Congrès américain : heureux dénouement

Publié le 17 octobre 2013 par Copeau @Contrepoints
Publié Par Nicolas Nilsen, le 17 octobre 2013 dans Amérique du Nord

Quel est le rapport entre Obama, le Gorgias de Platon et la barbe à papa ?

Par Nicolas Nilsen.

Ce qui est cool avec la propagande gouvernementale, c’est justement qu’elle est terriblement efficace et rassurante : gentiment sucrée et rose bonbon en plus, donc tout pour plaire ! Là, par exemple, on vient d’apprendre que le plafond de la dette allait être relevé aux États-Unis. Les gens sont apaisés et heureux : ouf général de soulagement ! Soulagement indigne évidemment car on ne remet rien en cause, on va pouvoir continuer comme avant et surtout — surtout ne rien changer à ce qui nous menait droit dans le mur !

Je ne sais pas si vous avez lu le Gorgias de Platon, mais il explique très bien ce problème de la rhétorique séduisante (pensez “Porte-parole du gouvernement ici), qui permet à la parole sucrée de persuader d’emberlificoter les gens en leur faisant passer des vessies pour des lanternes. Dire la vérité, c’est évidemment autre chose que chercher simplement à flatter et à séduire les opinions publiques !

Socrate dénonce cette pratique des sophistes de manipuler de l’opinion en ne cherchant pas à apporter la Vérité ou le savoir rationnel mais à répandre un discours creux (des « éléments de langages » ministériels), une apparence de cohérence, sans bases solides, qui fausse finalement le jugement des citoyens.

Rechercher le Bien et la Vérité n’est évidemment pas la préoccupation des gens qui nous gouvernent. Sinon ça se saurait et ils ne seraient pas méprisés à ce point et aussi bas dans les sondages. Mais ce qui est terrible, c’est qu’on pourrait attendre d’eux que, sur certains sujets gravissimes au moins, ils essayent de rechercher un peu de vérité. Mais non, ils continuent à mentir honteusement, comme par exemple sur cette bombe à retardement qu’ils ont allumée dans notre dos : la dette !

Là c’est à propos d’Obama, du shutdown américain et du relèvement du plafond de la dette (qui va permettre de continuer à emprunter pour continuer de dépenser). Mais quand je dis Obama, en fait, je parle de tous les dirigeants des démocraties occidentales qui continuent de penser que les peuples sont des enfants, qu’il ne faut donc pas leur dire la vérité, que le su-sucre c’est trop bon pour eux, et qu’il faut donc continuer à distribuer des promesses et des mensonges aux électeurs. Sinon ils pourraient pleurer et ce n’est pas bon pour la cote de popularité du gouvernement.

Donc donnons-leur de la barbe-à-papa et surtout qu’ils ne pleurent pas ! Ne leur disons pas la vérité sur ce qui sert à financer les friandises roses et sucrées : la dette. Et continuons à dépenser, à subventionner… Politique honteuse de mise du pays en soins palliatifs. Ces derniers jours, je les entendais discuter du FN (à cause de Brignolles j’imagine parce que ça donne un petit frisson aux élites parisiennes qui se réveillent et n’ont toujours rien compris) mais le vrai problème (c’est marrant qu’il faille passer son temps à le dire) ce n’est pas le FN ou la colère qui monte, mais le divorce entre le discours et la réalité. Et c’est là, précisément, qu’il faudrait lire le Gorgias de Platon.

Entre un médecin qui dit que le sucre est très mauvais pour la santé, et un pâtissier qui leur propose de la barbe à papa si délicieusement rose, qui est, d’après vous, celui qui dit la vérité pour la santé des enfants ? Le médecin ou le pâtissier ? Najat-Belkacem ou Didier Migaud ?

Socrate :
— … si le cuisinier et le médecin devaient disputer devant des enfants (ou devant des hommes aussi peu raisonnables que les enfants), qui connaît le mieux — du médecin ou du cuisinier — les aliments sains et les mauvais, le médecin n’aurait qu’à mourir de faim. Voilà donc ce que j’appelle flatterie et je soutiens qu’une telle pratique est laide, Polos, car elle vise à l’agréable et néglige le Bien. Ainsi donc, je le répète : la flatterie culinaire s’est glissée sous la médecine, chose malfaisante, décevante, basse. Indigne d’un homme libre, qui emploie pour séduire…
Polos
— Que dis-tu donc ? Tu prétends que la rhétorique est flatterie ?
Socrate
— J’ai dit seulement : une partie de la flatterie…

Tenez, vous pouvez le lire pour 5 euros !


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