Ce que coûterait la révolte des bonnets rouges

Publié le 22 novembre 2013 par Copeau @Contrepoints
Opinion

Ce que coûterait la révolte des bonnets rouges

Publié Par Contrepoints, le 22 novembre 2013 dans Fiscalité

Quand les étatistes se sentent menacés, ils ne sont pas à un sophisme prés pour perpétuer le mythe du consentement à l’impôt.

Par l’auteur du site « Bobo libéral ».

800 millions d’Euro ! C’est la somme, d’après un article du Monde, que coûterait aux contribuables la révolte des bonnets rouges, et cela par les dégâts qu’ils ont occasionnés aux biens dits publics (bornes écotaxes et radars), par le fameux « manque à gagner » dont vont souffrir les caisses de l’État, et par les aides que ce même État a dû débloquer pour aider une Bretagne en délitement économique.

Un point est vrai dans cet article : les aides de l’État vont coûter aux contribuables, non seulement par ce qu’elles vont ôter, mais aussi par leur inefficacité et leur conséquence néfaste, ce qui est le propre de toutes les subventions.

Mais il est bien curieux de faire culpabiliser ceux qui refusent de payer un impôt en prétextant une facture plus lourde pour le contribuable.

Tout d’abord c’est revenir sur ce fameux mythe, celui du prétendu intérêt collectif, qui n’a aucune réalité, et qui fait croire que le bien-être de l’État est concomitant de celui de l’ensemble des citoyens. S’attaquer au bien public, ce serait attaquer le bien de tout le monde, ce serait violer la propriété de chacun, voudrait-on nous faire croire. Mais il n’existe pas de bien dit public ; par définition rien sur cette terre ne peut appartenir à tout le monde, puisque le fait qu’une chose puisse appartenir à quelqu’un, c’est que par définition elle n’appartient pas à autrui. C’est un truisme. Mais voilà, ce que l’État perd, vous le perdez aussi nous dit-on ! Alors donnez tout ce que vous avez à l’État, et vous serez le grand gagnant.

Un autre argument invoqué, et qui est plus réaliste, est le fait que ceux qui détruisent le bien public feront payer l’addition à d’autres (et même à eux). C’est bien vrai ! Mais le fait même que l’on exécute le paiement de cet impôt, celui de l’écotaxe dans ce cas précis, serait aussi dommageable, non pas uniquement pour ceux concernés directement, mais aussi inévitablement pour tous. Alors qu’est-ce cela change ? De toute façon toute le monde passera à la caisse dans cette affaire. Le seul raisonnement valable en matière de coût est le suivant : coûte-t-il plus cher aux « publics » de faire les frais de cet impôt ou de faire face à ceux des destructions occasionnées par cette jacquerie ? C’est le seul choix rationnel.

En réalité, ce qui embête les hommes de l’État est que ceux qui vont faire les frais de ces contestations, c’est eux.  Et tous ceux qui vivent des prébendes qu’ils distribuent (dont même des bonnets rouges figurez-vous !). L’État souffrira de ce manque à gagner, et lui uniquement, c’est pour cela qu’il se crispe et tente de culpabiliser tout le monde.

Quand il essaye de faire croire que détruire ces bornes écotaxes reviendrait à alourdir les charges qui pèsent sur les autres, c’est aussi ridicule que de menacer des esclaves qui brisent leur chaîne d’en mettre de plus lourdes et de plus serrées à ceux qui ne se révoltent pas, et cela en guise de punition dans une tentative maladroite de culpabiliser les frondeurs. Est-ce cela ce fameux intérêt collectif de nos bien-pensants ? Faire chanter les révoltés en menaçant les autres ? Le problème ne vient pas de ceux qui refusent de prendre leur part de coups, mais de celui qui les inflige.

Mais quand l’État se sent menacé, il n’est pas à un sophisme prés. Il usera de tous les moyens dialectiques pour pérenniser ce mythe du consentement à l’impôt, de son utilité sociale et économique, et des dégâts que l’on s’infligerait si on le contestait.

Le propos que je tiens est certes radical, et je ne crois pas qu’un jour de mon vivant je verrai une société sans impôt naître des décombres de celle-ci. D’ailleurs, de façon paradoxale, je ne pense même pas qu’il serait souhaitable que l’on abolisse les impôts, aujourd’hui, d’un seul coup ; cela aurait des conséquences dramatiques et imprévisibles (mais qu’on les baisse drastiquement, ce serait bénéfique).

Mais quand l’État s’attaque à la liberté d’expression par exemple, ou quand il vous surveille par sa multitude de caméras, on s’en indigne souvent, et à juste titre, même si c’est pour des raison dites « d’États » et de sécurités intérieures. Parfois on accepte (mais difficilement) la nécessité de ces dispositions tout en restant méfiant dans cet empiétement des libertés qui fait craindre le pire. On sait dans ce cas précis l’État être une bête redoutable qui se pare de bonnes intentions.

Mais quand il s’agit des impôts, il n’est jamais question d’empiétement des libertés, ni de violations de droit fondamentaux, que nenni ! Ce n’est qu’une question technique, wertfrei, en dehors du champ de la morale et de l’éthique, laissée aux bons soins d’experts qui sauront au mieux en fixer le taux, comme celui de la température qu’une machine devrait avoir, pour en extraire le plus de ressources avec le moins de cri, comme dirait notre bon vieux Colbert.

Et nous en faisons les frais, au quotidien.


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