Hommage à Thomas ELEK, résistant de l'Affiche Rouge,martyr fusillé par les Allemands

Publié le 20 novembre 2013 par Micheltabanou
  Une cérémonie émouvante hier soir au 107 ter rue Dalayrac où nous rendions un hommage à Thomas Elek. Un hommage à jeune résistant fusillé en 1944 par les allemands. Un résistant exemplaire membre du groupe Manouchian des FTP - MOI. Un résistant qui a donné sa vie à la France, son pays d'adoption. Thomas Elek figurait sur la sinistre Affiche Rouge placardée par les Allemands et Vichy pour salir les actes héroïques de ces " étrangers", ces  "juifs criminels"! Cette armée du crime! Cette Affiche Rouge qui inspira Louis Aragon et qui présente dans sa partie supérieure les visages des dix partisans dont les traces de gtorture n'arrivaient pas à effacer l'expression de fierté dans leurs yeux. Leurs visages sont légendés par leur action. Sous la figure de Thomas Eleknous pouvons lire:  juif hongrois, 8 déraillements. L'odieuse propagande allemande fait figurer sous les photographies des images de catastrophes ferroviaires et un arsenal d'armes, des corps criblés de balles. Les " victimes " des " terroristes". L'insulte et l'outrage à leur combat est soulignbé par l'ajout en haut de ces quelques mots: " DES LIBERATEURS? " et en bas par: " La Libération! par 'armée du crime"    J'étais ému. Il 'est revenu tout a long de cette cérémonie car inévitablement me revenait les moments partagés des années durant avec Bela Elek, le petit frère de Thomas. Bela était un humaniste marqué par le combat tragique et héroïque de son frère aîné. Bela avec constance a accompagné sa mère dans tous les combats menés pour conserver intacte la mémoire de Thomas et du Groupe Manouchian. Je me souvenais de Bela avec lequel je partageais la même passion pour les livres, pour les livres anciens. Je fréquentais sa librairie de la rue Saint-Jacques, il fréquentait la mienne de la rue de Buci et nous étions complices de lectures partagées. Il était aussi l'ami d'un grand peintre que j'admirais: Jean Degottex. Tout cela comme en un tourbillon m'a assailli lors de cette cérémonie d'hier soir rue Dalayrac. Un vertige.    Je salue les élus présents, de familles politiques diverses, qui ont su honorer cette mémoire de la Résistance en bravant le froid de cette mi-novembre. Je salue la présence républicaine de Gildas Lecoq et m'interroge sur les absences des élus socialistes labélisés comme tels oblitérant la mémoire la France résistante; le "Premier" d'entre-eux et l'élue du quartier Sabina Zinkhoffer. Laissons à Louis Aragon avec son souffle poétique la conclusion d ecette cérémonie:

L'Affiche Rouge

Vous n'aviez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants.
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servi simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents

Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement 
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses,
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui va demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan

Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient La France en s'abattant
 
 

Louis Aragon, Le Roman Inachevé, Gallimard, 1955
Musique de Léo Ferré, 1959