"Un homme est allongé, plus blanc que ses draps, le souffle court, la tension basse, le regard perdu légèrement vitreux, la voix n’est plus qu’un filet inaudible. Aux urgences tout n’est que bip, roulement rapide de brancards, cathéter posés rapidement, prises de sang, scanner, cris de douleurs, les soubresauts d’un infarctus secouent un vieil homme. Lui n'entend rien, il ne sait pas précisément où il se trouve, il ne sait plus, peut-être qu'il est passé de l'autre côté sans le savoir. Enfin parti !
Un doctorat en poche, un nom en « vic » et des années de refus, trop qualifié, pas assez, pas encore, moins de, plus de, repassez nous voir dans un an………… la déchéance, le chômage, puis l’hospice, les emplois de solidarité qui soulignent avec effroi et une forme de violence certaine, la désolidarisation d’une société maltraitante qui exclut avec une extrême bonté, le sourire aux lèvres. Quelques compassionnels pétris de bons sentiments ont rencontré ce candidat avec une politesse obséquieuse, quelques autres, politiciens engagés ont grimpé sur son dos à lui et ceux de nombreux réfugiés, précaires et exclus pour arriver à se hisser jusqu’à Berne et les laisser en plan, exactement là où on les a trouvés 20 ans plus! tôt. En 22 ans, cet exclu peut tout vous décrire, vous expliquer, vous pointer du doigt les failles du système.
Du syst
Hagard, il vous répète, je suis fatigué de cette vie, de l’injustice, laissez-moi partir !
Au-delà de ce drame humain, il serait intéressant d’analyser de manière objective, ce qu’il est advenu des réfugiés des Balkans arrivés dès 1991, que deviennent leurs enfants suisses et nés en Suisse, tous ces noms qui se terminent en « vic » qu’on évacue avec une politesse si exquise. La réponse on la pressent et même on la connaît parfaitement, ils sont nettement discriminés comme tous ceux qui malgré le fait qu’ils soient nationaux, ne portent pas un nom appartenant à un Suisse de souche. Combien sont-ils à s’être laissés mourir ou enfermés dans les hôpitaux psychiatriques? L’exclusion tue et nous le savons tous !
Il va bientôt sortir de l’hôpital et puis quoi après ? Un nouvel emploi de solidarité forcé, dès le mois de janvier 2014 et tourne tourne le carrousel de l’exclusion…….
Djemâa Chraïti
Illustration 1: © swingvoodoo - Fotolia.com
Illustration 2: © creative soul - Fotolia.com
Illustration 3: © absfred - Fotolia.com
Et demain est un autre jour!