Se moquer de la spéculation est-il donné à tout le monde ?

Publié le 20 octobre 2013 par Aude Mathey @Culturecomblog

Ce mois d’octobre est marqué par la résidence de Banksy, l’artiste britannique de street art, à New York ainsi que ces différents happenings. L’artiste est connu, comme nombre de graffeurs plus anonymes eux, pour ses prises de positions contre la spéculation et la définition d’une oeuvre d’art par les maisons de vente. Cependant, malgré plusieurs mois de spéculation sur ces oeuvres et le déclenchement d’une guerre des murs, selon Marc Roche du journal Le Monde, on commençait à se demander ce que manigançait l’artiste au pochoir ou s’il n’avait pas été conquis par les records successifs que déclenchaient ses ventes.

Depuis le début du mois donc, l’artiste a décidé de se rendre à New York en « résidence » et de créer un happening différent chaque semaine.
Des pochoirs sur les murs de la ville, rapidement effacé par d’autres graffes – il semblerait que ses collègues apprécient peu sa position sur le marché – ou tout simplement par les services de propreté de la ville.

Banksy - Let Them Eat Crack - DR

Banksy - The Heart of New York - DR

Même oeuvre, repeinte - DR

Banksy - You complete me - DR

Le mouvement de l’artiste monte crescendo en début de semaine avec une vente improvisée de ses oeuvres sur un des trottoirs de New York à l’approche de Central Park. Peu de passants s’arrêtent, pensant qu’il s’agit de reproductions, ou, ne reconnaissant pas le travail de l’artiste.

Une façon détournée de mettre le doigt là où ça fait mal. Sans intermédiaire pour juger de la valeur du travail d’un artiste, celui-ci au regard du grand public ne serait donc rien ? Ou alors est-ce la valeur du street-art est complètement surfaite ? L’art urbain, né dans les années 60, est en effet un mouvement qui crée un lien direct avec son public. Du fait de sa présence dans des lieux de passage, l’artiste s’exprime directement et n’a pas besoin d’intermédiaire pour juger de son art et interpréter son travail. Cet art se rapproche donc d’une tendance ultralibéraliste qui souvent critique la société consumériste, comme d’ailleurs les dernières installations de Banksy :

Sirens of the lambs (en référence au Silence des Agneaux) met en scène des animaux en peluche emmenés à l’abattoir dans une cacophonie de cris… et de larmes d’enfants, apeurés par le passage du camion dans les rues de la ville.

Ou encore l’installation d’un (vrai) cireur de chaussures en guenilles qui s’occupe de Ronald, effigie de McDonald:

Soucieux que le grand public comprenne son message, l’artiste propose, comme les musées – intermédiaires du monde culturel, des audioguides depuis son site. Il va même jusqu’à installer des galeries éphémères et offrir des rafraîchissements.

West 24th street - October 18th - © banksy.co.uk

Cependant, peut-on affirmer que ce sont ses propose rebelles qui l’ont fait connaître ou tout simplement le marché de l’art, dont l’artiste dénonce la spéculation, qui lui a donné son importance actuelle ?

Aujourd’hui, à part Banksy, Daniel Buren (depuis devenu l’artiste que les pouvoirs publics commanditent pour le 1% réservé à l’art dans le cadre d’un projet de construction ou de rénovation), Invaders et Miss.Tic, qui se rappelle des Musulmans fumants, Mosko et associés ou d’Ernest Pignon-Ernest ?