Le Buddy Movie : un genre à part entière

Publié le 18 novembre 2013 par Unionstreet

A l’occasion de la sortie d’Evasion avec Sylvester Stallone et Arnold Shwarzenegger, revenons sur ce genre si particulier qu’est le Buddy Movie.
Souvent moqué, parfois décrié, plaisir caché et honteux pour certains, c’est pourtant un genre prolifique qui a donné naissance à de nombreux films, pour le meilleur comme pour le pire…

Mais pour aborder ce sujet, il convient de définir c’est qu’est un Buddy Movie.
Pour certains il s’agit de films avec un duo d’acteurs hyper-protéinés, des mâles, des vrais. Le Buddy Movie est un film fait par des mecs, avec des mecs, et pour les mecs. Bref, ça suinte la testostérone, les bombes qui explosent et les blagues vaseuses.

Pour d’autres il s’agit de mettre en scène deux personnages totalement différents l’un de l’autre mais qui doivent apprendre à se comprendre et à communiquer mutuellement.
Ici, donc, le Buddy Movie ne dépend plus d’un genre prédéfini, celui de l’action/aventure, mais peut tout aussi bien être une comédie, ou même un thriller. Par ailleurs, cela n’implique pas forcément de particularités physiques ; les personnages principaux ne sont donc plus forcément victimes d’hypertrophie musculaire ou d’hypotrophie cérébrale.

Bref, le thème est large et la définition discutable. Il n’en reste pas moins un genre incontournable du cinéma.

Le nouveau
Évasion, avec Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger. 2013
Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger se retrouvent donc dans ce film réalisé par Mikael Hâfström, plus connu pour avoir adapté la nouvelle 1408 de Stephen King au cinéma en 2007, qui avait laissé la critique plutôt mitigée.
Ray Breslin (Stallone) est ici chargé de tester l’efficacité des prisons. Mais une fois mis sous cellule, il est pris au piège dans une géôle d’un tout autre type. Il va donc devoir trouver un moyen de s’échapper. C’est là qu’il rencontre Emile Rottmayer (Schwarzenegger), avec qui il va s’allier pour tenter de s’évader.

La référence
L’arme fatale, avec Mel Gibson et Danny Glover. 1987
Classique des classiques des Buddy Movies, L’Arme fatale est un des plus gros succès commerciaux des années 80 et fait parti des films qui populariseront le genre. Tango & Cash, Bad Boys, Rush Hour… Tous ont comme point commun d’être des Buddy Movies largement influencés par ce film, qui donnera d’ailleurs trois suites, plus ou moins bonnes (Joe Pesci dans L’Arme fatale 3 ? Sérieusement ?).

Le génial
Le bon, la brute et le truand, avec Clint Eastwood et Eli Wallach. 1966
Il est vrai que lorsque l’on pense aux Buddy Movies, ce western de Sergio Leone n’est pas le premier long-métrage qui nous vient en tête. Mais la relation entre le bon et le truand se rapproche sensiblement d’une caractéristique essentielle du genre.
Clint Eastwood (le bon, qui est d’ailleurs une ordure (presque) comme les autres) et Eli Wallach (le truand) sont réduits à faire équipe et vivent de petits larcins, jusqu’à ce qu’ils se retrouvent impliqués, avec Lee Van Cleff (la brute), dans une quête pour retrouver un coffre rempli d’or.
Le Bon, la brute et le truand est probablement un des films les plus célèbres et les plus appréciés de l’histoire du cinéma. Film profondément politique et cynique mais qui ne tombe pas dans une morale réductrice, ce western reste une référence intouchable pour de nombreux cinéastes. Certains n’hésiteront pas à se ré-approprier l’oeuvre comme le réalisateur Sud-Coréen Kim Jee-Woon avec Le bon, la brute et le cinglé (2008), excellent film malheureusement méconnu en France.
Filmé d’une manière somptueuse avec une bande originale signée Ennio Morricone, Sergio Leone clôt sa Trilogie du Dollar par une des scènes finales les plus emblématiques du cinéma.

Le raté
Banlieue 13, avec David Belle et Cyril Raffaelli. 2004
On ne peut pas parler de Buddy Movies sans parler de mauvais films, qui n’ont même pas eu le privilège de devenir des nanars. Pas de chance, ça tombe sur un film français.
Un flic et un voyou finalement plutôt sympa doivent faire équipe pour contrer un grand méchant baron de la drogue. En fait, à la fin, le grand méchant c’est le ministre de l’intérieur. Attention, film engagé.

Image de Banlieue 13 Ultimatum. Oui, oui, Banlieue 13 a eu une suite.

La comédie
Frangins malgré eux, avec Will Ferrell et John C. Reilly. 2008
Dans cette comédie, Brennan et Dale (interprétés par Will Ferrell et John C. Reilly, deux acteurs faisant partis du Frat Pack ,nom donné au groupe d’acteurs comiques hollywoodiens qui sont apparus dans la plupart des comédies américaines à succès depuis la fin des années 1990), jouent le rôle de deux quadragénaires attardés qui vivent chez leur parent respectif. La mère de Brennan rencontre le père de Dale, et finissent par s’unir. Les deux ados de 40 ans vont alors devoir apprendre à vivre ensemble.
Probablement une des meilleurs comédies américaines de ces dernières années, “Frangins malgré eux” donne l’occasion de voir deux acteurs au sommet, laissant libre cours à leur corps et à leur imagination pour nous livrer une prestation tout simplement parfaite et hilarante.
Scène notable : The Bunk-Bed Scene
Les deux grands enfants que sont Brennan et Dale décident de superposer leur lit, maintenant qu’ils habitent ensemble. Cette scène capte à merveille l’euphorie et la surexcitation que ressentent les personnages. C’est avec une conviction tout simplement bluffante que les deux acteurs jouent des enfants de 10 ans. On finit par croire à cette situation totalement absurde, et la chute (que je vous laisse découvrir ici) ne fait que sublimer cette scène surréaliste (« Au fait, tu aimes le guacamole? »).

L’intrus
Les flingueuses, avec Sandra Bullock et Melissa McCarthy. 2013
Qui dit Buddy Movie dit souvent testostérone, dit gros muscles, dit punchlines mythiques et insultes gratuites. Mais pourquoi ne pas en adapter une version féminine ?
Le problème des Flingueuses, justement, est de reprendre tous les codes du Buddy Movie mais sans savoir les utiliser à bon escient. Remplacez Sandra Bullock par Ed Helms et Melissa MacCarthy par Zack Galifianakis et vous obtiendrez exactement le même résultat.
Le film ne sort en aucun cas des sentiers battus des Buddy Movies des années 80, à l’exception du fait que le couple à l’écran est féminin, et pourtant il persiste à se prendre au sérieux.
Successions de blagues vraiment limites et de scènes d’actions vues et revues, on ne peut s’empêcher d’éprouver une vive empathie pour les actrices, à commencer par Sandra Bullock, qui aura été à l’affiche dans la même année des Flingueuses et de Gravity. C’est ce qui s’appelle faire le grand écart.

L’assumé
The Expendables, avec Sylvester Stallone et Jason Statham. 2009
The Expendables est probablement la définition même du Buddy Movie bourré à la testostérone.
Stallone, Statham, Li, Dolph Lundgren, Mickey Rourke… Rejoints par Chuck Norris, Bruce Willis et Jean-Claude Van Damme dans le second opus. Voici donc le Buddy Movie d’action le plus assumé de ces dernières années. Scénario de 5 lignes, acteurs ridicules et pourtant géniaux (la bromance entre Stallone et Statham), scènes d’actions à hurler de rire et blagues potaches, The Expendables représente ce que le film d’action américain et patriote a de plus drôle et de plus jouissif (« USA! USA! USA! »).
Une scène est d’ailleurs symptomatique des films d’action profondément absurdes de ces dernières années : alors que la fine équipe est en train de détruire la moitié de l’Amérique du Sud à elle seule et qu’elle se retrouve finalement encerclée par l’ennemi, Terry Crews, le gros black de l’équipe, soulève un obus et hurle à Stallone « Qu’est-ce que je fais ?! ». Stallone de répondre, par une répartie somptueuse : « Lance-le très loin ! ». Crews s’exécute, et fait littéralement voler l’obus à une trentaine de mètres en direction des ennemis. Stallone n’a plus qu’à sortir un pistolet miniature et faire exploser l’ogive en plein vol. Magnifique.

A 11:08 pour les plus curieux

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