Quand les réseaux sociaux dépoussièrent les musées

Publié le 13 novembre 2013 par Loeilaucarre @loeilaucarre

Dotés d’une image souvent vieillotte et élitiste, les musées sont bien décidés à sortir de leur passivité pour surfer sur la vague des réseaux sociaux. Cette démarche venue d’outre-Atlantique s’est d’ailleurs généralisée en France avec succès.

Rares sont aujourd’hui les institutions culturelles à ne pas posséder au moins un compte sur un média social. Cela vaut aussi bien pour les musées nationaux (Centre Georges Pompidou, Louvre, Musée d’Orsay …) que pour les musées régionaux, à l’image du Petit musée de la danse à Rennes.
Sans surprise, Facebook, Twitter et Instagram sont les réseaux sociaux les plus populaires.

Au menu du jour : focus sur cinq bonnes pratiques pour mieux communiquer sur les réseaux sociaux.

Petit #1 : Un réseau social, ça s’entretient !

Ce qui peut sembler bête comme chou est souvent l’ingrédient de base, l’incontournable B-A BA à appliquer. C’est notamment le cas ici : ouvrir une page Facebook par exemple ne suffit pas à faire du buzz, il faudra aussi l’alimenter au quotidien.

Faire vivre vos espaces sur les médias sociaux, c’est non seulement les animer en quantité mais aussi en qualité ! Et c’est là que tout se complique car il faut :

  • savoir à qui on parle et pourquoi
  • connaître les centres d’intérêt de notre public adoré
  • mettre en place une veille pertinente en fonction des points ci-dessus
  • ne pas sombrer dans l’auto-promo exclusive
  • interagir, modérer, répondre… bref, jouer le jeu du réseau social

Petit #2 : Les réseaux sociaux, pas seulement un agenda de substitution

Etre présent sur les réseaux sociaux et rencontrer son public c’est donc non seulement savoir à qui on parle mais surtout ce que ce que « qui » recherche comme type d’info, de contenu et (souvent, qu’on se le dise) de divertissement en ligne.

Pourtant, certaines institutions culturelles à l’image du Petit musée de la danse à Rennes utilisent leur Page Facebook comme un doublon d’agenda (les entreprises le font aussi d’ailleurs, en relayant communiqués et autres articles de presse inintéressants au possible).


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" src="http://oeil-au-carre.fr/wp-content/uploads/2013/11/agenda_bad_facebook_musee.jpg" alt="Exemple d'un doublon d'agenda sur Facebook, le petit musée de la danse" width="407" height="490" />

En plus d’être sacrément monotone, ce type d’informations n’est ni interactive ni à valeur ajoutée : est-ce que j’en apprends plus sur l’événement en question ou son organisateur ? Ce contenu me donne-t-il envie d’en savoir plus ? Pire, certains iront même jusqu’à actionner le couperet du « j’aime plus ».

Alors oui, ça peut toujours servir d’avoir un aide-mémoire, ne serait-ce que pour se donner des idées de sorties du dimanche, mais si les réseaux sociaux ne servent systématiquement qu’à ça, pas sûr que cela vaille la peine. Mieux vaut encore aller directement se renseigner sur le site du musée en question ou lire la presse quotidienne et spécialisée.

Petit #3 : Faire vivre le hashtag #jourdefermeture !

Parce que nous sommes tous un peu curieux, ce qui nous intéresse vraiment c’est aussi ce qu’il se passe en coulisses. Certains musées l’ont bien compris, c’est pourquoi ils s’arment désormais de leur hashtag #jourdefermeture.

Utilisé chaque lundi et mardi sur Twitter et Instagram, ce hashtag révèle ce qu’il se passe lorsque les portes des musées restent closes. Exemple :

Non seulement cette pratique nous incite à suivre les actus des musées mais ce qu’on aime encore plus, c’est être dans la confidence. Ce hashtag, c’est un peu comme si nos copines se confiaient à nous, la rupture avec Robert en moins.

Mine de rien, ça nous donne aussi envie de se rendre directement sur place, ne serait-ce que pour entrevoir l’œuvre venant d’être restaurée ou l’exposition temporaire fraîchement installée.

Chers musées, vous l’avez compris : A vos marques, prêts… hashtaguez !

Petit #4 : Organiser des concours décalés et participatifs

Surfer sur les réseaux sociaux est (très) souvent synonyme de moment de détente. On se réjouira donc plus facilement de tomber sur l’élection de miss Louvre 2013 (« T’es magnifyyyque ma chérie ! ») dans son flux d’actus de son réseau social préféré, plutôt que (au pif) sur les derniers chiffres du chômage.

Ici, peu importe le média social utilisé puisque le but est de faire passer un bon moment aux internautes. Récemment, à l’occasion de sa rétrospective sur Roy Liechtenstein, le Centre Pompidou a mis en place sur Tumblr un concours particulièrement participatif. Le sujet ? Répondre à la question « Pourquoi la Crying Girl pleure-t-elle » à partir d’un Paper Toy à télécharger.

Cela nous fait sourire, c’est fun, ça laisse la possibilité à notre âme d’artiste de s’exprimer, ça permet de nous occuper le dimanche, mais surtout ça dépoussière l’image du musée.

C’est aussi une formidable pub gratuite grâce au phénomène du bouche-à-oreille, car il est fort probable que ce type de concours nous donne envie d’en parler aux copains, qui en parleront aux copains… bref.

Petit #5 : Se méfier du gendarme Facebook (si si ça existe)

Facebook dispose d’une déclaration des droits et responsabilités (difficile à croire, mais bien vrai) qui interdit toute image « pornographique ou contenant de la nudité ».

Ainsi, lorsque des musées postent des photos d’œuvres d’art ne serait-ce que légèrement suggestives, celles-ci ont des chances de se retrouver censurées par le géant américain. Le musée du Jeu de Paume à Paris en a déjà fait l’amère expérience puisque sa publication d’un nu artistique de Laura Albin Guillot s’est vue être tout bonnement supprimée. Le cliché présentait en effet une femme allongée, seins nus, le bas ventre recouvert d’un voile blanc.

Peut-être Facebook est-il un fervent fan du Tartuffe de Molière ? « Cachez ce sein que je ne saurais voir ! » Nous, on ne like pas.

Vous l’aurez compris chers musées, les réseaux sociaux représentent de formidables opportunités pour dépoussiérer votre image. Attention cependant à toujours veiller à en faire bon usage et à ne pas oublier vos internautes et leurs aspirations… car c’est la condition sine qua non d’une communication réussie et d’un public conquis.