Satori

Publié le 07 décembre 2013 par Hunterjones
(à R.B.B.A.)
Jean-Robert avait été cocufié.
Son mariage était devenu un mensonge et au bureau, quand les collègues blaguait sur sa (très) belle femme, il n'avait pas eu le courage de leur dire que c'était fini entre eux. Que dès la semaine suivante, elle irait vivre avec son nouvel adonis. J-R savait qu'il était "en permission" depuis son mariage 7 ans plus tôt. Elle était beaucoup trop belle pour un type ordinaire comme lui. Elle se serait tanné de son manque d'envergure et ce jour était maintenant venu.
J-R était cocu.

Un soir, seul à la maison dans le salon à lire, habitude qu'il avait laissé tomber en couple mais auquel il prenait de plus en plus goût afin de s'éveiller les sens, J-R se senti prit à la gorge. Il eût même quelques difficultés à respirer. Pourtant il ne mangeait pas, ni ne buvait, ni ne fumait. Il fût pris d'une vilaine toux et éprouva un étouffement sévère au point qu'il crû perdre conscience. Il eût d'abord très peur, puis, sentit que tout devenait noir autour de lui. Quand soudain, il sentit aussi la présence de gens dans la pièce, et un feeling d'apaisement qui allait maintenant le rejoindre. Sans être en mesure de voir leur visage, J-R sentit qu'ils étaient tous autour de lui et qu'il les connaissait tous. Très bien. Et qu'ils se trouvaient sur place pour l'accueillir ou l'inviter quelque part, quelque chose comme ça. Étrangement, il pensa que rien n'arrive pour rien et que Camille qui le quittait était peut-être à l'origine de tout ça. Il n'avait pas senti autant de peine qu'il avait anticipé. Parce qu'on aurait dit qu'il savait depuis toujours que ce moment arriverait. Et qu'il s'était simplement dit "et bien c'est maintenant".

De moins en moins en train de s'étouffer et de plus ne plus en mesure de bien respirer, J-R fût habité par un sentiment de paix ultime et d'extrême joie intérieure. Comme si un pays entier se développait au travers de sa poitrine. Et l'aidait à respirer.
Une chaleur incroyable l'enveloppa (sommes nous bien en décembre? pensa-t-il) et toute inquiétude que la toux avait pu susciter il y a quelques instants à peine se transforma en profonde compréhension de tout ce qui compose l'univers terrestre. Un étrange feeling. J-R se senti bercé de larges vagues d'amour et baigné dans un confort si puissant qu'il se demanda s'il s'inquiéterait de quoi que ce soit à partir de maintenant.

Puis J-R senti les gens s'éloigner tranquillement comme Camille avait pris ses distances de lui au travers de années. Mais à nouveau, J-R n'avait pas senti la profonde tristesse attendue.
J-R se sentit changé à partir de ce jour-là.
Pour le mieux.
Plus zen par rapport à la vie et à ses nombreux défis.
Se faire larguer par une telle beauté, ça blesse mais c'est comme tomber.
On se relève.

Et aucun enfant ne se trouvait prisonnier de leur désormais rupture.
Il y avait pire dans la vie.
Ce moment étrange, J-R ne le ressenti jamais de cette manière.
Était-il en train de mourir et avait obtenu un sursis?
Il ne le saurait jamais.
Mais ce passage transitoire l'aura tiré d'une forme de sommeil.
La vie sans Camille n'aurait plus la même saveur, mais elle goûterait mieux encore.

C'est du moins l'empreinte qui aura traversé son corps.
Lui qui ne croyait pas au surnaturel, croit maintenant à l'éveil.
Et la pureté du moment n'est plus pareille.