[Critique] La Vie d’Adèle – Chapitres 1 & 2

Par Wolvy128 @Wolvy128

Retour aujourd’hui sur La Vie d’Adèle – Chapitres 1 & 2, la dernière palme d’or du festival de Cannes, qui a depuis fait couler beaucoup d’encre avec les déclarations sulfureuses des actrices et du réalisateur. Pour ceux qui auraient vécu dans une grotte ces derniers mois, le film est signé Abdellatif Kechiche et, comme son nom l’indique, raconte la vie d’Adèle (interprétée par l’excellente Adèle Exarchopoulos), une jeune lycéenne sans problème. A 15 ans, Adèle ne se pose pas de question : une fille, ça sort avec des garçons. Mais sa vie bascule le jour où elle rencontre Emma (Léa Seydoux), une jeune femme aux cheveux bleus, qui lui fait découvrir le désir et lui permettra de s’affirmer en tant que femme et adulte. Face au regard des autres, Adèle grandit, se cherche, se perd, se trouve…

Que dire sur ce film si ce n’est qu’il s’en dégage une justesse assez incroyable qui en fait une des œuvres cinématographiques les plus bouleversantes de l’année. Par le biais du parcours de cette adolescente, Kechiche aborde une multitude de thèmes (le désir, l’amour, la sexualité, la reconnaissance sociale, l’oubli de soi, la solitude…) en y insufflant un maximum de vie. Du coup, les scènes parfois banales du quotidien débordent toutes d’émotion et s’enchaînent sans la moindre fausse note. Du débat entre lycéennes au repas de famille traditionnel, en passant par les premières manifestations du désir amoureux, les séquences ne manquent pas de naturel et se révèlent très souvent poignantes car elles détiennent une part de vérité capable de parler à n’importe qui. C’est en cela que La Vie d’Adèle est vraiment intéressant car plus qu’un film sur l’homosexualité féminine, il s’agit avant tout d’un film sur une histoire d’amour absolument renversante. A ce titre, les scènes de sexe qui ont tant fait parler d’elles pour leur longueur et leur côté très explicite trouvent totalement leur raison d’être puisqu’elles illustrent magnifiquement la passion dévorante qui unit les deux jeunes femmes. Et nul doute que le film n’aurait pas été le même sans elles car elles participent grandement au cheminement personnel d’Adèle.

Mais si le long-métrage est aussi abouti et prenant, c’est aussi et surtout grâce à l’actrice Adèle Exarchopoulos qui crève littéralement l’écran dans le rôle d’Adèle. L’empathie pour son personnage est presque immédiate et on suit avec attention le moindre de ses faits et gestes pendant près de 3 heures. Elle parvient à véhiculer une telle gamme d’émotions qu’on ressent avec force et précision les nombreux sentiments qui l’animent tout au long du récit. J’avais personnellement rarement vu ça, et encore moins chez une actrice aussi jeune (seulement 19 ans). A ses côtés, Léa Seydoux est forcément plus en retrait mais livre tout de même une performance tout à fait honorable. J’ai habituellement un peu de mal avec cette comédienne et pour le coup, je dois dire que je l’ai trouvée plutôt convaincante, bien aidée il est vrai par un scénario solide, un réalisateur impliqué et une bonne actrice à qui donner la réplique. Tout cela pour dire en finalité que les actrices sont à mon sens irréprochables et Kechiche n’y est certainement pas étranger puisque sa mise en scène au plus près des protagonistes les met parfaitement en valeur. Usant abondamment de gros plans, sa caméra épouse le corps des jeunes femmes avec une tendresse et une sensualité non dissimulée.

En définitive, La Vie d’Adèle – Chapitres 1 & 2 est donc bel et bien le chef d’œuvre annoncé ! Emmené par une extraordinaire Adèle Exarchopoulos, le film émeut autant qu’il ne bouleverse, et ne devrait du coup laisser personne indifférent. D’une incroyable justesse pendant près de 3 heures, il raconte une histoire d’amour aussi belle que tragique que je vous encourage vivement à découvrir.