Boycott et échanges houleux entre le ministère français de la culture et Google

Publié le 11 décembre 2013 par Aude Mathey @Culturecomblog

Hier, le 10 décembre, Google ouvrait enfin son institut culturel, annoncé de longue date. Devaient être mises en l’avant les actions de Google en direction du patrimoine culturel mondial et sa volonté de rendre la culture plus accessible à tous.

Mais qu’aura-t-on retenu ? Le boycott d’Aurélie Filippetti. Cette dernièrement a finalement décidé de ne pas se rendre au lancement invoquant les nombreux points de friction entre Google et l’État français.

“Malgré la qualité des projets conduits, je ne veux pas servir de caution à une opération qui ne lève pas un certain nombre de questions que nous avons à traiter avec Google

Ces points de friction concerneraient-ils la monétisation que souhaite faire Google grâce à l’aggrégation des données des visiteurs de ses différents projets culturels et de l’Institut ? Pas du tout. Sont visés par la ministre, la question de l’équité fiscale, la protection des données personnelles, la protection de la diversité culturelle et enfin le dossier des droits d’auteurs. De sacrés griefs alors que Google a mis les petits plats dans les grands afin de solder les batailles du passé.

Surprenant alors que, comme le souligne très justement Grégory Raymond du HuffPost :

Comme dans le cas de Google Books, son Institut culturel est en apparence altruiste: il s’agit de faire bénéficier au plus grand nombre des œuvres les plus fameuses du monde, sans avoir à se déplacer ni à payer. Pour la bibliothèque numérique, l’objectif est d’éviter que des œuvres épuisées tombent dans l’oubli. Mais le diable se cache souvent dans les détails…

Il y a un objectif intéressé : Google compte agréger les données de ses visiteurs -et donc les monétiser- de son Institut culturel. De l’autre, le projet de numérisation mondiale vient garnir la propre librairie en ligne du géant. Depuis juillet 2012, le magasin Google Play dispose d’un onglet “Livres” avec des milliers de références françaises et étrangères, gratuites et payantes.

Projet pour lequel les institutions culturelles qui ont autorisé Google à scanner leurs salles  d’exposition et leurs oeuvres n’ont eu aucun mot à dire. Quid du partage des revenus en ce cas?