ADOLESCENCE: La génération de tous les excès – Insee

Publié le 15 novembre 2013 par Santelog @santelog

La transition vers l’âge adulte est la période des expériences, que ce soit en matière de mode de vie ou de comportements à risque, jusque-là rien de nouveau. Mais cet arrêt sur image sur l’adolescence d’aujourd’hui et ses expérimentations, proposé, par l’Insee, dans sa collection «  Portrait social  », révèle de fortes tendances qui incitent à la vigilance. Consommation quotidienne de tabac, épisodes d’ivresse, surpoids et obésité, morts violentes par accident ou suicide, rapports sexuels à risque et contraception d’urgence sont autant de signaux, majoritairement à la hausse, qui traduisent l’expression d’un mal-être chez une partie des adolescents. Pourtant, lorsqu’on leur demande comment va la santé, 90% d’entre eux se déclarent en bonne santé.

·   Le binge drinking ou l’art de s’hyperalcooliser sur un très court laps de temps est typique d’une génération dont la moitié a été ivre au moins une fois au cours de l’année. Une pratique qui si, en raison de sa festivité, n’apparaît pas comme dangereuse chez ses adeptes, s’expérimente de plus en plus tôt. Ainsi, en classe de CM2, un enfant sur 2 déclare avoir déjà consommé de l’alcool et à partir du lycée, l’expérimentation de l’alcool est généralisée. Un rapport à l’alcool qui change avec les nouvelles générations d’ados, avec un mode de consommation plutôt ponctuel, mais excessif jusqu’à l’ivresse.

·   Si l’expérimentation de la cigarette arrive plus tard, fumer quotidiennement est le cas désormais de près d’un jeune de 17 ans avec une tendance certaine, depuis 2008, d’un rebond de la prévalence de l’usage quotidien atteignant 31,5 % en 2011 vs 28% en 2008, pour les filles comme les garçons. Echec d’une politique de lutte contre le tabac, qui, avec la hausse des prix, remplit les caisses de l’état mais ne dissuade pas en cas de tabagisme quotidien.

·   Suralimentation, malbouffe, boulimie ? Autant d’expression d’un mal-être, en particulier chez les filles dont, à 15 ans, 40% se considèrent trop  » grosses « . Une mauvaise image de son corps et de soi qui commence tôt et se confirme avec les données des études épidémiologiques. Ainsi en 2008-2009, un adolescent sur cinq en classe de 3e est en surcharge pondérale,14 %des adolescents et des adolescentes sont considérés en surpoids et 4 % sont obèses. Les raisons sont multiples mais la plupart évoquent le mal-être, mauvais comportements alimentaires après le départ du domicile parental, diminution du temps de sommeil et troubles du comportement alimentaires (TCA) comme l’anorexie mentale, la boulimie nerveuse ou encore l’alimentation compulsive. Ainsi, environ 5 %des jeunes femmes de moins de 25 ans présentent certains symptômes de l’anorexie mentale.

·   Grossesses non désirées et IST témoignent enfin d’une augmentation des comportements sexuels à risque chez les jeunes. On retiendra la hausse du taux d’utilisation de la contraception d’urgence, liée certes à un accès facilité mais aussi à l’incidence accrue des conduites sexuelles à risque et la stabilité du nombre d’IVG chez les jeunes filles. 12% des jeunes n’utilisent pas de préservatif lors du premier rapport sexuel avec un nouveau partenaire. Alors qu’en 2000, 12 %des adolescentes âgées de 15 à 19 ans et 16 %des jeunes de 20-24 ans avaient déjà eu recours au moins une fois au cours de leur vie à la pilule du lendemain, en 2010, elles sont respectivement 42 %et 43 %.

Du côté de la stabilité ou de la réduction des risques, on note chez les jeunes hommes, la stabilité de la surmortalité associée à des morts violentes et, globalement, une baisse de l’expérimentation et de la consommation de cannabis –même si les jeunes Français restent les plus gros consommateurs en Europe. En effet, un ado sur 4 en a déjà consommé. Idem pour les autres substances illicites, les niveaux d’expérimentation sont stables ou en recul, et concernent de 1 % à 3 % des jeunes.

Des données qui ne prouvent certes pas que les nouvelles générations sont plus excessives mais qui reflètent des tendances très préoccupantes. Elles appellent en tous cas à l’accélération du plan Santé des jeunes de 2008 et à la définition de nouvelles interventions de prévention ciblées sur les jeunes.

Source: Insee Les jeunes conjuguent bonne santé et comportements à risque

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