G.a.l.

Par Rob Gordon
Après Patriiiick Bruel dans El lobo, c'est à José Garcia d'aller tourner en Espagne avec Miguel Courtois, pour un film réarrangeant à la manière d'un polar des évènements qui ont meurtri le pays tout au long des années 80. Oeuvre militante, G.A.L. dénonce la bêtise qui poussa certains hauts dirigeants politiques à faire subir la loi du talion aux membres de l'ETA, en allant fusiller ou faire exploser les terroristes présumés. « On n'arrêtera de les tuer les gens de l'ETA que lorsqu'ils auront arrêté de nous tuer », entend-on de la bouche même d'un ministre espagnol. Un constat édifiant de la mauvaise gestion d'une crise qui n'a fait que renforcer les tensions et les méfiances.
En choisissant l'option de l'enquête journalistique pour exposer des faits étirés sur une quinzaine d'années, Courtois livre un petit polar sec et plutôt cohérent, qui fait évidemment penser aux Hommes du président, le monument d'Alan J. Pakula. Au petit jeu des comparaisons, il va sans dire que G.A.L. sort perdant. On ne se passionne jamais vraiment pour cette affaire, et les deux personnages de journalistes restent assez lisses malgré l'excellent duo Natalia Verbeke - José Garcia. Ce dernier prouve une nouvelle fois qu'il a totalement sa place dans des films dits "sérieux".
C'est en fait lorsque le personnage de Jordi Mollà prend davantage d'importance que le film se fait plus agréable. Cet Ariza, politicard véreux et excessif (du genre à faire passer Berlusconi pour le mime Marceau), est sans conteste la grande réussite de G.A.L., donnant au film un petit côté grand guignol assez inattendu mais très rafraîchissant, bonne alternative à la lourdeur du sujet. Reste que Courtois passe un peu à côté de la principale question qu'aurait dû soulever le film, c'est-à-dire comment combattre des terroristes sans tomber aussi bas qu'eux. À peine effleurée, cette interrogation contribue à faire de G.A.L. un film un peu frustrant, qu'on aurait voulu moins pédagogique et plus rentre-dedans.
5/10
(également publié sur Écran Large)