Les Matchs de la rentrée littéraire 2013 : j'ai testé le livre "Esprit d'hiver" de Laura Kasischke

Par Sophiedestests

"Les matchs de la rentrée littéraire 2013"... Cette année encore je participe à cet événement, version 2013, plutôt sympa organisé par Priceminister. Le principe n'a pas changé : une fois par an tout bloggeur peut s'inscrire et choisir un bouquin parmi une liste imposée. Il le reçoit ensuite en cadeau, et en publie la critique sur son blog.

Le résumé et les critiques de gars qui s'y connaissent (Télérama, Lire) donnent plutôt confiance, cette année j'ai choisi le livre Esprit d'hiver de Laura Kasischke

Première étape, oublier que l'héroïne porte le même prénom que ma chienne. Dans le genre je casse l'ambiance dès la 4ème ligne du premier chapitre, ça fait bizarre de voir ma CKCette Holly débarquer ici !

... Ce petit préambule n'était qu'un clin d'oeil humoristique histoire de détendre l'atmosphère tant qu'il en est encore temps. Car sache que si toi aussi, ami lecteur, il te prenait l'idée d'ouvrir ce livre, le climat n'est pas des plus serein pendant ses 276 pages.

C'est le matin Noël, ce qui est plutôt sympa comme date. Le temps est au froid et à la neige, pas étonnant en cette période. Et Holly la maitresse de maison se réveille plus tard que prévu et s'en veut. Cumul de situations qui n'ont rien de surprenant en elles-mêmes. Et pourtant, dès les premiers pages tu sens qu'il y a un truc qui cloche. "Quelque chose les avait suivis depuis La Russie jusque chez eux !". Holly ressasse cela, visiblement elle n'est pas vraiment zen. Histoire d'en rajouter une couche, le temps devient tellement pourri que ses invités annulent à tour de rôle leur venue au repas de fête. Son mari parti cherché ses parents se retrouve coincé avec eux. Elle est donc seule avec sa fille Tatiana dont l'attitude est assez déstabilisante. Tu te dis que la jeune fille attaque tout simplement une crise d'ado que la mère n'a pas vu venir. Et tu penses qu'Holly est simplement une nana un peu stressée qui se noie dans un verre d'eau.

... Et tu te trompes ! Tu vas même te tromper jusqu'au 9/10ème du livre ! Et là, quand enfin tu as compris et que tu penses que les pages suivantes ne sont que bla-bla inutile, tu es encore loin d'imaginer le dénouement final. Complètement inattendu, brutal. Tu sais alors pourquoi tu n'as pas pu lâcher ce livre malgré son apparente banalité. Tout était fait pour te préparer à cette chute, mais c'est un coup de massue. J'en garde encore 2 semaines après une forte impression de malaise. Je déteste cette fin pour ce qu'elle est, mais j'admire le coup de théâtre et toute la progression vers celui-ci. Je déteste Laura Kasischke de nous imposer ceci, mais c'est aussi ce qui fait que ce livre reste ancré dans ma mémoire.

A ce stade, tu te surprends alors peut-être, comme moi, à vouloir relire le livre maintenant que ta vision des choses est complètement changée.

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Il est très difficile de noter ce livre. Au départ j'aurais dit 10-12/20 (livre qui se lit facilement, suspense sous-jacent, bref, sympathique mais pas transcendant non plus, même si l'envie d'en savoir plus fait qu'on ne le lâche pas, avec en même temps envie de secouer l'écrivain pour qu'il se réveille, que ça décolle, bref qu'il fasse son job). Arrivé au fameux stade des 9/10ème du livre, là la note grimpe à 15/20, car franchement ce qui est révélé, et que l'on perçoit de plus en plus clairement depuis plusieurs pages, sort de l'ordinaire. Et à la toute dernière page recto-verso, ma note se termine sur un 18/20 tellement ce qui est mis au jour change complètement le regard sur tout ce qui a précédé.

Donc au final je note 18/20 alors que la majorité du livre ne m'a plu que moyennement (mais ça c'était avant de découvrir la fin) et que la teneur du point final m'indispose fortement. C'est par l'ambigüité de ce livre avec sa progression "lente" et la révélation finale tellement imprevisible, et aussi le choc des émotions à la fin, que s'exprime le talent de l'écrivain et que la note élevée se justifie à mes yeux.