Napoléon en Corse

Publié le 22 décembre 2013 par Dubruel

UNE PAGE D’HISTOIRE INÉDITE (d'après Maupassant)

Le récit suivant est authentique.

Je l’ai écrit sans le rendre plus dramatique.

Trois jours avant sa mort, Napoléon

Ajoutait à son testament, ces dispositions :

‘’Je lègue à ceux qui m’ont sauvé la vie

Quand s’apprêtait à me tuer un bandit 

-10 000 francs à Costa,

-100 000 francs à Zavona,

-À Jérôme Levy, 100 000 francs

-À l’abbé Reccho, 20 000 francs.’’

Louis XVI venait d’être guillotiné.

La Corse était gouvernée

Par Paoli, général plein de véhémence.

Bonaparte, jeune officier, était en vacances

Dans l’île de Beauté.

Entre eux

Deux

Était née une vive animosité.

Un jour, Paoli reçut pour mission

D’investir l’île canadienne

De La Madeleine

Il tenta de faire échouer

L’opération.

Mais Napoléon y participant

Accusa son chef ouvertement.

Par la suite, Paoli devait aussi confier :

‘‘Je voulais séparer la Corse de la France

Avec les anglais en assistance.’’

Indigné, Napoléon

Protesta,

Frappa du pied, s’emporta :

‘’C’est une infamie, une trahison ! ‘’

On savait Paoli capable de sacrifier

Le jeune officier.

Alors des voisins aidèrent aussitôt

Bonaparte à rejoindre Ajaccio.

En route, il reçut l’hospitalité

De Tusoli,

L’un de ses partisans et amis.

Paoli, ayant été averti

Du départ de Napoléon,

Chargea les hommes de Peraldi

De bloquer tous les chemins des environs

Afin de l’arrêter. Bonaparte fût séquestré

Chez les Morelli,

Une famille alliée de Paoli.

Le prisonnier réussit à s’évader.

Mais Morelli s’élança, le rattrapa

Et le ligota.

Zanova et Tusoli, munis d’armes à feu,

Parvinrent très vite sur les lieux.

Profitant de la confusion qui s’ensuivit,

Ils saisirent Napoléon, prirent le maquis

Et continuèrent la fuite avec lui.

Ils s’arrêtèrent à la nuit

Pour diner chez les Mancini ;

Puis ils galopèrent jusqu’à Ucciani.

Le lendemain à son réveil, Napoléon

Vit que, devant la maison

Où il avait dormi,

Huit cavaliers étaient alignés.

C’étaient des parents et amis

Prêts à l’accompagner.

Il fut escorté jusqu’aux environs

D’Ajaccio. La nuit venue, Napoléon

Entra dans la ville

Et se réfugia chez M. Lévy, l’édile.

Le maire le cacha dans un placard.

Utile précaution car

La police le recherchait.

Elle fouilla la maison de M. Levy.

Ne l’ayant pas trouvé

Elle se retira à midi,

Déroutée par la fausse indignation du maire

Qui malicieusement avait offert,

Pendant deux heures,

Son aide aux enquêteurs.

Le fugitif fut ensuite conduit

Chez les Costa pour la nuit.

Puis il partit se cacher.

Et on cessa de le chercher…

Car la matinée suivante

La Corse était proclamée indépendante.

La maison des Bonaparte fut brûlée.

On conduisit les sœurs du fugitif aussitôt

Chez l’abbé Reccho.

Et une frégate ramenait

Rapidement

Napoléon sur le continent.

Le partisan traqué, pourchassé,

Allait devenir l’Empereur des français.

Sans le concours de fidèles amis,

Et l’intervention

Du maire Jérôme Lévy

C’en était fait de Napoléon.

L’histoire eut été modifiée !

Des hommes par millions

N’auraient pas été sacrifiés !

Et qui sait sous quel gouvernement

Nous vivrions

Maintenant ?