Salle 5 - vitrine 6 : une présentation ...

Publié le 12 novembre 2013 par Rl1948

      Nous devons (...) haïr profondément l'instruction,  qui ne stimule pas la vie, le savoir qui paralyse l'activité, les connaissances historiques qui ne sont qu'un luxe coûteux et superflu : parce que nous manquons encore du strict nécessaire, et que le superflu est l'ennemi du nécessaire. Certes, nous avons besoin de l'histoire, mais nous en avons besoin autrement que le flâneur raffiné des jardins du savoir ...

Friedrich NIETZSCHE

Considérations inactuelles,

II. De l'utilité et des inconvénients de l'histoire pour la vie

Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade

p. 499 de mon édition de 2000

     Conscient d'avoir été très prolixe - trop, peut-être -, lors de notre rencontre de mardi dernier toute gorgée qu'elle était des saveurs empruntées au terroir bourguignon, au point que je constatai, avec bonheur néanmoins, que vos commentaires, amis visiteurs, portèrent plus sur cette longue introduction au vin dédiée que sur la véritable finalité de mon intervention, à savoir : un rappel des vitrines déjà rencontrées en cette salle 5 du Département des Antiquités égyptiennes du Musée du Louvre dans laquelle nous déambulons depuis le 1er septembre 2009 et la présentation de celles encore à découvrir, je me suis promis aujourd'hui de faire preuve d'une concision délibérée.

     Les égyptologues concepteurs de la sixième vitrine qui, dans les mois à venir, monopolisera notre attention,

celle qui s'est insinuée jusqu'au centre de la seconde partie de la salle, parallèlement à ses murs nord et sud, ont longitudinalement divisé son espace interne en deux moitiés distinctes.

     L'une, qu'à l'envi doit scruter Metchetchi, 

est dévolue au pain et à la bière, denrées tellement essentielles en Égypte ancienne que vous les rencontrez sempiternellement énoncées à l'entame des formules d'offrandes funéraires : souvenez-vous par exemple de celle, d'une brièveté remarquable, de Tepemânkh, gravée sous sa table et qui commence par énumérer ce qu'il souhaite pour ses repas d'éternité : mille pains, mille cruches de bière ...

     A quelques pas de nous, ce même Tepemânkh nous observe au moment où nous abordons l'autre côté du meuble vitré qui, immodérément, se bleuit des fenêtres grillagées donnant sur les quais de la Seine : c'est ici la viande, - plus espérée, il faut bien l'admettre, que réellement présente dans l'assiette de l'Égyptien moyen -, ainsi que certains fruits et légumes qui sont évoqués. 

(Grand merci à SAS pour les deux clichés ci-dessus qu'en mars dernier, elle avait eu l'amabilité de prendre à ma demande.)

     Sur chacune des deux faces du panneau brun s'élevant au milieu de l'ensemble ont été accrochés deux bas-reliefs que viennent encadrer des étagères de verre afin de recevoir de plus petites mais tout aussi intéressantes pièces.  

     Et, à l'avant-plan, à même chaque portion de sol, ont été disposés d'autres monuments illustrant le thème choisi.

     Enfin, sur la tablette supérieure de l'élément séparateur, dominant le tout, s'admirant d'où il vous plaira, les unes derrière les autres, trois figurines inviteront à vous récrier sur la pose - et certes pas la pause ! - du corps meurtri par l'astreignant labeur de serviteurs préparant qui le pain, qui la bière, dans la mesure où, comme vous ne l'ignorez pas, la fabrication de ces deux denrées se trouvait intimement associée, la seconde étant en effet réalisée à base de pains d'orge légèrement cuits lors de la confection de la première.

     Alléguant la lenteur du rythme auquel nous progressons dans nos déambulations, je ne puis nullement préjuger du moment qui autorisera de nous repaître de ce que conserve si précieusement ce double "garde-manger", sauf à préciser que nous commencerons par l'évocation du pain et de la bière.

   Pour le reste, à nouveau sera de mise la patience que vous avez dû acquérir, amis viviteurs, en m'accompagnant depuis un aussi long temps.

     Mais qu'importe l'amble, l'essentiel n'est-il pas de nous délecter de chaque grain de la beauté que les artistes égyptiens instillaient dans leurs oeuvres, quel qu'en soit le sujet, quel qu'en soit le format, qu'elle qu'en soit la finalité ?

      A l'instar de mes années d'enseignement, mon blog a pour vocation l'éducation populaire. Cela signifient pour moi un véritable engagement militant en vue de partager le savoir, la connaissance, la culture, partant du principe simple qu'au lieu d'être considérés comme des vecteurs de distinction et de domination sociales, ils se doivent d'être, ce savoir, cette connaissance et cette culture, des athanors dans lesquels se préparent l'émancipation des consciences, l'élévation des esprits, l'épanouissement de l'intellect de celles et ceux qui refusent d'être un flâneur raffiné des jardins du savoir que tant décriait Nietzsche.

     L'élitisme pour tous : ce bel oxymore, ce noble concept formulé originellement au milieu du siècle dernier par Jean Vilar alors qu'il dirigeait le théâtre d'Avignon, je continue à le faire mien. 

     Aux fins de poursuivre dans cette voie que je me suis jadis tracée et de nous lancer dans une nouvelle quête du Beau qui stimule la vie, je vous invite à me retrouver, amis visiteurs, le 19 novembre prochain.

           

     A mardi ...