Alain Freixe | À l’étrangère

Par Angèle Paoli
« Poésie d’un jour

À L’ÉTRANGÈRE

une nuit toujours rôde
par les terres du jour
une obscurité fantôme
un sombre cadencé
un noir de sous terre
couleur de caverne humide


où je vois des flammes
d’avant les flammes
se balancer
où j’entends une neige
d ’après la neige
se perdre


c’est là
comme un printemps
suspendu
dans mes yeux
ouverts pour ne pas voir
pour tracer
cette lueur
qui sous mes doigts
entre mes mots
commence


silence
d’avant tous les silences
attente
d’après toutes les attentes
qui va au rythme
de la main
des lignes
des images qui tournent
de la spirale qui refuse
de rendre au temps
ses origines


à remonter ce désordre
on sent l’air
une fraîcheur de pente
qui s’impatiente


le jour
se prendra-t-il
à ce fil
de clarté
sans bord


plus tard
quand il sera l’heure
de retourner
aux assiettes
entrebâillées sur les noms
aux verres
à vider sous les images
aux piqûres
de lumière pour le sang
aux buées sur la vitre
au monde
à son tournis
sans autre visage
que celui de cette toupie
qui hoquette
au milieu d’une rue
entre les flaques
et le ciel


je chercherai l’enfant
sur l’asphalte
où traînent
les restes de l’ombre
d’une robe rêvée rouge
avec dans l’œil
ma lumière d’hier
quand il faisait noir


Alain Freixe, « Porter le temps » in Vers les riveraines, Éditions de L’Amourier, Collection Fonds Poésie, 2013, pp. 51-52-53-54.



ALAIN FREIXE


■ Alain Freixe
sur Terres de femmes

Bleu plié au noir
→ Septième pas (extrait de Comme des pas qui s’éloignent)

■ Voir aussi ▼

→ (sur le site de L'Amourier éditions) une page sur Vers les riveraines
→ (sur Terres de femmes) Alain Freixe & Raphaël Monticelli | Chère
P/oésie, le blog d'Alain Freixe : La poésie et ses entours




Retour au répertoire du numéro d’ octobre 2013
Retour à l’ index des auteurs

» Retour Incipit de Terres de femmes