Andrée Sodenkamp - Don Juan

Par Ruedelapoesie @ruedelapoesie

Tu ne fus rien, pas même un coeur de peu de temps,
Un jeu de femmes nues sur ta pensée d'amant
Mêle de lourds cheveux ouverts comme un automne.
La roue du paon qui tourne en ton coeur monotone.
On te respire comme un lit. Tu crois qu'on t'aime.
On te boit, ô Juan, sur ta bouche d'oubli.
On se couche sur toi pour rêver à soi-même,

On te perd, on te gagne aux dés, comme un pari.
Tu es tout ocellé de tristes bouches peintes,
T es tout traversé d'appel et sourd de plaintes
Qui ont crié sur toi comme à travers la mer.
Un jour tu seras vieux, ta chair sera la terre
Où dorment trop de mortes.
Tu seras ce hochet de plaisir qu'on emporte...
Sais-tu, malgré ton feu, combien court est ton temps,
Que de femmes sont nées dont tu n'es pas l'amant,
Que blessé mille fois aux dents de tes mortelles,
Tu t'en iras, Juan, juste avant la plus belle.