Come prima (récit complet) Chronique + Interview d’Alfred

Publié le 10 octobre 2013 par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Après 10 ans d’absence, Giovanni retrouve son frère, Fabio pour un voyage jusqu’en Italie.

Scénario et dessin de Alfred, Public conseillé : Adultes, grands adolescents

Style : quête intérieure, Paru chez Delcourt, le 4 octobre 2013


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Le temps d’un album (le très beau ‘Come Prima’), “Un Amour de BD” change de formule et vous propose une interview+chronique pour mettre en regard notre avis et l’expression de l’auteur.

L’histoire

Début des années 60. Après 10 ans d’absence, Giovanni retrouve son frère, à la sortie d’un combat de boxe. Les retrouvailles sont loin d’être émouvantes et cela empire quand Giovanni lui explique la raison de sa présence. Il demande à Fabio de l’accompagner en Italie, pour ramener l’urne funéraire de leurs pères. Mais pour Fabio, ce n’est plus son histoire.
Le lendemain, à la suite d’une engueulade avec son amante, il s’enfuit et rejoint Giovanni. Les deux frères partent sur-le-champ dans la vielle voiture du paternel…

L’interview

Ce que j’en pense

Après presque trois ans d’absence (c’est long), revoici Alfred, l’auteur de « Pourquoi j’ai tué mon père », « Le désespoir du singe », et de « Octave ». Ne cherchez pas de filiation entre ces différents univers. Il est comme ça, Alfred, un auteur qui se laisse porter par ses envies, ses émotions et son histoire.
Avec « Come prima », il nous invite à partager son « chemin » avec une franchise et une simplicité évidente. Au long de ces 224 pages, il nous rend témoins de la rencontre de deux êtres antinomiques, deux frères que tout oppose. Fabio, le grand, qui est parti et se fuit sans cesse. Giovanni, le petit, qui est resté et a continué de vivre dans le carcan social.
Pourtant, tout n’est pas si simple dans cette fratrie. Laissant « le temps au temps », ce voyage va leur permettre de découvrir l’autre, combler le vide, accepter ses racines et pourquoi pas trouver la force de pardonner.
Tout en intériorité et en émotions, Alfred trouve un ton personnel et peu académique. Dans cet album très contemplatif (c’est beau un nuage qui passe), il avance par bonds plus ou moins rapides, rythmant le récit de souvenirs et de flash-back, simples et imprécis.
Grand amateur de cinéma italien des années 60, Alfred ponctue son voyage dramatique de petites perles de situations comiques. Navigant entre comédie dramatique et tragédie douce-amère, il nous offre un récit qui ne ressemble qu’à lui et que j’ai appris à apprécier au long de ses longues pages.

Le dessin

Comme pour ses thèmes, Alfred est un auteur polymorphe. Difficile de trouver une filiation dans son dessin. Simple, direct, son trait laisse la place à l’émotion, sans se perdre dans les détails.
A contrario de la majorité des planches qui tendent vers le réalisme, les souvenirs sont traitées avec un graphisme à l’épuration extrême. Avec une graisse épaisse et deux couleurs qui s’opposent (un bleu et un rouge), ils évoquent la simplicité de la sérigraphie.
En bref, comme pour le récit qui le dessin d’Alfred, avec son évidence et sa grâce s’apprécie avec le temps.