Samedi 23 novembre à 11h00, au cinéma Comoedia : Une femme douce de Robert Bresson

Publié le 21 novembre 2013 par Journal Cinéphile Lyonnais @journalcinephil

Une  femme douce  
De Robert Bresson
Avec Dominique Sanda, Guy Frangin,
Jeanne Lobre, Claude Ollier

France, 1969, 1h29 (version normale), 1h50 (version restaurée)
Sortie en France : 28 août 1969
Date de reprise : 6 novembre 2013

Plus d’informations sur le site du Comoedia : http://www.cinema-comoedia.com/

Synopsis 
Une jeune femme vient de se suicider. Près du corps, sous le regard de la vieille servante, le mari s’interroge et revit leur passé. Jeune fille pauvre, elle venait souvent dans sa boutique de prêteur sur gages. Il l’a aimée, a insisté pour l’épouser. Très vite, blessée par sa froideur et sa jalousie, elle s’est enfermée dans le silence…

Un chef-d’œuvre de Robert Bresson inédit en salles depuis 1969 !

Numérisé et restauré par Éclair group pour Ciné-Mag Bodard et Paramount avec le soutien du CNC.

A propos du film

Tiré d’une nouvelle de Dostoevsky
Une femme douce
est tiré de l’oeuvre de l’écrivain russe, Fyodor Dostoevsky, considéré comme l’un des plus grands romanciers et influenceurs de son époque. L’histoire prend sa source dans sa nouvelle "La Douce" de 1876.Le réalisateur Robert Bresson a glissé dans son film une référence à Shakespeare dans le duel final à l’escrime inspiré de la pièce "Hamlet"

Un film sur incommunicabilité des êtres

Bresson montre l’incommunicabilité des êtres, qui ouvrent et ferment sans cesse des portes sans jamais se rencontrer entre elles, ni se regarder dans les yeux. Il semble pourtant qu’on les connaît, ces personnages, qu’on accède à leur intériorité, si chère au cinéaste : « Ne pas tourner pour illustrer une thèse, ou pour montrer des hommes et des femmes arrêtés à leur aspect extérieur, mais pour découvrir la matière dont ils sont faits. Atteindre ce "cœur du cœur", qui ne se laisse prendre ni par la poésie, ni par la philosophie, ni par la dramaturgie. » (Robert Bresson, Notes sur le cinématographe, Gallimard, 1995). Un film phare, splendide et déroutant.

Le premier rôle de Dominique Sanda
Comme à son habitude depuis Un condamné à mort s’est échappé (1956), Robert Bresson choisit des acteurs non-professionnels. Pour incarner "sa femme douce", il choisit un jeune mannequin, Dominique Sanda. Le cinéaste est frappé par l’image de la cover girl, puis, lors de leur rencontre, par sa voix. C’est le premier rôle au cinéma de celle qui deviendra une grande comédienne, au cinéma comme au théâtre. Très rapidement après Une femme douce, elle joue dans Le Conformiste de Bernardo Bertolucci (Il conformista, 1970), Le Jardin des Finzi-Contini de Vittorio De Sica (Il giardino dei Finzi Contini, 1970), 1900 de Bernardo Bertolucci (Novecento, 1976)… Ainsi que dans Une chambre en villede Jacques Demy, programmé lors de Lumière 2013.

« Sa beauté émouvante ne change rien à l’effet de tristesse infinie qui émane d’elle dès la première apparition : une pâleur extrême, une évanescence de noyée au fil de l’eau. Bresson, continuant de s’enhardir, nous montre pour la première fois son héroïne nue, de face comme de dos, et cette peau si blanche et ces formes parfaites semblent celles d’une statue ou d’une morte. » (Jean-Michel Frodon
Robert Bresson, Cahiers du cinéma, 2008).

Couleurs
Une femme douce est le premier film en couleurs de Robert Bresson. Ce changement est redouté par le réalisateur : « On pourrait croire que l’on atteindra au réalisme, mais la couleur, au fond, ne fait qu’extérioriser ; son "réalisme" est donc faux ! C’est ce faux réalisme que je tente de vaincre. […] Je ne pense pas que la couleur, en général soit mauvaise, mais personnellement, je m’en méfie sérieusement, car ce que je veux en faire est très délicat ! »
Le réalisateur aborde la couleur de façon si discrète qu’on ne le remarquerait pas au premier abord. Bresson parvient ainsi à créer une atmosphère glacée, à la tonalité froide sans être austère. Peu importe : quelle que soit la teinte, Bresson envoûte, enveloppe son film d’une ambiance en apparence neutre. Tout comme la lumière est douce autour du couple, qui a transformé ce cocon possible en prison.

Fiche technique

  • Une femme douce
  • France, 1969, 1h45, couleurs (Eastmancolor), format 1.66
  • Réalisation & scénario : Robert Bresson d’après la nouvelle Une femme douce de Fédor Dostoïevski
  • Photo : Ghislain Cloquet
  • Musique : Jean Wiener
  • Montage : Raymond Lamy
  • Décors : Pierre Charbonnier
  • Production : Mag Bodard, Marianne Productions, Parc Film
  • Interprètes : Dominique Sanda (elle), Guy Frangin (lui), Jeanne Lobre (Anna), Claude Ollier (le médecin), Jacques Kébadian (le dragueur), Gilles Sandier (le maire), Dorothée Blanck (l’infirmière).
45.747281 4.835631