La situation de porte-à-faux des étudiants en DUT

Publié le 28 décembre 2013 par Triton95

C’est au hasard d’une page que Michel Crozier nous explique pour quelle raison le CPE, ce contrat destiné à permettre l’embauche des jeunes 20% en dessous du SMIC a explosé en vol. C’est parce que, selon lui, une main incompétente a intégré les diplômés d’un DUT ou d’un BTS dans le dispositif. Peut-être les autres jeunes auraient été difficiles à mobiliser, mais y insérer la jeunesse la plus qualifiée sortant du système scolaire ne pouvait que mener à l’explosion.

La situation des IUT est singulière, car à la fois ces instituts ne délivrent qu’un diplôme à bas + 2, et ils accueillent par voie de sélection sur dossier les meilleurs lycéens, ceux du moins dont les ambitions en raison notamment de la situation des parents, ne leur permettent pas d’envisager des études longues, ou qui n’ont pas intégré de grandes écoles, notamment parce qu’ils se sont sous-estimés.

De ce fait ces jeunes réalisent très rapidement leur situation dans un système scolaire où leur valeur est plus élevé que le simple titre qui leur est remis, et ils sont de plus en plus nombreux à poursuivre leurs études, et à rentrer dans des grandes écoles et des écoles d’ingénieurs. Les tentatives de les toiser, en restreignant l’accès à ces instituts aux seuls bacs pro et technos a été un échec, en raison notamment de l’existence de cette sélection, unique à l’université.

A la fois on constate une offensive syndicale du supérieur, qui voudrait récupérer ces étudiants plutôt que les bacs professionnels, et une forte résistance de leur part pour conserver le droit d’intégrer des filières à haut niveau de débouché, tout en échappant aux facs pour le premier cycle, et en ambitionnant de continuer jusqu’au master ou devenir ingénieurs.

Il fallait vraiment une très grande méconnaissance de cette population, de ses aspirations, de la prise de conscience de sa valeur à travers un cycle d’études qui n’est pas élitiste, pour commettre une pareille erreur. Cette mesure avait réussi à mettre le doigt sur cette situation de porte-à-faux des Iutiens, non considérés académiquement, mais pourtant, et compte tenu de la situation économique, dans une filière de véritable réussite.