs une autre entrée d’argent que celle de l’achat de billet. Même dans le cas d’une application gratuite, le coté encore inédit de l’expérience peut intriguer et attirer de nouveaux spectateurs.