La vie d'Adèle

Par Chezfab

Aller voir une palme d'or est toujours un drôle de choix tant la sélection de ce festival ne colle pas à la notion de bon cinéma bien souvent. Mais le film d'Abdellatif Kechiche a fait couler pas mal d'encre et je voulais me rendre compte par moi même de ce que cela donnait. 

Et en prime, c'est une adaptation libre d'une BD que j'ai adorée "Le bleu est une couleur chaude". 

Alors posons les points positifs tout de suite. Les deux actrices, Adèle Exarchopoulos (Adèle) et Léa Seydoux (Emma) crèvent l'écran et sont excellentes. La réalisation est bonne (même si le choix du gros plan permanent est vite agaçant, j'y reviens en dessous). La musique bien que peu présente est finement choisie quand elle est là. La lumière et la photographie sont bonnes. D'un point de vue technique, donc, le film mérite les honneurs.

Mais là où ça se gâte, c'est bien sur le fond. D'abord parce que le réalisateur fait le choix de ne pas suivre la dramaturgie de la BD. Pourquoi pas, me direz vous, et je suis d'accord qu'il n'est pas question quant on adapte quelque chose d'être littéral. Sauf que là ce n'est pas un choix simplement pour modifier l'histoire, mais bien un choix pour modifier le fond !

Ainsi, par ses gros plans permanents, Kechiche veut faire transparaître les sentiments. Ca marche parfois de façon excellente (scènes de l'homophobie crasse bien rendue par exemple). Ca tombe souvent à plat quand il filme la morve, la bouffe dans la bouche, les cernes, bref la vie. Sauf qu'on s'en fiche un peu, que c'est long et que ça n'apporte rien au récit. Juste une sorte de plaisir pervers de nous montrer à quel point il a su utiliser ses actrices... Et ben... Quant aux scènes de sexe, elles ne sont ni dérangeantes, ni choquantes, juste longues, inutilement longues, car elles sont trop mécaniques pour être belles. Le sexe pour Kéchiche, c'est mécanique, froid, pas sensuel. Ou bien est-ce sa vision du sexe entre femmes ? Je le crains, et c'est là que le machisme du réalisateur transpire le plus. 

Au delà de ça, niveau scénario, et bien on se retrouve devant les 4 premières saisons de The L Word, couple Tina et Beth... Même trame, mêmes scènes, voire mêmes dialogues parfois. Ca m'a sauté aux yeux assez vite. Et c'est donc là que sa recherche sur le "monde lesbien" à entraîner Kéchiche, à pomper la plus grande série lesbienne des années 2000. Sauf qu'en prime, c'est plat, et long dans le film. La scène d'engueulade est ridicule tant elle ne colle pas aux personnages plantés. Mais pour Kéchiche, une femme, surtout lesbienne, ça pleure, ça chouine ou ça gueule. La colère froide il connait pas, et comme il ne fait pas dans la subtilité depuis le début du film, là on tombe dans le grand guignol. Il aurait peut être dû parler aux militantes lilloises (là où se passe le film) au lieu de les envoyer paître ... 

Et que dire du fond du film ? Et bien juste qu'il est assez traditionaliste et réactionnaire. La valeur famille est mise en avant (d'ailleurs, ne voulant pas écorner la famille, Kéchiche vire délibérément le clash familial présent dans la BD). Car "quand on a une famille on est heureuse, alors on fait tout pour la préserver"... Et "avoir une famille c'est le bonheur". Ridicule. Et que dire des atermoiements d'Adèle, qui finira peut être avec le gentil cascadeur maghrébin du film dans le chapitre 3 et 4 (oui parce que ces 3 heures là c'est juste les 2 premiers chapitres) ? Ultime projection malsaine de Kéchiche ?

Au final, ce film n'est effectivement pas un film de lesbienne, ou sur les lesbiennes. Il est un miroir que se tend devant lui Kéchiche pour parler de lui. Donner sa vision de la société (bien pauvre en terme de pensée sur la notion de couple). Kéchiche pendant 3 heures nous parle de lui... Et comme il n'a pas grand chose à dire ...

Reste que pourquoi la palme d'or ? Et bien tout simplement parce que c'est un film dans l'air du temps : tout ce qui naît du désir doit être punis, tout ce qui est vrai c'est les valeurs. Et oui ...  Dans une période pudibonde et rétrograde, ce film ne pouvait qu'avoir la palme d'or ! 

Vous l'aurez compris : pour moi, il faut se faire un avis sur ce film en l'ayant vu, mais bonne chance ! 


LA VIE D'ADELE - Bande-annonce VF par CoteCine

Aller voir une palme d'or est toujours un drôle de choix tant la sélection de ce festival ne colle pas à la notion de bon cinéma bien souvent. Mais le film d'Abdellatif Kechiche a fait couler pas mal d'encre et je voulais me rendre compte par moi même de ce que cela donnait. 

Et en prime, c'est une adaptation libre d'une BD que j'ai adorée "Le bleu est une couleur chaude". 

Alors posons les points positifs tout de suite. Les deux actrices, Adèle Exarchopoulos (Adèle) et Léa Seydoux (Emma) crèvent l'écran et sont excellentes. La réalisation est bonne (même si le choix du gros plan permanent est vite agaçant, j'y reviens en dessous). La musique bien que peu présente est finement choisie quand elle est là. La lumière et la photographie sont bonnes. D'un point de vue technique, donc, le film mérite les honneurs.

Mais là où ça se gâte, c'est bien sur le fond. D'abord parce que le réalisateur fait le choix de ne pas suivre la dramaturgie de la BD. Pourquoi pas, me direz vous, et je suis d'accord qu'il n'est pas question quant on adapte quelque chose d'être littéral. Sauf que là ce n'est pas un choix simplement pour modifier l'histoire, mais bien un choix pour modifier le fond !

Ainsi, par ses gros plans permanents, Kechiche veut faire transparaître les sentiments. Ca marche parfois de façon excellente (scènes de l'homophobie crasse bien rendue par exemple). Ca tombe souvent à plat quand il filme la morve, la bouffe dans la bouche, les cernes, bref la vie. Sauf qu'on s'en fiche un peu, que c'est long et que ça n'apporte rien au récit. Juste une sorte de plaisir pervers de nous montrer à quel point il a su utiliser ses actrices... Et ben... Quant aux scènes de sexe, elles ne sont ni dérangeantes, ni choquantes, juste longues, inutilement longues, car elles sont trop mécaniques pour être belles. Le sexe pour Kéchiche, c'est mécanique, froid, pas sensuel. Ou bien est-ce sa vision du sexe entre femmes ? Je le crains, et c'est là que le machisme du réalisateur transpire le plus. 

Au delà de ça, niveau scénario, et bien on se retrouve devant les 4 premières saisons de The L Word, couple Tina et Beth... Même trame, mêmes scènes, voire mêmes dialogues parfois. Ca m'a sauté aux yeux assez vite. Et c'est donc là que sa recherche sur le "monde lesbien" à entraîner Kéchiche, à pomper la plus grande série lesbienne des années 2000. Sauf qu'en prime, c'est plat, et long dans le film. La scène d'engueulade est ridicule tant elle ne colle pas aux personnages plantés. Mais pour Kéchiche, une femme, surtout lesbienne, ça pleure, ça chouine ou ça gueule. La colère froide il connait pas, et comme il ne fait pas dans la subtilité depuis le début du film, là on tombe dans le grand guignol. Il aurait peut être dû parler aux militantes lilloises (là où se passe le film) au lieu de les envoyer paître ... 

Et que dire du fond du film ? Et bien juste qu'il est assez traditionaliste et réactionnaire. La valeur famille est mise en avant (d'ailleurs, ne voulant pas écorner la famille, Kéchiche vire délibérément le clash familial présent dans la BD). Car "quand on a une famille on est heureuse, alors on fait tout pour la préserver"... Et "avoir une famille c'est le bonheur". Ridicule. Et que dire des atermoiements d'Adèle, qui finira peut être avec le gentil cascadeur maghrébin du film dans le chapitre 3 et 4 (oui parce que ces 3 heures là c'est juste les 2 premiers chapitres) ? Ultime projection malsaine de Kéchiche ?

Au final, ce film n'est effectivement pas un film de lesbienne, ou sur les lesbiennes. Il est un miroir que se tend devant lui Kéchiche pour parler de lui. Donner sa vision de la société (bien pauvre en terme de pensée sur la notion de couple). Kéchiche pendant 3 heures nous parle de lui... Et comme il n'a pas grand chose à dire ...

Reste que pourquoi la palme d'or ? Et bien tout simplement parce que c'est un film dans l'air du temps : tout ce qui naît du désir doit être punis, tout ce qui est vrai c'est les valeurs. Et oui ...  Dans une période pudibonde et rétrograde, ce film ne pouvait qu'avoir la palme d'or ! 

Vous l'aurez compris : pour moi, il faut se faire un avis sur ce film en l'ayant vu, mais bonne chance ! 


LA VIE D'ADELE - Bande-annonce VF par CoteCine