Morceaux choisis - Fernando Pessoa

Par Claude_amstutz

Il ne suffit pas d'ouvrir la fenêtre
pour voir les champs et la rivière.
Il ne suffit pas de n'être pas aveugle
pour voir les arbres et les fleurs.
Il faut également n'avoir aucune philosophie.
Avec la philosophie, il n'y a pas d'arbres:
il n'y a que des idées.
 
Il n'y a que chacun d'entre nous,
telle une cave.
Il n'y a aucune fenêtre fermée,
et tout l'univers à l'extérieur;
et le rêve de ce qu'on pourrait voir
si la fenêtre s'ouvrait,
et qui jamais n'est ce qu'on voit
quand la fenêtre s'ouvre. 
 

Fernando Pessoa, Poèmes désassemblés, dans: Le gardeur de troupeaux, suivi de: Poésies d'Alvaro de Campos (coll. Poésie/Gallimard, 2012)

traduit du portugais par Armand Guibert

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