Exercer sa citoyenneté par la vie culturelle

Publié le 24 octobre 2013 par Rolandlabregere

La formation à la citoyenneté s’incarne dans les racines de la République. Le 18ème siècle humaniste a attribué cette mission à l’Ecole qui s’en acquitte, avec plus ou moins de bonheur, depuis l’instauration des lois républicaines de la seconde moitié du 19ème siècle. Ce qui est traditionnellement attendu de cette éducation fondamentale  est la formation à l’esprit critique comme donnée première de l’exercice raisonné de la citoyenneté d’un individu. L’Ecole partage aujourd’hui cette transmission avec d’autres institutions. C’est pour le philosophe Luc Boltanski, la condition première pour que le citoyen participe authentiquement à la vie publique. L’esprit critique est en quelque sorte l’énergie qui donne au citoyen la capacité d’y intervenir. « L’esprit critique doit être réhabilité dans le débat public comme dans la vie ordinaire » (Entretien, Le Monde, 12 juillet 2012). La culture est une dimension essentielle de cette vie citoyenne. L’Education populaire s’est construite au sortir de la Seconde guerre mondiale avec des missions de diffusion et de pratiques culturelles. Ce mouvement d’émancipation est dû à la volonté généreuse du Conseil National de la Résistance de porter un idéal où l’art et la culture sont faits pour tous et par tous car ils appellent la part de créativité de chacun.

Pour la promotion de la Tétralogie dans sa continuité pour célébrer le bicentenaire de la naissance de Richard Wagner, l’Opéra de Dijon se range sous les auspices de la loi d'orientation relative à la lutte contre les exclusions ( 29 juillet 1998). La possibilité de voir une mise en scène de grande ampleur de cette œuvre majeure est rare. Une communication ad hoc a été conçue pour promouvoir l’événement. Elle met l’accent sur la dimension exceptionnelle de la représentation par la mobilisation de nombreux superlatifs. La communication explique que l’Opéra de Dijon « relève le défi », « vous fait vivre l’épopée scénique et musicale la plus extraordinaire de tous les temps ». L'événement est  un « moment exceptionnel », la partition  est « accessible à tous sans rien sacrifier de sa splendeur vocale et orchestrale » et « l’effectif orchestral – 80 à 100 musiciens en fosse selon les œuvres ». « C’est donc un véritable  Festival   de trois cycles… ».  http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexteArticle.do;jsessionid=6F7EF03B86D1C0DAA07C656250BD31F1.tpdjo04v_1?idArticle=LEGIARTI000006658040&cidTexte=LEGITEXT000005626296&dateTexte=20131018  

La communauté des citoyens comme le rappelle Dominique Schnapper (La communauté des citoyens, p.15) est constituée « d’individus  historiques» qui partagent « une même langue, une même culture, une même mémoire historique, une même façon de comprendre le monde et d’agir ensemble ». « Communauté » est aujourd’hui un terme d’un maniement délicat tant il est travaillé par des formes polysémiques en tension : les communautés virtuelles du Web d’un côté et les tentations des communautarismes d’un autre côté. Les usages politiciens ou démagogiques de communauté ne se comptent plus. En ce qui concerne le théâtre et plus largement les arts de la scène, et donc l’opéra, la communauté rassemble d’une manière universelle. Le metteur en scène Peter Brook parle de la communauté aléatoire de ceux qui se retrouvent dans une salle de théâtre ou de concert afin de partager un geste artistique. Cette communauté temporaire ouvre à des expériences qui se transfèrent dans la vie sociale.

Le ticket d'entrée dans la communauté des spectateurs qui souhaitent réaliser l'exercice effectif de la citoyenneté et l'égal accès de tous, tout au long de la vie, à la culture par la fréquentation de l’Opéra de Dijon est à plusieurs niveaux. Le tarif Festival pour le Ring est de 22 € à 150 € et le tarif à la journée est de 11 € à 92 €. Y aller avec toute la tribu ?