Belle-Ile-en-Mer, à pied ou à vélo

Publié le 29 octobre 2013 par Véronique Couzinou @VeroniqueCouzin

Qui a dit que les îles, c’était plat? Quand on loue un vélo à Belle-Île, il faut savoir à quoi s’en tenir : les routes de l’île enchaînent les faux plats et les vraies côtes- ou descentes- le territoire s’élevant jusqu’à 71 m au-dessus du niveau de la mer. Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle « l’île aux 148 vallons »!

Que les cyclistes peu aguerris se rassurent : quitte à mettre parfois pied à terre (oui, je parle de moi...), le vélo reste la plus jolie façon de découvrir Belle-Île,  20 km de long et 9 km de large, car de nombreux itinéraires et routes secondaires sont réservés au cyclotourisme. Ou sinon, on marche. On peut faire le tour complet de l’île grâce à ses sentiers côtiers qui représentent une centaine de kilomètres (comptez quatre à cinq jours selon le rythme). Au printemps, lorsque les oiseaux sont en pleine effervescence, que les moutons paissent dans les champs en fleurs et que les touristes n’ont pas encore débarqué en masse pour envahir les petites criques, sillonner l’île est un pur bonheur. L’arrière-saison est aussi idéale pour se laisser prendre par le charme de Belle-Île, posée à 15 km au large de la presqu’île de Quiberon. De nombreuses animations sont d'ailleurs proposées jusqu'à l'hiver: balades et sorties nature,  visites, cafés littéraires à la librairie Liber & Co au Palais... 

Tout commence par un voyage de 45 mn au départ de Quiberon, histoire de faire le plein d’air marin. On débarque revigoré au port du Palais où s’élève la citadelle renforcée par Vauban au XVIIème siècle. L’histoire s’impose au visiteur sans qu’il ait besoin de courir après : Belle-Île, campée sur la façade Atlantique, riche de bonnes terres agricoles et d’eaux douces, fut longtemps convoitée, souvent envahie et pillée. Elle tomba sous le joug anglais en 1761 avant de revenir à la France deux ans plus tard. Sa citadelle fut aussi occupée par l’armée allemande pendant la Seconde guerre mondiale, tomba en ruine avant d’être rachetée par des particuliers qui la retapèrent. Aujourd’hui, elle se visite et accueille aussi un hôtel luxueux dans ses murs, avec une vue imprenable sur Le Palais et l’océan.

Le Palais, vue de la citadelle. ©V.C.

L’histoire de Belle-Île est intimement liée à celle des Acadiens déportés : en 1765, deux ans après la signature du Traité de Paris, les Acadiens prisonniers en Angleterre purent rejoindre la France. Beaucoup arrivèrent en Bretagne et finalement, ce furent 78 familles acadiennes- des Granger, Thibaudault, Leblanc, Hébert, Trahan et autres Richard-qui débarquèrent à Belle-Île comme réfugiés, pour repeupler l’île, laissée presque à l’abandon après le passage des Anglais. Ces familles s’y installèrent définitivement ou choisirent, une vingtaine d’années plus tard, de partir pour la Louisiane. Aujourd'hui, il n'est pas rare de croiser sur l'île des descendants de ces Acadiens, en quête de leurs racines. La dernière acadienne de Belle-Isle née au Canada, est morte en février 1841 au Palais.

Dans les pas de Sarah Bernhardt

Impossible de voir tous les mystères de Belle-Île- la plus grande des îles bretonnes- lors d’un premier séjour. Mieux vaut la découvrir par étape, en se promettant d’y revenir. Pour un premier circuit à vélo ou à pied, on peut se concentrer sur le nord de l’île, en partant du Palais pour rejoindre le joli port de Sauzon. On passe des paysages campagnards à l’intérieur des terres aux landes rases du littoral rosies par la bruyère, typiques des côtes bretonnes. À l’extrémité nord de l’île, on tombe sur le jardin secret de Sarah Bernhardt. L’actrice découvrit Belle-Île en 1894 et en tomba amoureuse. Elle fit l’acquisition d’un fortin, puis d’un manoir, à la Pointe des Poulains, non loin des falaises vertigineuses battues par l’océan dans lesquelles nichent des cormorans huppés ou des craves à bec rouge. Jusqu’en 1922, Sarah Bernhardt y accueillit chaque été sa famille et ses amis, artistes ou personnalités, tel que le roi d’Angleterre Edouard VII. « J’aime venir chaque année dans cette île pittoresque, goûter tout le charme de sa beauté sauvage et grandiose. J’y puise sous son ciel vivifiant et reposant de nouvelles forces artistiques », aimait-elle dire. Un petit musée consacré à la vie belle-illoise de l’actrice se visite sur place, d’avril à septembre.

Le site de la Pointe des Poulains est protégé par le Conservatoire du Littoral, tout comme les dunes du Donnant, sur la côte ouest, à la faune et à la flore remarquables. Aux beaux jours, roquettes de mer, blé maritime, giroflées, géraniums sanguins ou immortelles des sables s’épanouissent sous les yeux des lézards verts et escargots des dunes. Donnant est aussi très apprécié des surfeurs car le site offre l’une des plus belles vagues de Bretagne. Où que l’on se trouve, Belle-île en met plein la vue. Du nord au sud et de l’est à l’ouest, chacun y trouve facilement son petit coin de paradis.

  Office de tourisme de Belle-Île-en-Mer: www.belle-ile.com 

La pointe des Poulains. ©V.C.

Sauzon, une vraie carte postale! ©V.C.