La démocratie française pour nous les nuls

Publié le 13 novembre 2013 par Copeau @Contrepoints
Opinion

La démocratie française pour nous les nuls

Publié Par Éric Essono Tsimi, le 13 novembre 2013 dans Afrique, Politique

Les records d’impopularité du président de la république française sont une source d’inquiétude pour les jeunes démocraties africaines.

Par Éric Essono Tsimi.

Cérémonie du 11 novembre : le président Hollande a été hué sur les Champs-Élysées par des manifestants.

Êtes-vous sûr de vouloir envoyer ce président de la république à la corbeille ? En six ans, la France a grillé plusieurs hommes d’État : Sarkozy, Royal, Strauss-Kahn, Hollande…

Si le vocabulaire à destination des pays du Sud était mobilisé pour comprendre ce qui se passe actuellement, la question serait posée de savoir s’il n’y a pas eu trucage au moment de leur ascension. Sinon bourrage des urnes, peut-être traficotage des sondages ou impostures médiatiques.

Les records d’impopularité du président de la république française sont une source d’inquiétude pour les jeunes démocraties africaines. La France n’a pas qualité en ce moment pour aider les peuples africains à alterner de dictateurs. Sa parole internationale et son autorité sont dévaluées par le spectacle qu’elle offre au monde de sa propre démocratie.

Personne n’avait jamais été dès les premières heures d’un mandat présidentiel aussi bas dans les sondages. C’est inédit. Dans trois ans, probablement personne n’aura été aussi durablement impopulaire tout le long d’un mandat pourtant auréolé d’une légitimité démocratique.

Si la France n’était pas la France, on serait en droit d’attendre une révolution arabe à partir de Marseille. Les Bretons auraient déjà des postes au gouvernement, après des négociations qui auraient été menées sous l’égide des Nations Unies.

Bachar Al Assad, Laurent Gbagbo et Kadhafi, auxquels la France a donné des leçons appliquées de démocratie, n’ont jamais été aussi bas dans leur opinion publique, y compris pendant les guerres qu’ils menaient contre une partie de leur peuple.

Quelle est la signification de la légitimité démocratique ? Est-ce un chèque en blanc que l’on donne pour cinq ans ? En cours de quinquennat, le peuple n’a-t-il pas le droit de se dédire ? La question de la démission d’un président de la république est-elle en France un sujet tabou ou simplement inconcevable ?

Faut-il donner raison à nos chers dictateurs africains qui considèrent qu’il y a autant d’acceptions de la démocratie que d’États membres de l’ONU ?En Italie, des élections anticipées auraient déjà eu lieu, en RCA, on aurait fait parler les armes, en Côte d’ivoire, la communauté internationale se serait déjà ingérée.

Jusqu’à quelles profondeurs, jusqu’à quand s’enfoncera François Hollande ? Est-il un démocrate froid, que n’émeut pas le rejet massif de sa personne et de sa politique ? Enfin, l’Extrême droite est-elle si extrême ? Puisqu’elle n’appelle pas à prendre les armes, elle ne demande pas la démission immédiate du président Hollande, et joue la carte républicaine.

Les dirigeants occidentaux somment régulièrement leurs pairs africains plus ou moins mal élus de négocier avec des rebellions plus ou moins bien armées. Des chefs de guerre sont élevés au rang d’opposants, d’interlocuteurs dotés d’une légitimité plus internationale que démocratique, plus médiatique que populaire. La France qui subit actuellement son Gouvernement et son chef d’État connait une crise du fonctionnement de sa démocratie.

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