Quel rôle attribuer a la presse touristique ?

Publié le 22 décembre 2013 par Fouzi53 @fouzi53

Najib SENHADJI, homme de médias a réagi au précédent post concernant la presse touristique. 

Najib SENHADJI a été DG de la Vie Economique version JLSS , aujourd’hui DG de la société PRECOM, il est le partenaire des différentes fédérations et associations professionnelles notamment dans la publication de Guides de Tourisme et de magazines professionnels tel que l’actuel Hôtellerie News qui relaye l’actualité touristique pour le compte de la FNIH.

Najib SENHADJI est actuellement membre du bureau provisoire de l’AMJET. Il nous donne son joint de vue concernant ce pan du paysage touristique national.

L’industrie du Tourisme occupe de nos jours une place considérable dans le monde et au Maroc tant sur les plans sociaux et économiques.
Une telle Industrie impose un examen attentif  quant à sa déontologie

La plupart des supports d’information, ne doivent leur survie qu’à la publicité. A la différence des autres pays, au Maroc, le nombre global  des tirages de toute la presse écrite reste faible. Le pire encore, c’est que si les gens lisent les journaux, ils n’en achètent pas, le Maroc est l’un des rares pays où la presse écrite est étalée dans les cafés. Dans les années 90, une enquête a révélé qu’un hebdomadaire est lu par 7 personnes, un quotidien par 30.

Cela étant, le lectorat reste donc faible. Résultat des courses, les journaux se vendent mal et le taux de retour est supérieur à 75% pour certains titres qui s’évertuent à tirer à 25 000 exemplaires alors que le nombre d’exemplaires vendus ne dépasse pas 3 000. Pour les publications qui arrivent à accrocher quelques insertions  publicitaires cela relève du parcours du combattant.

Pour la presse touristique qui nous concerne la situation est encore plus dramatique. Ce sont des titres à faible tirage, même à supposer que tous les exemplaires soient vendus, cela représente une recette qui ne couvre même pas les frais fixes. Alors, la seule solution pour rester la tête hors de l’eau est d’essayer de « gratter » quelques insertions publicitaires. Il leur faut donc frapper à toutes les portes. Le spectre de la cessation est suspendu au-dessus de la tête de chaque responsable de publication.  Dans des pays comme la France, les annonceurs budgétisent leur campagne publicitaire sur  une période de 1, voire 2 ou 3 ans. Au Maroc, on le fait au coup par coup.

Depuis des années, pour ne pas dire depuis toujours, les publications touristiques tirent la langue et « mangent » dans la main des opérateurs. Cette situation s’est franchement aggravée avec la crise et l’arrivée sur le tard de pseudos « directeurs de publications » .Un chiffre donne une idée de l’anarchie qui règne dans le secteur : au Maroc, il existe plus de 650 titres !

Les compagnies aériennes qui étaient de gros annonceurs et donc du pain béni pour la presse touristique ont, depuis longtemps tiré un trait sur les insertions dans la presse et montré une préférence marquée pour les panneaux d’affichage et internet.

Pour résumer tout cela au plus court, disons que la majorité des  publications tire la langue et cette situation a tendance à  se détériorer un peu plus chaque année. Est-ce là un signe annonciateur de la fin de la presse touristique en papier ? Nombreux sont ceux qui ont tendance à le croire…

En résumé la situation et l’évolution de l’information touristique, ont trop souvent été faussées chez nous, par des querelles qui n’ont aucun sens.

Alors y’ aurait-il aujourd’hui des journalistes de tourisme au Maroc, des chroniqueurs, des écrivains, des conférenciers, des photographes et des illustrateurs capables de servir la cause du tourisme et la vision 2020  ?

QUEL RÔLE  ATTRIBUER A LA PRESSE TOURISTIQUE ?

Dans ce domaine comme dans d’autres, la presse joue un rôle  lourd de responsabilités. Informer ou  promouvoir  ne veut pas dire ignorer certaines réalités de notre pays. Ainsi le voyageur qui lit les articles de presse omniprésents dans l’ensemble des publications touristiques doit recevoir une information exacte sur la destination Maroc en sa globalité. C’est à dire une information qui ne retient pas seulement les aspects attractifs mais qui décrit aussi tous les aspects sensibles qu’un voyageur éclairé doit connaître avant d’arriver dans notre pays et c’est déjà responsabiliser ce voyageur.

La presse touristique ne doit pas seulement se comporter en publicitaire, mais conserver précieusement son devoir d’informer avec rigueur. Cela passe nécessairement par l’adoption d’une déontologie personnelle des journalistes.

En conclusion, un débat devrait s’engager au plus vite d’abord à l’échelon local,  à travers peut être l’A M J E T(l’Association Marocaine des journalistes et écrivains de Tourisme), nous savons maintenant que l’avenir va imposer de profonds changements dans nos comportements vis à vis de l’économie et de la nature. Le Tourisme va obligatoirement subir les conséquences de toutes les erreurs du passé. (sanitaires, sociales, politiques etc).

A mon sens L’AMJET devait avoir pou but:

• de permettre aux membres d’accomplir leur tâche professionnelle dans les meilleurs conditions, en leur procurant des facilités d’accueil, en créant et en maintenant un contact permanent avec les représentants qualifiés du tourisme, tant au Maroc  qu’à l’étranger ;
• de servir la cause du tourisme national et donc la Vision 2020  par les  publications de ses   membres, en suscitant et en organisant des voyages et des réunions de presse au Maroc ou à l’étranger.

Ensuite ses moyens d’action doivent  passer par  sa représentativité en tant qu’une association de presse spécialisée  et sa participation aux manifestations  dédiées au  tourisme national , en plus de son intervention auprès de l’administration marocaine.
et  la diffusion des publications dans le même but . Il est précisé  que les membres doivent avoir des activités ayant  un lien avec le monde du  voyage et  du Tourisme. (Conférenciers, Journalistes, Photographes, Hôteliers, Transporteurs touristiques, Agents de voyages, Ecrivains, etc…)

Najib SENHADJI
DG PRECOM