Ils ont des chapeaux ronds… Avis de tempête sur la Bretagne

Publié le 28 octobre 2013 par Copeau @Contrepoints
Opinion

Ils ont des chapeaux ronds… Avis de tempête sur la Bretagne

Publié Par Baptiste Créteur, le 28 octobre 2013 dans Agriculture, Fiscalité

La révolte des Bretons contre la rage fiscale du gouvernement pourrait bien se révéler lourde de conséquences.

Par Baptiste Créteur.

Les Bretons se révoltent contre la rage fiscale du gouvernement. Une gronde qui commence par quelques portiques écotaxes, mais pourrait bien se révéler lourde de conséquences.

Car la contestation ne révèle pas seulement l’opposition à cette taxe débile, mais aussi la capacité des Français (ou au moins d’une partie d’entre eux) à se dresser contre un impôt, à se dresser contre les taxes.

Évidemment, on trouvera toujours d’ardents défenseurs de la puissance publique, comme Pascal Riché qui a tout intérêt à ce que l’État continue à subventionner son site Rue89 et considère donc que Hollande doit tenir bon, que taxer les transports est fondamentalement bon et que l’État fait bien assez pour les Bretons. N’hésitant pas d’ailleurs à dénoncer un modèle de développement agricole dont l’État a été le principal artisan, dans son habituelle clairvoyance.

L’ami Pascal révèle son incompréhension totale de l’objet réel de la contestation – ni clairement identifié, ni clairement formulé aujourd’hui même par les contestataires : il ne s’agit pas de recevoir plus de l’État et lui donner moins, mais bien de faire reculer l’État. Pas seulement les impôts, pas seulement ce qu’il prélève, mais toute son influence et son emprise sur nos vies.

Le mouvement des agriculteurs bretons n’est pas le premier mouvement du genre ces derniers mois ; Contrepoints a réuni certains d’entre eux lors d’une conférence dont l’objet était « Révoltes : jusqu’où iront-elles ? » Mais que les agriculteurs soient prêts à en découdre avec les forces de l’ordre est un nouveau cap franchi.

Quand les artisans et PME font la grève des cotisations, quand de nombreux Français quittent la Sécurité Sociale, quand ils s’expatrient, ils touchent au portefeuille de l’État, et le gouvernement prend peur – au point d’appeler personnellement des responsables de ces mouvements, de les recevoir rapidement et de leur faire des promesses pas tenues.

Mais le gouvernement s’attaque, avec les agriculteurs, à une population qui d’une part est concentrée et localisée, d’autre part conserve une forte idée de l’indépendance. Une population qui a du mal à comprendre l’acharnement gouvernemental contre une pollution certes nuisible mais générée par un modèle de développement que l’État a privilégié, qui a du mal à concevoir que l’État ait voulu s’immiscer dans les exploitations pour aujourd’hui mettre en place les conditions de leur faillite. Quand l’ami Riché parle de 4% du prix final soit un centime pour un camembert, il faut comprendre qu’il s’agit bien de 4% du prix final, soit 4% de marge en moins – pour des taux de marge qui ne sont pas toujours au-dessus de 4% à l’origine.

Et l’éveil des Français au matraquage fiscal commence à peine. Qu’ils choisissent de ne pas payer, de manifester ou de se révolter a peu d’importance ; mais qu’ils prennent conscience de ce que l’État leur prend est plus qu’encourageant pour l’avenir de la liberté.

L’État coûte cher – en impôt et cotisations, certes, mais surtout en énergie et en temps. D’innombrables ministres, députés, sénateurs, mais aussi maires, fonctionnaires, agents territoriaux, ainsi que tous les braves agitateurs et les médias subventionnés vivent du travail des autres ; leurs lois et règlements tantôt inutiles, tantôt destructeurs le rendent de surcroît plus compliqué.

Certes, il ne sera pas simple de faire société après des décennies d’État-maman, d’État-nounou et d’État-soeur. Mais j’ai du mal à croire que des Français capables de se dresser contre des CRS entraînés, de s’unir en quelques heures en ligne autour d’intérêts communs, ne seront pas capables d’aider leur voisin et gérer leurs vies.

Liberté (nom) : Ne rien demander. Ne rien attendre. Ne dépendre de rien. (Ayn Rand)

Français, reprenez vos vies. Et aux Bretons, chapeau bas.

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