Expo Micromega: l'Atlas de Gerhard Richter au Kunstbau à Munich

Publié le 22 octobre 2013 par Luc-Henri Roger @munichandco

Gerhard Richter, Atlas, Planche 3


Au début des années 1960 , Gerhard Richter commence à rassembler pour son Atlas des milliers de photographies , des coupures de journaux , des croquis et des collages, qu'il groupe selon des critères formels et de contenu . Il procède par regroupement de blocs d'images. Certains motifs ont servi de sources pour ses peintures et d'autres œuvres , mais beaucoup sont aussi restés à l'état d'idées latentes.  D'autres panneaux permettent de percevoir comment Richter, dans des esquisses et des collages créés à partir de 1971 conçoit des espaces visionnaires qui vont croître virtuellement au-delà de toute mesureCes projets montrent que l'intérêt de l'artiste dépasse la peinture individuelle pour se diriger vers des dessins tridimensionnels visionnaires et le positionnement des images dans l'espace. Le visiteur de l'exposition, en examinant l'Atlas, se trouve entraîné à comprendre et à réfléchir sur le processus créatif de l'artiste, il se trouve au coeur de la genèse de l'oeuvre d'un des plus grands artistes allemands contemporains. Il y percevra l'aspect systématique, méticuleux et méthodique du travail de l'artiste, avec un tel souci de la perfection dans la présentation des blocs de vignette qu'il peut sembler relever d'une forme d'excès: l'exubérance des milliers d'images présentées est contenue, complètement maîtrisée et parfaitement canalisée par la méticulosité formelle de leur ordonnancement.

Gerhard Richter, Atlas, Planche 9


L'Atlas est divisé en sections regroupées autour de motifs richement variés. Depuis les années 1970 , les panneaux de l'Atlas ont été exposés à plusieurs reprises: Richter les a personnellement arrangés dans des formats muraux aux formes adaptées à la situation architecturale donnée. Ainsi, les photographies sont-elles regroupées selon des motifs variés: des nuages, des ciels, des villes, des paysages, des montagnes, la famille, l'holocauste, et d'autres encore.
Le titre MICROMEGA (du grec petit/grand) est destiné à exprimer cet aspect remarquable de l'Atlas: chacun de ces panneaux constitue en soi une oeuvre d'art, comme autrefois chacun des croquis ou des dessins d'un carnet de croquis d'un peintre pouvait être aussi considéré comme une oeuvre d'art, et à la fois la préparation d'un plus grand format. L'intitulé de l'exposition MICROMEGA se réfère à  au conte éponyme de Voltaire Micromégas, un conte philosophique publié en 1752, qui spécule sur les dimensions relatives de la réalité. On se retrouve ici à un moment clé de la gestation des oeuvres de Richter: on perçoit le génie créateur en action dans l'agencement très ordonné du foisonnement des impressions visuelles qu'il a décidé de capter par la photographie ou le dessin, par les choix du collage. Les petits formats deviennent de grands ensembles ordonnés, et certains d'entre eux serviront à la conception d'oeuvres de grand ou de très grand format.
L'exposition se concentre sur des visions de l'espace que Gerhard Richter articule dans les planches de son ATLAS . Certaines d'entre elles, comme les groupes de travaux sur les Jeux olympiques de 1972 , ceux consacrés au Reichstag(1997) ou encore les vitraux de Cathédrale(2006) n'ont jamais été présentés au public . Ils illustrent les stratégies artistiques que Richter emploie pour se frayer un chemin jusqu'à des dimensions parfois énormes. Une technique non moins importante est le transfert de ses créations dans d'autres médias qui échappent à la saisie immédiate du peintre : ainsi des tapisseries jacquard et des collages de bandes de couleur ou encore une grande sculpture composée de dix panneaux de verre. Plusieurs modèles, également exposés pour la première fois, permettent de visualiser les projets de Richter pour des sculptures de plaques de verres. D'autres modèles suggèrent les visions de l'artiste pour les espaces d'exposition.
La Lenbachhaus a pu acquérir l'ATLAS en 1996, il comportait alors 583 panneaux. Il n'a cessé de croître au cours des années écoulées et en comporte désormais 783. Avec le dernier ajout de 16 plaques, Richter vient de compléter l' ATLAS.
Cette exposition est la centième exposition des oeuvres de Gerhard Richter pour la seule ville de Munich.
Jusqu'au 9 février au Kunstbau de la Lenbachhaus à Munich.