Agde : « Per Nadal, un ped de gal »

Par Idherault.tv @ebola34

Jeudi 5 décembre 2013 : Café patrimoine à Agde
« Per Nadal, un ped de gal ». Conférence de Philippe Huppé (historien/écrivain) sur les traditions de Noël en Languedoc. Usages, coutumes, dictons, tout un ensemble qui reflète des habitudes de vie communautaire et un devenir commun.

Compte tenu de la qualité de cette conférence (terme assez ronflant pour désigner ce qui a été ce soir-là une causerie conviviale et décontractée), nous avons volontairement choisi de la diffuser dans son intégralité – y compris les interventions des nombreux spectateurs présents. L’ensemble de ces vidéos totalise environ une heure que nous ne saurions trop vous conseiller de regarder dans son intégralité, tant Philippe Huppé chasse idées fausses ou reçues sur le Noel occitan, trop souvent confondu avec celui de la Provence. Le tout avec beaucoup d’érudition mais, fort heureusement, également avec beaucoup d’humour.

PARTIE 1

PARTIE 2

Les fêtes de l’Avant de Noël et des rois mages selon les traditions Occitanes du Languedoc

L’ avant est constitué avec les 4 dimanches précédant Noël : la venue au monde de l’enfant Jésus qui deviendra le Christ.
Les traditions festives avant Noël sont l’héritage de traditions païennes très lointaines, et plus près de nous celles du Moyen Age. Le calendrier qui arrête la naissance de Jésus à Noël est du à la fantaisie des hommes d’église selon les civilisations et les époques. Le dernier en date est le calendrier révolutionnaire en France . On pense que le Christ serait né en Mars , juste à la fin du cycle de l’hiver et de la naissance du printemps.

Toute la conférence passionnante de Philippe Huppé qui a eu lieu vendredi 6 décembre 2013 à 18 h à l’Ilot Molière sur la mezzanine de l’Office de Tourisme de Agde, se construit inévitablement sur les traditions chrétiennes sur lesquelles se sont construites les coutumes languedociennes. Sa culture est celle des enfants du Languedoc Roussillon même si celle ci emprunte aux traditions provençales.
Le premier de ces 4 dimanches est celui de la fête de saint André le premier décembre. Que de symboles dans ces traditions et pour commencer celui de la lumière. Avec Jésus c’est le retour de la lumière sur le monde, mais c’est aussi la conjuration de la peur des nuits trop longues, de l’hiver et du froid qui envahissent les campagnes. La lumière c’est la vie, la fécondation.Le processus religieux de l’attente de la naissance de l’enfant Jésus jusqu’aux fêtes de Pâques et de la résurrection du christ inscrits dans un cycle naturel lié à l’ordre des saisons.

Dans le calendrier de Julien on considérait le 25 décembre comme le solstice d’hiver. On y voyait la résurrection du soleil car les jours s’allongent. Ce rituel a été décrit de nombreuses fois par les auteurs de l’antiquité . On rapporte que les fidèles sortaient de leur sanctuaire en criant : « la vierge a enfanté, la lumière croit ! ». Les Égyptiens représentent le soleil nouveau avec un tout jeune enfant. Faire naître Jésus le 25 décembre c’est priver le soleil de ses adorateurs !

L’Église chrétienne a repris les traditions païennes pour en faire ses propres fêtes symboliques en gommant les aspect licencieux et triviaux. On prenait beaucoup de libertés au Moyen Age et les fêtes servaient à se relâcher, car la vie était dure. A titre d’ exemple, si une personne dans un village, devenait trop présente du fait d’événements de sa vie, elle faisait l’objet de moqueries répétée et fort pénibles pour ces personnes prises à partie, jusqu’au jour ou cela devint tellement violent qu’il y eu interdiction pour ce jeu cruel.
Pour rire, on aimait se choisir le roi d’un jour en tout lieu….
Du temps des romains, les soldats se choisissaient un roi parmi les condamnés à mort, on tirait au sort leur nom ; Mais la fête passée , la sentence avait lieu. De la, viendrait la coutume de la galette des rois, mais on pense aussi aux couronnes des rois mages, tradition favorisée par les rois de France. Souvent, plusieurs coutumes constituent une tradition.
Entre Noël et le 6 janvier se déroulait la fête des fous. Rappelons que le 6 janvier c’était la fête de Bacchus et de Dionysos, les dieux du renouveau de la nature.

Revenons aux périodes de l’Avent :
Évoquons le Nadalet, tradition typiquement languedocienne, avec les cloches de l’église qui sonnent chaque soir pour annoncer la naissance de Jésus. A Castres depuis 1847 on chante Nadalet avec des chants de Noël sur les sons des 33 cloches du carillon à l’église Notre Dame de la Platée.

Avec l’arrivée de Noël, on prépare la crèche. Les crèches nous viennent d’une tradition en Italie dès le XIIIè siècle.
Une tradition sicilienne commercialisera au début du siècle XX e des Santinis qui ne sont pas des santons mais des personnages plus grands sculptés, protégés par un globe,ce qui leur conférait beaucoup de beauté. Ils ont peu à peu disparus.

Les santons ( petits sains) viennent des personnages populaires attachés aux métiers et aux bohémiens . C’est la Provence qui développa ces coutumes italiennes avec la créations de santons de plus en plus diversifiés. On nota en France dans les autres provinces, peu d’empressement à adopter ces traditions venues d’Italie . La crèche traditionnelle qu’on appelait ‘chapelle’ était joué par des personnages vivants , ces représentations de la naissance de l’enfant Jésus se déroula tout d’abord dans les églises puis comme on en faisait trop, les églises remplacèrent les acteurs vivants par des marionnettes puis ces crèches se produisirent au cœur des villes en quittant l’église.La crèche familiale comprend Marie la mère de Jésus, Joseph le mari de Marie, le petit Jésus que l’on couvre d’un petit mouchoir blanc avant le 24 décembre, l’âne et le bœuf qui réchauffent l’étable…

Plus tard apparut le berger et son mouton sur le dos , venu rendre hommage au nouveau né.De là naîtront les pastorales qui sont des chansons populaires de Noël, encore chantées aujourd’hui. A l’épiphanie on ajoute les rois mages et l’étoile qui les a guidés jusqu’à Bethléem, après un long voyage à travers l’Orient. Ces rois sont des savants et ils apportent avec eux leurs trésors : l’encens, l’or et la myrrhe : selon les théologiens les présents sont en rapport avec Dieu ; l’or précieux représente le pouvoir royal, l’encens destiné au culte représente le pouvoir religieux,le Myrrhe qui servira à embaumer les morts représente le pouvoir spirituel. Ces trois rois mages représentent les 3 pouvoirs venus reconnaître le christianisme. Ces rois venus de Perse seraient de grands savant astronomes ; On raconte que le roi Balthazar serait venu après son retour en Palestine aux Beaux de Provence. De là la traditionnelle étoile figurant sur le blason des seigneurs des Beaux de Provence et leur cri de guerre : » Au hasard Balthazar ! »

Les cérémonies de Noël seront codifiées par l’empereur Théodose en 425, devenant ainsi exclusivement chrétiennes. En 506 le Concile de AGDE en fera une fête d’obligation.
En 509, l’empereur Justinien en fera un jour chômé.
Revenons à la fête de Noël pour évoquer les festivités. Les soirées de Noël en Languedoc étaient sobres; La table était préparée avec trois nappes qui la couvraient pour symboliser la trinité. On changeait la nappe en fonction des 3 plats. les gens des villages étaient pauvres. On se réunissait en famille et on pratiquait le Cacha Fuoc . L’aîné des fils apportait une grosse bûche bien sèche qui alimentait l’âtre. Ce feu chauffait toute la maisonnée. Il symbolisait la lumière éternelle enfermée au cœur de la terre. On mangeait frugalement un plat de céréales, des légumes et du poisson. On se rendait ensuite à la messe de minuit et au retour on mangeait à nouveau avec sur la table les 13 desserts ; la pompe à huile qui est un gâteau parfumé à la fleur d’oranger, les 4 mendiants composés de fruits secs représentant un ordre religieux :
- les noix et les noisettes pour les Augustins
- les figues pour les Franciscains
- les amandes pour les Carmes
- les raisins secs pour les Dominicains
- les dattes symbolisent les rois Mages
- le nougat blanc les forces du bien
- le nougat noir les forces du mal

On servait des oranges et de mandarines fraîches,des pommes, des poires et surtout du raisins frais ayant été préservé jusque là : on suspendait les grappes à des fils dans un endroit frais pour les conserver. Il y avait des pâtes de fruit, des confitures.
Lorsque le festin était terminé, on nouait les 4 pans de la nappe pour éviter aux farfadets de monter sur la table, on laissait tout les restes sur la tables destinées aux défunts .

Avant de se coucher, on recueillait les cendres dans le foyer ou avait brûlé la bûche qu’on enfermait dans un bocal laissé sur la cheminée. Ces cendres étaient censées protéger le foyer contre les forces maléfiques.
On rapporte dans les textes anciens que Jésus était né à Nazareth et non à Bethléem. Il ne sortait rien de bon de Nazareth donc on arrangea la naissance de Jésus pour lui donner plus de crédibilité selon les écritures et les prévisions juives.
L’histoire nous rapporte à quel point l’église à manipulé les consciences pour asseoir son autorité, comme l’on fait tous les pouvoirs à travers les temps.
Mais quelle belle histoire magique que l’imbroglio des fêtes païennes et religieuses et ce qu’il en reste aujourd’hui dans nos régions.

Alice Caron Lambert

Pour les pastorales consultez le site : www.notre provence.fr

Recette de la bûche de Noël

La base du gâteau est une génoise et les garnitures sont constituées de deux crèmes au beurre.

Ingrédients pour la génoise
100 g de farine fluide
100g de sucre de canne fin
5 œufs
1 paquet de sucre vanillé

Ingrédients pour les 2 crèmes
Un dl d’eau fraîche
3 œufs
100g fin en poudre
250 g de beurre ramolli
100 g de chocolat noir
3 c à café de café très fort
1 c à moka d’arôme de violette

Préparation de la génoise
préchauffer le four à 180 °
Séparer les blancs des jaunes de 4 œufs.
Dans une terrine, tourner les jaunes avec le sucre et le sucre vanillé . Ajouter le 5è œuf entier.
Bien amalgamer puis ajouter doucement la farine .
Monter en neige les blancs et les ajouter progressivement à la pâte.
Beurrer une plaque et la couvrir d’une feuille de papier sulfurisé que vous huilez et fariner.
Verser la pâte sur la plaque garnie sur une épaisseur de 1 cm. Enfourner à 200 °
Cuire 10 min.
Sortir la plaque du four et la couvrir d’un torchon humide que vous laissez pendant 5 à 10 min.
A ce terme, démouler la génoise à l’aide d’une spatule métallique en commençant par les bords.
La rouler immédiatement dans un torchon humide. La laisser reposer.

Préparer les crèmes au beurre

Fondre le sucre dans une casserole avec l’eau pour obtenir un sirop de sucre. Ajouter l’arôme de violette.
Dans un saladier mélanger les œufs entiers et ajouter doucement le sirop de sucre puis ajouter le beurre fondu. Séparer en deux la crème dans deux bols et la réserver.
Fondre le chocolat avec le café et l’ajouter à l’une des crèmes .
Laisser raffermir les crèmes avant de garnir le gâteau.
Garnir la génoise avec la crème à la violette. La rouler de nouveau sur elle -même.
Garnir la future bûche avec la crème au chocolat. A l’aide d’une fourchette figurer les rainures et les nœuds d’une écorce de branche. Garnir avec des cerises confite agrémentées de petites feuilles de menthe et d’une tige de romarin. Selon votre goût, ajouter des petits granules blancs ou rose .
Variante :
vous pouvez remplacer l’arôme de violette avec un peu de kitsch ou de grand Marnier .

JOYEUX NOEL DANS VOS FOYERS