Twister ou Blip.tv dans la tourmente

Publié le 11 octobre 2013 par Rhespel @princeofsky

Un autre concurrent de Youtube au tapis ? C’est un peu ce qu’on pourrait penser de l’évolution récente de Blip. Blip ? Oui, cette plateforme d’hébergement vidéo ne possède clairement pas la même renommée auprès du grand public que le poulain de Google. Et pour cause : le public n’a jamais été tout à fait le même, Blip s’adressant davantage aux professionnels. Pourtant, elle avait de nombreux avantages. Alors, que lui est-il arrivé ?

Petite précision avant toute chose : Blip n’en est pas encore tout à fait au stade de la fermeture. Au contraire d’un Yahoo Vidéos, la plateforme continue son activité, même si c’est en la réduisant drastiquement. Pour vous expliquer pourquoi, il faut revenir sur ce qu’est vraiment Blip.

Appelée à l’origine Blip.tv, cette plateforme d’hébergement de vidéos souhaitait devenir le meilleur site pour héberger, distribuer et monétiser ses vidéos lorsqu’on était un producteur indépendant de contenu de qualité. Là où Youtube permettait déjà à tous d’uploader une vidéo de son chat, Blip.tv voulait offrir une alternative aux blogueurs vidéos, aux podcasters et aux producteurs TV.

Je découvre le site en 2009 à l’occasion de la création de VivreAuCanada.tv. Je considère immédiatement cette solution pour héberger les vidéos de ma webTV. Au même moment, la plateforme connaît plusieurs changements esthétiques afin de rendre plus agréable le visionnage, avec le but de mettre en valeur ses contenus les plus populaires, notamment les webséries.

Mais pourquoi utiliser ce site plutôt que Youtube ? Blip propose un grand nombre d’options intéressantes. A l’époque, alors que Youtube impose encore une limitation de durée, Blip est beaucoup plus laxiste. En outre, on peut uploader plusieurs types de formats pour une même vidéo, selon qu’on souhaite qu’elle soit facilement lisible sur smartphone, TV intelligente, console de salon (XBox360)… Quel intérêt ? C’est ici que le rôle de distributeur de contenu prend tout son sens. Blip propose d’envoyer ses vidéos (sous réserve de validation) à des services comme Virgin Network, iTunes, Yahoo! Screen, AOL, Roku, TiVo et les télévisions Sony. Rien que la possibilité d’envoyer ses vidéos en tant que podcast directement sur iTunes est une killer feature. Pratique et simple comme bonjour.

Malheureusement, le conte de fée ne dure pas. La compagnie change de mains régulièrement, jusqu’à son rachat en 2013 par le network Maker Studios, connu pour créer du contenu lucratif pour Youtube. Entre temps, Blip modifie discrètement son fonctionnement pour qu’il ne soit plus aussi facile de s’inscrire sur le site. Un brin élististe, puisque les créateurs sont triés sur le volet. Il faut à présent soumettre son projet pour être accepté sur la plateforme.

Aujourd’hui, la façon de faire se fait plus radicale. Blip annonce à certains de ses utilisateurs que leurs comptes vont être supprimés, pour de bon. Ce faisant, Blip tourne officiellement le dos à une partie de ceux qui ont fait son succès, les Vloggers et les Podcasters, pour se réorienter sur les webséries de qualité. Quels sont ces critères de qualité ? Il se murmure déjà chez les mécontents qu’il s’agit plutôt de ne conserver que ce qui fait recette et de se débarrasser des autres, les petits qui encombrent les serveurs.

Alors qu’à mon sens, les épisodes de VivreAuCanada.tv ont assez bien marché (notamment grâce à la distribution sur iTunes), j’ai moi aussi reçu le message fatidique m’annonçant qu’il était préférable que je télécharge mes vidéos si je ne voulais pas les voir complètement disparaître. Je ne suis pas tout seul dans ce cas mais je me pensais à l’abri avec une websérie telle que celle-ci.

Essayer de s’adresser au support de Blip pour contester leur décision est inutile, puisque ne donne droit qu’à un simple message automatisé, preuve que les protestations doivent être nombreuses.

C’est donc bel et bien la mort de Blip.tv, au moins de la formule que nous connaissions. Le site ferme définitivement ses portes au grand public, mais aussi aux podcasters et vloggers, qui l’ont de toute façon un peu déserté ces derniers temps pour prendre place sur les bancs de Youtube. Reste l’opportunité aux créateurs de webséries de bonnes factures (et de langue anglaise a priori) de se servir encore des capacités de Blip. Je doute malheureusement que ça les intéresse vraiment…