Seisme

Par Antoine06 @AVissuzaine
L’un avait regardé la télévision, l’autre avait lu un livre. Peu avant vingt-trois heures ils avaient décidés sans se concerter, qu’il était temps d’aller dormir. Ils se sont embrassés et souhaités bonne nuit, leurs baisers se sont prolongés, ils y ont ajouté quelques caresses, se sont enlacés, leurs bouches et leurs mains parcouraient sensuellement le corps de l’autre. Les murs ont tremblés une première fois sans qu’ils ne s’aperçoivent de rien, la première secousse était si faible et leur amour si fort. Ils poursuivaient leur étreinte et se susurraient des mots d’amour à l’oreille quand les murs de la ville entière ont tremblés une seconde fois. La seconde secousse était si forte. La nuit entière et les jours suivants les pompiers venus de toute la région et des régions voisines tentaient de dégager des survivants de la catastrophe, les associations humanitaires distribuaient vivres et couvertures, les caméras du monde entier envoyaient aux chaînes de télévision des images diffusées en boucle. Quelques jours après ce que les sismologues qualifiaient déjà de plus grande catastrophe jamais enregistrée sur l’échelle de Richter, une petite fille de sept ans fut retirée vivante des décombres. Tout le monde se réjouissait de cette miraculée. Le bilan humain était lourd, de nombreux disparus gisaient sous les gravats devenus des sarcophages de bêton. Le séisme aurait eu lieu à dix-huit heures, que des hommes et des femmes auraient été surpris dans leurs voitures en rentrant du travail. A dix-neuf heures les familles auraient été réunis, certains dînant, d’autres écoutants leurs enfants réciter leurs leçons. A Vingt-trois heures pour que la terre tremble c’est une bonne heure.
Les recherches se sont arrêtées sans que personne n’ait jamais retrouvé un homme et une femme dont la dernière action sur la terre fut de s’offrir mutuellement du plaisir en se parlant d’amour.