Lire les classiques - Jean de la Croix

Par Claude_amstutz

O flamme d'amour vive
qui tendrement me blesses
au centre le plus profond de mon âme,
toi qui n'es plus rétive,
si tu le veux bien, laisse,
de ce doux rencontre brise la trame.
 
O brûlure de miel,
ô délicieuse plaie,
ô douce main, ô délicat toucher
qui a goût d'éternel
et toute dette paie,
tuant la mort, en vie tu l'as changée.
 
O torches de lumière,
dans vos vives lueurs
les profondes cavernes du sentir
aveugle, obscur naguère,
par d'étranges faveurs,
chaleur, clarté à l'ami font sentir.
 
O doux et amoureux
tu t'éveilles en mon sein
où toi seul en secret as ton séjour,
ton souffle savoureux
tout de gloire et de bien,
ô délicat, comme il m'emplit d'amour.
 

Jean de la Croix, Chanson de l'âme, dans: Thérèse d'Avila et Jean de la Croix, Oeuvres (coll. Bibliothèque de la Pléiade/Gallimard, 2013)

traduit de l'espagnol par Jacques Ancet

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