Celeste Boursier-Mougenot chez Xippas - à voir absolument

Publié le 07 mai 2008 par John
Pas mal d'articles ont été écrit sur cette exposition dont celui de Lunettes rouges ; je fais ce post parce que l'exposition dure encore deux semaines, jusqu'au 17 mai et si vous avez le temps de passer vous ne serez pas déçu.
La pièce from Here to ear est un enchantement : l'espace a été aménagé en volière, des dizaines d'oiseaux sont perchés sur des guitares électriques reliées à des amplis et leur mouvements produisent des sons. A un moment un des assistants de la galerie est passé très rapidement dans le passage, ce qui a entraîné un envol massif des oiseaux dans la galerie d'une guitare à une autre, produisant une saturation très "noisy", c'était fascinant.
Hier soir j'ai assisté à une intervention dans un sémaire de l'EHESS - Performance filmée, Caterina Pasqualino - de Bertrand Hell, un anthropologue spécialisé dans les rites de possession des Gnawa (c'était passionnant, une analyse par la notion d'efficacité symbolique, qui serait un mi-chemin entre la psychanalyse et l'analyse structurale... mais là n'est pas le propos ici, une autre fois). Il a évoqué lors de ce séminaire, la notion de plasticité du cerveau dans le cas des pratiques artistiques : une certaine zone du cerveau se développe par exemple quand on fait du piano ou de la guitare. Je me suis alors posée la question avec ces oiseaux : es ce qu'il y a eu une évolution des sons produits dans le courant de l'exposition? es ce que les oiseaux ont acquis une "conscience" de la production de sons par leurs mouvements? sont-ils devenus des oiseaux mélomanes ou carrément musiciens ou s'agit-il d'une simple adaptation sans un changement neurologique?
La deuxième pièce valant le détour est Zombiedrones. On est prié de s'asseoir dans un canapé Chesterfield noir pour regarder la télévision. Sauf qu'un programme informatique transforme les images comme un effet photoshop, tout passe en noir et blanc et les contours sont accentués. La trash tv se transforme en cinéma expérimental. On prend la télécommande et on zappe de chaîne en chaîne: je suis tombée sur un programme de cuisine - des visages, une cuillère remuant une mixture aux tons de métaux liquides dans un cul de poule et un sitcom, où les personnages souriant sans voix prenaient une profondeur métaphysique. Une expérience particulièrement significative pour tout drogué (ancien ou actuel) de la télévision : comme dans le film de David Cronenberg Videodrome où la télévision se transforme en objet animé, cette pièce réalise le fantasme d'une télévision où le spectateur est interpellé dans sa passivité.



ps : par contre je suis d'accord avec Marc Lenot, les titres c'est pas son fort :)