Nuno Júdice – En prononçant le poème (2011)

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Ce poème pourrait ne pas avoir de  début
ni de fin, sortir des arbustes
du printemps comme l’oiseau de ce soir,
et voler de la terre au ciel dans la ligne du vers,
vers le destin que nous ne voyons pas. Il pourrait aussi
courir comme l’eau d’un fleuve,
et montrer sa transparence dans les
paroles que le temps a endurcies. Mais
le poème a la même durée qu’un homme,
et son cœur bat en même temps qu’il l’anime
du souffle d’une vie. Après, je le prononce
doucement, et il s’entend comme une voix
qui passe par chaque syllabe, en m’expliquant
la vérité qui l’habite. Mais,
dans le silence qui surgit par la suite,
le poème me dit ce que je ne saurai jamais
dans l’intervalle du temps où je le prononce.

***

Nuno Júdice (né en 1949)Le mystère de la beauté (2011) – Traduction de Lucie Bilal et Yves Humann en collaboration avec l’auteur