Au Saint-Georges, Pierre Palmade en grande forme...

Publié le 16 octobre 2013 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

Six ans après le succès du "Comique", pièce en partie autobiographique et pleine d'autodérision qu'il joua aux côtés de sa troupe, l'humoriste récidive avec une (fausse) suite intitulée "Le Fils du Comique" dans laquelle il évoque, toujours à travers ce personnage "miroir" de Pierre Mazar, auteur dramatique homosexuel, ses envies de paternité. Cela donne une comédie douce-amère, assez subtile, sensible, aboutie, qui vire à l'absurde le plus délirant et le plus réjouissant dans sa seconde partie. Soit un divertissement de fort belle facture impeccablement orchestré par Agnès Boury.

Pierre ressent donc le besoin de procréer. Sous le regard approbateur de son conjoint Benjamin, pourtant davantage favorable à l'adoption, il a scellé depuis quelques temps un accord avec sa meilleure amie Sylvie afin qu'elle devienne la mère de son enfant. Mais voilà qu'un soir Pierre tombe sous le charme d'Isabelle, comédienne qu'il vient d'embaucher, et lui fait la même proposition. Un dîner à quatre devra départager les deux candidates... 

Le désir d'enfant chez l'homo constitue le sujet principal du spectacle, mais Palmade traite également avec légèreté et intelligence de l'acceptation de soi, du couple, de l'amitié. Dresse une peinture de lui-même, de la célébrité, du show biz, aussi mordante et acide qu'hilarante. La pièce va crescendo, prend le temps de poser, développer, étoffer situations et personnages, nous offre des dialogues ciselés, des répliques uppercuts, rarement faciles, qui tombent toutes les quinze secondes deux heures durant. L'ouvrage se révèle d'une imparable efficacité et s'achève en véritable feu d'artifice avec ce duel féminin improbable (le dîner) au cours duquel les hommes comptent les points. L'auteur ne fut pas toujours si inspiré. Il nous en voit ravis.

S'il excelle dans le premier rôle qu'il s'est écrit et offert, ses partenaires font aussi honneur à leur partition. Anne Elisabeth Blateau, fidèle parmi les fidèles, campe une Sylvie irrésistible. Sa gouaille, sa fragilité et son charme rendent ce personnage d'inspecteur de police, pas très à l'aise en robe de soirée et talons aiguilles, éminemment attachant. Camille Cottin n'est pas en reste. En vamp carriériste, sans scrupule, aux idées bien arrêtées, elle fait des merveilles. Nous fûmes en revanche moins convaincus par la prestation de Benjamin Gauthier qui, en mari ultra maniéré du comique, dévoile un jeu chargé d'une énergie appréciable mais souvent maladroit. Guillaume Clérice, enfin, met son talent certain au service d'un rôle plus accessoire.

N'hésitez pas !

Jusqu'au 18 janvier.

Photo : DR