Bars en trans 2013 | carnet de soirée(s)

Publié le 30 octobre 2013 par Acrossthedays @AcrossTheDays

Les Transmusicales, c’est un peu un cadeau avant Noël. Cette période froide, pour beaucoup synonyme d’examens, de grippes et autres brumes matinales, méritait son lot de consolation. Et il se trouve à Rennes, réconfortant les Bretons, réchauffant les oreilles de sa musique depuis une trentaine d’années maintenant. Le 5, 6 et 7 décembre prochain, une nouvelle fois encore la ville bretonne s’accordera au rythme des soirées, des concerts, pour trois jours de découvertes musicales. Un beau cadeau.

L’erreur serait (et elle est trop souvent faite) d’accorder sa valeur aux Trans seulement par son parc des expositions. Mais heureusement, le festival ne se constitue pas seulement de ces trois grandes nuits, repère préféré de ceux qui veulent se retourner la tête en écoutant de la bonne musique. Non, les Trans ne se limitent pas aux Transmusicales. Les Trans, c’est aussi Bars en Trans, le plus riche des festivals off. C’est un amour de la musique, un amour de la découverte. C’est offrir à ceux qui sont prêts à l’accepter des nouveaux artistes, des têtes qui montent, des retours, des renouveaux. Présenter le temps de quelques jours des jeunes, des vieux, du rock à la pop, de la techno au hip-hop. Redécouvrir sa propre ville grâce aux Bars en Trans. Et cette année encore, c’est une programmation dense et éclectique qui nous est proposée. Mais alors, on va où ?

JEUDI SOIR, JE ME PRÉPARE…

Et je pars écouter du Maloya au 1988 Live Club (nouveau venu dans la longue liste des bars partenaires de l’association). Cette musique d’origine réunionnaise, un peu inconnue par chez nous, est mise à l’honneur pour une soirée sous le thème de l’île de la Réunion. Et vu ce que l’on a prévu de se prendre dans les oreilles dans les jours qui vont venir, autant commencer doucement. Une petite préparation. Des guitares acoustiques, la voix sensuelle de Maya Kamaty, les quelques djembés et l’accordéon de René Lacaille et nous voilà transportés au soleil le temps de quelques chansons. On ne s’y attarde pas, mais ça fait quand même un peu de bien.

C’est au Chantier que notre route continue. Pour fêter ses 20 ans de partenariat avec l’association Transmusicales, le bar se met à l’électro-pop avec le lillois Marklion, qui mêle synthé et sonorités vintage. De quoi mettre de bonne humeur avant d’enchaîner avec You Man et son électro dansante, répétitive mais jamais ennuyeuse.

On oubliera pas d’aller écouter les Mother Of Two au Sympatic Bar, une bière à la main. Guitares punks et refrains entraînants, dans un style résolument 90s, et nous de replonger dans nos souvenirs de concerts au fond des petits bars provinciaux avec une certaine nostalgie.

Enfin, un peu de douceur grâce à la musique planante de Blind Digital Citizen. Ici on écoute cette voix, grave, suave, qui transporte, qui fait voyager. Et cette musique à la limite du psychédélique, froide et violente. On ouvre les yeux et les oreilles, et on écoute en silence.

VENDREDI SOIR, JE DANSE…

Et je me plonge dans l’univers sombre du groupe rock-garage Blackmail, à l’Artiste Assoiffé, qui me réconcilie enfin avec un genre que j’avais laissé de côté depuis longtemps. C’est un son puissant, dont une véritable force se dégage. On ne prend pas peur au son vertigineux de ces synthés, et d’un hochement de tête timide on finit par danser.

Mais la nouveauté cette année aux Bars en Trans, c’est la reconquête du hip-hop. Quelque peu délaissé ces dernières années, on le retrouve enfin. Et c’est au Backstage qu’il prendra place dès le jeudi soir, et ce jusqu’au samedi. Le hip-hop ici c’est Bigflo et Oli, deux très jeunes Toulousains, qui nous le font re-découvrir. Un rap «à l’ancienne», non sans rappeler la Source des 1995 ou bien mieux encore, les IAM de la fin des années 1990. Un rap un peu teen certes, mais porté par une volonté certaine de renouer avec les bases d’un sample limpide et de punchlines maîtrisées.

Il n’y aura ensuite qu’à traverser la rue pour entrer au Bar’hic, dans l’univers disco-house de Encore! Ces Versaillais proposent un son dansant, qui donne la pêche, le sourire. Ce genre de son qui doit durer toute une nuit, jamais lassant. La soirée commence enfin, les premières gouttes de sueur se font sentir. On oublie que dehors il fait froid, et on en redemande, encore! Mais voilà, c’est Valentin Marlin qui prend le relais. Et c’est la surprise. Du Cassie ? Du Rihanna ? Du The Name. Oui, il ose remixer du r’n'b. Mais ce n’est pas que ça. Valentin Marlin reprend ces tubes un peu trop mainstream dans un électro facile mais tout aussi plaisant, parfait pour agiter un dancefloor toute la nuit.

Un détour au Bistro de la Cité est néanmoins nécessaire. Impossible de manquer Charlotte Haesen, dont la voix s’impose comme une véritable caresse dans ce flot musical. Autre voix féminine incontournable, celle de Mögglie. Sur une musique plus proche de la techno que de la house, elle pose son timbre avec une facilité déconcertante, sensuelle. Au Chantier ce vendredi soir, on se plaît à chanter avec elle.

On oubliera pas de passer au Kenland, autre nouveau bar de cette année, pour redécouvrir Arno Gonzalez, artiste techno-house déjà bien installé dans la scène électronique nationale.

Enfin, on retourne au Sympatic Bar. C’est la première fois depuis longtemps que la rue St Michel (rue de la soif pour les intimes) ouvre ses portes pour les Bars en Trans. Et c’est Sudden Death of Stars qui y joue de ses guitares psychédéliques, au tempo lent, transportant chacun des auditeurs sur un nuage, quelque part dans le monde, au dessus de tout. Si dehors ça sent la bière et ça crie, ici, on entend des sitars, on se prend à rêver de voyage et d’odeur d’encens. Tout en douceur on rentre chez nous, avec la hâte du lendemain soir.

SAMEDI SOIR, JE VEUX QUE ÇA CONTINUE

C’est déjà la fin, et il reste tant à voir. Hélas, comme pour tout festival, des choix s’imposent. Et surtout pour une dernière soirée. Alors c’est au 1988 Live Club que cette dernière nuit des Bars en Trans 2013 débute. Tout en douceur, sur la légère et mélodieuse voix du suédois Peter Von Poehl. Pour ceux qui, comme moi, l’ont raté à l’UBU à Rennes il y a quelques semaines, il faut se rattraper. Sa guitare acoustique, sa chevelure blonde, ses mélodies subtiles, font de lui un artiste à part entière dans le monde de la musique. Si on le connaît pour ses bandes-sons de films, on doit le rencontrer sur scène au moins une fois, et se laisser transporter. On reste ensuite pour revoir Slow Joe and the Gringer Accident se prendre une petite leçon de rock’n roll et de blues, et on reprend notre route.

Et ce n’est pas n’importe quel groupe vers qui on se dirige. Direction le Backstage, qui accueille les déjantés Salut C’est Cool, techno-comique hardcore (on pense au Je suis une Poule, La purée ou au dernier Révélation Mystiques), entre le bœuf et le…. n’importe quoi. Mais c’est amusant, et ça bouge dans tous les sens. Amateurs de sonorités pointues passez votre chemin. Ici on déconne bien, mais ça s’arrête là. Toujours au Backstage, on retrouve Douchka, Dehousy et Julien de Castilho. Les rennais les connaissent pour les nombreuses soirées qu’ils organisent via leur collectif, très présent sur la scène locale. Pour les autres, c’est l’occasion de se déhancher sur des rythmiques électroniques house et techno. Un dancefloor agité en perspective.

Les amateurs de techno auront bien des endroits où aller. Au Chantier, c’est Alesia qui s’y collera. Après force, ils s’attaquent à du Kanye West, Janet Jackson et même Brigitte Fontaine. Oui, ils y vont forts. Forts dans nos oreilles, forts dans les basses, lançant des sons lascifs avec une facilité maîtresse, d’une brutalité non sans rappeler Gesaffelstein.

Pendant ce temps, au Kenland, les Mofo Party Plan dévoileront leur pop-rock ensoleillée. Si on peut y trouver des similitudes avec Is Tropical, c’est avec un certain plaisir qu’ils nous plongent dans un univers typiquement anglo-saxon.

L’originalité quant à elle, est au Mondo Bizarro. C’est une ambiance froide, sombre, maîtrisée parfaitement par Jessica 93. Des voix perchées, presque coincées dans des dimensions parallèles où le cold est roi. Une batterie qui bercerait presque, si l’ensemble n’était pas si puissant. Le Mondo Bizarro c’est loin, certes. Mais un conseil : le trajet en vaut la peine.

Et puis il y a Kid Wise. Le groupe et son indie pop sont comme une petite bouffée d’air frais. De cette musique un peu naïve, légère, on en ressort des refrains qui restent dans la tête, une bande-son d’été. On s’imagine sur une plage, avec un mojito et une petite brise. Bon, ce sera au Sympatic Bar dans le froid breton, mais ça n’en reste pas moins plaisant. Une belle fin de soirée, en somme.

Car oui, c’est déjà la fin de la soirée. La fin de trois jours de musique. Plus, de découverte. Oui, c’est encore un beau cadeau que vont nous offrir les Bars en Trans cette année. Un cadeau qu’on ouvrira avec l’impatience d’un enfant devant le sapin, qu’on savourera avec le plaisir d’un bon repas de Noël, et qui nous bercera encore après, à l’image de ces rêves de gamins, ceux qu’on oublie pas.

Bars en Trans. Du 5 au 7 décembre 2013. Rennes.

http://www.barsentrans.com/