Il va falloir défendre chèrement la peau de l'Europe

Publié le 09 octobre 2013 par Lheretique

Le dernier sondage de l'IFOP est sans appel : il donne 24% au FN, 2% à Dupont-Aignan, 2% au NPA et 10 à Mélenchon et à son Front de Gauche. On n'est pas loin de 40% d'intentions de vote franchement hostiles à l'Europe, avec toutefois des nuances : Mélenchon ne remet pas en cause le principe général du projet européen contrairement à Marine Le pen et son FN qui rêvent de faire éclater l'Union Européenne en morceaux.

Qu'est-ce que concrétisent ces intentions de vote ? Les conséquences des mensonges incessants sur la construction européenne de la classe politique française depuis 20 ans. 

Je les dénonce avec insistance sur ce blogue depuis fort longtemps et me réjouis de voir Sylvie Goulard, eurodéputée MoDem taper également du point sur la table.

Les partis de gouvernement ont pris l'habitude de se défausser sur l'Europe de lois et de directives qu'ils votent et négocient eux-mêmes en catimini. Et, depuis 20 ans, ils n'assument pas leurs votes, n'en débattent d'ailleurs même pas. En agissant ainsi, ils ont laissé prise à l'euro-scepticisme et ont déroulé un tapis rouge au Front National.

Le mal étant fait, il faut se préparer à défendre la peau de notre Europe contre d'autres mensonges : ceux du FN, en particulier, qui essaient de faire croire que nous pouvons interdire à nos partenaires ce que nous tolérerons pour nous-mêmes (des barrières douanières) et qui usent de la Commission comme d'un bouc-émissaire pratique pour en faire la cause universelle de tous nos maux.

En réalité, François Bayrou l'a  brillamment et justement démontré, il n'y a pas de crise. L'Europe n'est comptable d'aucune de nos peines. Tout ce qui se produit en France vient de la France. Nous sommes à l'origine de tout ce qui nous frappe. C'est bien pour cela qu'un programme de redressement national était nécessaire et qu'il l'a proposé en 2012.

Il faudra d'une part promouvoir nos propositions à commencer par la nécessaire transparence qui devrait animer la construction européenne. Mais il faudra aussi rendre coup pour coup aux nationalistes car ce sont des menteurs aussi malhonnêtes que ceux qui n'ont pas assumé leurs décisions.

Il suffit de lire le programme du FN pour constater les énormités des affirmations de ce parti : selon le Front National, les résultats de la construction européenne seraient les suivants : ouverture des frontières induisant délocalisations, chômage, dictature des marchés, destruction des services publics, précarité, pauvreté, immigration massive

Mensonges éhontés ! l'immigration massive est le fruit de décisions locales (par exemple le regroupement familial décrété par Mitterand en 1981) et n'a rien à voir avec l'Europe. 60% de notre commerce extérieur se fait avec l'Europe et 34% avec l'Amérique, c'est à dire avec des pays qui ont les mêmes standards sociaux que nous. L'ouverture des frontières avec eux ne crée donc aucune délocalisation. Encore un mensonge ! dictature des marchés ? Ridicule ! ils n'ont pas besoin de l'Europe et au contraire, l'Union européenne essaie de les réguler. Elle est un obstacle. Encore un mensonge ! La précarité et la pauvreté sont liées à notre incapacité à créer des emplois. L'Europe qui absorbe 60% de notre commerce extérieur est au contraire l'entité politique à laquelle nous devons le plus de créations d'emplois. Encore un mensonge ! J'aimerais savoir comment les services publics pourraient avoir été détruits par l'Europe alors qu'ils n'ont jamais absorbé une part aussi importante de nos richesses nationales qu'aujourd'hui !!! Mensonge supplémentaire. Le problème, au Front National, c'est que l'on n'en est pas à une approximation près et encore, je suis bien bon de parler d'approximation quand il s'agit d'une réécriture pure et simple de l'histoire (marque du totalitarisme, au demeurant...). La campagne sera longue, mais il faudra croiser le fer avec ce parti. J'espère que la sphère médiatique ne fera surtout pas la bêtise de prendre parti dans ces duels mais qu'elle fera en sorte, au contraire, de faciliter les espaces de confrontation afin que les Français puissent se faire un avis définitif en toute connaissance de cause.