Belfond nous propose que du bon!!

Par Filou49 @blog_bazart
25 octobre 2013

Je n'ai pas pour habitude de faire de la pub à une maison d'édition en particulier, mais j'avoue que dernièrement j'ai été particulièrement gâté par l'une d'entre elles qui m'a fait parvenir énormément de leurs dernières parutions, et si j'aimais déjà particulièrement cette  société éditrice avant d'être blogueur, je dois dire que depuis que j'ai accentué singulièrement mon rythme de lectures, je suis encore plus fan de Belfond, puisque c'est d'eux qui s'agit, et notamment de leur partie consacrée à la littérature étrangère.

Et si je suis loin d'être venu à bout de leur foisonnante production de 2013, grâce à Michel, qui m'a aidé pour le premier, nous avons pu vérifier de la très grande qualité littéraire de la boite. La preuve en ces deux -rapides mais élogieuses- chroniques :

1.En même temps, toute la terre et tout le ciel;    Ruth Ozeki


Ruth Ozeki

Une boite à goûter étanche « Hello Kitty » rejetée sur la plage d’une petite ile de Colombie Britannique, à l’intérieur une vieille montre bracelet, une petite pile de lettres manuscrites  et le journal intime d’une collégienne japonaise dissimulé dans une fausse édition de  « A la recherche du temps perdu ». Cette trouvaille va changer la vie d’un couple de bobos américains : Ruth écrivaine en panne et Oliver son mari artiste plasticien  «  sylvestre ».

En même temps que Ruth, nous faisons connaissance de Nao jeune fille de 16 ans, sadisée par ses  camarades de classe, et de sa famille, un père informaticien génial mais dépressif ,il n’a pas accepté que ses découvertes puissent être utilisées par l’armée, une mère dépassée,  une arrière grand-mère nonne zen, seule personne ressource pour l’adolescente en perte de repère  et le fantôme bienveillant d’un grand oncle ,brillant philosophe, devenu malgré lui un soldat kamikaze pendant la seconde guerre mondiale .

Le journal de Nao devient un vrai document sur la vie à Tokyo aujourd’hui, contrastant formidablement avec l’existence ralentie des habitants de la petite ile canadienne où rien n’arrive jamais, à part peut être des déchets rejetés sur la plage….

Récit  à deux voix, à cheval sur deux continents, Ruth Ozeki  née d’un père américain et d’une mère japonaise embrasse l’histoire du japon, ses mythes, ses légendes, sa réalité et nous livre un formidable roman philosophique, politique, profond et simple à la fois.

2.Misericordia; Jack Wolf

 Ce roman là, Belfond me l'a envoyé il y a plusieurs mois déjà et il est resté longtemps sur ma table de chevet, un peu effrayé que j'étais par les 500 pages de ce pavé terriblement ambitieux, qui d'après le 4ème de couverture, convoquait à la fois le récit historique, le conte gothique et d'épouvante, le roman amoureux, de la fable philosophique, et d'autres encore.  Pour un premier roman, voilà qui tient de l'ambition, voire de la démesure. Et de la démesure, l'auteur, Jack Wolf semble en possèder allégrement.  Transexuel ( ancienne femme devenue homme après plusieurs opérations) , père de deux enfants, écrivain et professeur passionné par la littérature du XVIIIème siècle, son Misericordia semble effectivement provenir de trois sicèles en arrière, tant ce genre de roman, foisonnant, baroque, et même parfois barré, n' a pas grand chose en commun avec un roman d'aujourd'hui.

Misericordia est un Objet Littéraire Non Identifié, et c'est cette singularité qui en fait son charme, même s'il faut parfois avoir le coeur ( et les tripes ) bien accrochées pour suivre certains passages, bien gores et à la limite de l'insoutenable.


Jack Wolf

il faut dire que son héros Tristan Hart est bien torturé et victime de tourments intérieurs assez intenses : Compulsif et sujet aux hallucinations un peu étranges, il a 20 ans quand il quitte sa campagne du Berkshire et son ami d'enfance Nathaniel pour rejoindre Londres et l'enseignement du prestigieux Dr William Hunter.  Etudiant surdoué, obsédé par la relation entre le corps et l'âme, son ambition de chirurgien est de soulager la souffrance, en ces temps de science balbutiante ( nous sommes en 1760).

Mais,  dans  l'intimité de son cabinet, il se rend compte qu'il apprécie particulièrement disséquer les cadavres et entre deux vivisections torture aussi des femmes pour jouir de leurs cris de douleur et  découvre ainsi  le plaisir extrême qu'il prend à infliger la douleur. Ce plaisir malsain à infliger la douleur, forcément on peut avoir quelques difficultés à la comprendre, mais c'est le grand talent de Wolf de réussir à rendre passionnant les pensées intimes de cet être particulièrement malaisant et qu'une rencontre amoureuse va entrainer sur une relation bien particulière... Enfin, je n'en dis pas plus, pour ne pas g$acher le plaisir de ce roman foisonnant, lyrique, qui plonge parfois certes dans le grotesque, mais qui arrive toujours à se rattraper aux branches, grâce au talent de narration de l'auteur, à son sens du rythme et des rebondissements. Une expérience un peu extrême et un peu roborative,  mais qui vaut largement la peine d'être tentée, tant trop souvent la littérature nous laisse sur notre faim !!