Deus Ex Human Revolution – Augmentez-vous qu’ils disaient

Publié le 22 novembre 2013 par Be-Games @be_games

Elle était prévue exclusivement sur Wii U, elle est devenue multisupport. Elle devait sortir au mois de mai, elle n’est disponible que depuis quelques semaines. La version director’s cut de cette révolution humaine de 2011 a connu un accouchement chahuté, mais le bébé est à terme et en pleine santé. Félicitations à maman Eidos et papa Square Enix !

La stratégie d’une sortie exclusive sur Wii U avait tout son sens : aucune concurrence sur la console de Nintendo et intérêt du double affichage. Mais la logique commerciale liée au carton de la Wii U a voulu que le jeu ressorte aussi sur tous les supports originaux (PC, PS3 et Xbox 360) dans une sorte de version GOTY avec les 2 DLC additionnels, un rééquilibrage des combats de boss et plusieurs retouches. Néanmoins, c’est sur Wii U que ce director’s cut se démarque et précisément sur son Gamepad. En mode double écran, le Gamepad affiche une carte animée par les déplacements des ennemis, sert à gérer l’inventaire et ses améliorations, fait office d’outil de piratage et de liseuse d’e-mails, de journaux, etc. L’affichage principal est alors représenté sur la télé. Quand cette dernière est éteinte, en mode sans télé donc, tout est ramené sur le Gamepad dans un style plus classique. L’ergonomie est très bonne quel que soit le mode choisi, et le basculement d’un mode à l’autre se fait instantanément. Le maître atout de la Wii U dans toute sa splendeur !

Après vous avoir expliqué pourquoi je vous conseille la version Wii U, je vais maintenant vous dire pourquoi je vous conseille le jeu tout court. Vu les ajouts limités de cette version définitive, seuls les gros fans de Human Revolution (ou les fans moyens dégoûtés par les combats de boss, paraît-il horripilants dans la version de base) verront un intérêt à racheter leur titre favori. Mais pour tous ceux qui, comme moi, avaient raté le jeu à l’époque de sa première sortie, il ne faut pas laisser passer cette deuxième chance.

Dans un futur proche (dans quinze ans plus ou moins), des inventeurs ont développé des implants augmentant les capacités humaines. C’est chouette, non ? Ben non, il y a encore des rabat-joie qui prônent le retour au corps naturel (sauf pour les concours de Miss Monde sans doute).  L’opposition de fond avec les pro-augmentations déclenche même des actes de violence, tels que celui qui vise la société Satif Industries. Pas de bol, c’est justement là que vous travaillez. Vous, Adam Jensen, un ancien agent du SWAT viré après un gros foirage en mission, qui avez retrouvé du boulot comme responsable de sécurité dans l’entreprise qui emploie d’ailleurs votre petite copine (comme c’est pratique pour meubler les pauses déjeuner…). Plutôt peinard d’habitude, votre job va pourtant vous coûter votre peau, ou presque. Tabassé comme Rocky par Clubber Lang (la première fois du moins, pas quand Rocky lui met sa mère lors du rematch), votre vie ne tient plus qu’à un fil. Heureusement, votre employeur a envie d’appliquer ses nouvelles techniques et fait de vous une sorte de Robocop, en plus maniable et beaucoup moins con.

« Mouais, encore un scénario bateau pour justifier les pouvoirs surnaturels du héros. On le sent venir le fameux « sixième sens » pour voir à travers les murs… » Non, pas du tout, vous vous gourez complètement (enfin, il y a bien ce sixième sens, mais soit). Le scénario de Deus Ex Human Revolution n’est pas du tout un prétexte mais plutôt un moteur. L’atmosphère est juste futuriste comme il faut, sans trop en faire, et les centres urbains se visitent en scrutant les petites évolutions par rapport à notre quotidien. Les installations intérieures sortent du même moule, réalistes avec des pointes de science-fiction. L’écriture des personnages est un autre atout narratif ; bien que les protagonistes puissent être mis dans différentes humeurs grâce au choix de dialogues, ils sonnent toujours juste. Les dialogues sont d’ailleurs excellents et de leur bonne conduite dépendra éventuellement la réussite d’une mission. À ce titre, les missions secondaires offrent même la possibilité de jouer aux enquêteurs et de questionner les suspects en utilisant les indices à notre disposition. Le doublage français étant de surcroît irréprochable, on s’attache fortement aux personnages.

La narration de qualité a néanmoins un revers : elle nous manque dans les phases d’action dont la longueur est inversement proportionnelle à votre talent. Et manifestement, je ne suis pas le plus doué… Je reconnais les vertus du gameplay (que je présenterai ci-dessous), mais le jeu me résiste tellement qu’il m’agace par moments. J’ai donc décidé de couper mon effort pour vous donner mes impressions à ce stade (déjà bien avancé, rassurez-vous). Cela ne signifie pas que je vais abandonner la partie, non non non, mais je risque d’en avoir pour trop longtemps et il serait bête de sortir ce test au moment où vous goûterez déjà à la puissance graphique de la PS4 avec Knack ou à la richesse de gameplay de Ryse sur Xbox One (à supposer qu’elle sorte un jour chez nous). Or, d’ici là, il serait intéressant de recharger votre Gamepad (on parie qu’il est déchargé ?) pour une partie exigeante mais motivante de Deus Ex.

Après cet aveu d’impuissance temporaire (n’hésitez pas à nous dire dans les commentaires si vous préférez qu’on fasse toujours semblant d’avoir fini les jeux qu’on teste), place à l’action ! Yeah, de la bonne bastonnade avec un héros surpuissant, ça va saigner. Sûr que le sang va couler, mais plutôt le vôtre si vous le prenez de haut. Personne n’a jamais dit qu’Adam Jensen était indestructible, il est même largement plus fragile qu’un héros traditionnel. Je parierais bien qu’Alan Wake (un écrivain !) est plus résistant que lui… Augmenté ou non, Adam Jensen crève après plusieurs balles dans le buffet. Et comme les ennemis sont d’une précision redoutable, faut pas les faire chier. Jouez-la infiltration autant que possible et sortez votre flingue quand vous avez merdé et que les adversaires vous repèrent, ce qui arrivera bien souvent. Pour vous en sortir sans égratignures, il n’y a qu’une solution : analyser à fond les environnements, réfléchir (mieux que moi) et être inventif. Avec votre système de couverture, les cachettes, les outils à votre disposition, les conduits d’aération et les éliminations silencieuses, vous êtes théoriquement en mesure d’évoluer dans les niveaux sans être vu. Et là c’est la top classe quand vous y arrivez ! Le succès est tellement gratifiant qu’on oublie les dix morts consécutives sur le même passage et on continue en bombant le torse. Enfin.. un conseil… ne faites pas trop le malin : après une infiltration réussie, il faut encore faire le chemin inverse pour revenir en lieu sûr. Ne comptez pas sur une cinématique pour vous sortir du pétrin après l’accession à votre objectif…

De la sueur et des larmes vont donc couler de votre corps pendant les missions, principales du moins. Les quêtes secondaires sont moins intransigeantes et devraient vous relaxer davantage. Durant celles-ci, on explore les villes plus à l’aise en admirant l’incroyable boulot de level design. Dans une teinte cuivrée caractéristique, ces lieux sont superbes, pleins d’imagination dans leur construction et vivants. Monde ouvert où la plupart des portes le sont justement, ouvertes, le plan de jeu de Deus Ex est une merveille de style. Techniquement, par contre, le jeu d’Eidos n’est pas à la pointe ; sans doute accuse-t-il son âge par rapport aux tous derniers titres exploitant à fond les machines actuelles. Il arrive aussi que le jeu rame (sur Wii U du moins), mais à de rares occasions et pas toujours dans les séquences d’action nerveuse. La maniabilité ne pose elle aucun souci, avec un système de couverture efficace qui fait passer la vue subjective à la troisième personne – un crime pour les puristes qui ne m’a pas gêné personnellement. Enfin, l’ambiance sonore est à l’image du style général : classe.

Outre les lignes de dialogues à choisir pour orienter (un peu) l’histoire, les augmentations du personnage justifient l’appellation de jeu de rôles. Ces améliorations à déterminer soi-même font office de montées de niveau. Et la personnalisation est assez poussée puisque vos implants bioniques offrent de nombreuses possibilités : réduction du bruit de vos pas, vision thermique, chute sans risque de n’importe quelle hauteur, etc. En plus de ces gadgets futuristes, on trouve aussi les classiques extension d’inventaire, meilleure résistance aux dégâts et ainsi de suite. Un choix très large qu’il ne faudra pas prendre à la légère puisqu’il influencera grandement vos capacités à venir et donc votre façon de jouer. Pas le droit de se gourer, d’autant plus que les augmentations sont chères en expérience ou en argent. Mais si vous avez fait le bon choix (selon votre manière de jouer encore une fois), vous aurez acquis un avantage indéniable dont vous vous féliciterez. Quelle que soit votre approche, il est néanmoins conseillé de développer vos compétences de piratage pour vous essayer à cet exercice sous la forme d’un mini-jeu, plus complexe qu’ordinaire mais au combien intéressant en termes de récompense.


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Deus Ex Human Revolution – Augmentez-vous qu’ils disaient spacecowboy

Conclusion : Avec son grand espace de jeu au style très marqué, Deus Ex Human Revolution a une envergure rare et une aura gigantesque. Sa technique juste correcte et sa difficulté en dents de scie m'empêchent de le considérer comme un chef d'œuvre, mais il n'en est pas loin, en particulier dans cette version director's cut tellement pratique sur Wii U.

4

Pro-augmentation