La trilogie Cinquante nuances...

Par Mademoizela
Intriguée par tout ce que j'avais entendu sur  cette trilogie, j'ai franchi le cap. Apparemment, un roman cru, SM, érotique voire pornographique... Autant de mots qui feraient rougir ou entrer sous terre des personnalités aussi timides que moi. J'ai lu aussi ce que l'auteure pensait de son roman. Elle se compare à Sade, affirme qu'il ne s'agit aucunement d'un roman d'amour, etc etc. Je ne suis pas une véritable fan de ce qui est à l'eau de rose, ce qui est fleur bleue. je ne suis pas une romantique. Ce roman va donc me plaire...
C'est l'histoire d'un multi-milliardaire, sexy en diable, beau comme un dieu, un amant torride  et d'une jeune étudiante en Lettres, timide, une petite vierge effarouchée, une jeune candide -style Laura Ingalls- aux immenses yeux bleus à la Katie Perry qui va se laisser manger par le beau méchant Loup. En plein dans le mille du cliché.


Ce qui fait poursuivre la lecture? Le personnage de Christian Grey qui est superbement campé par l'auteure. Ce personnage est magnétique: il est cruel, pervers, mégalo mais il a ce quelque chose de terriblement attirant. Les hommes adorables et mimis sont attachants, les hommes cruels et pervers sont séduisants. (logique féminine?)





Christian Grey, dans mon imagination, ressemble à Bradley Cooper
   avec le sex appeal de Patrick Dempsey

   le charme fou et l'élégance de Simon Baker

et l'âme torturée et l'apparence froide, crue et cruelle, et cynique de Benjamin Biolay.

Ce mélange détonnant invite à la lecture.
Ce premier tome est assez bien fait. Il y a en effet quelques scènes grrrrrrraouuuuuuuuu. Comment dire?
Excitantes? affriolantes? fantasmatiques? Il n'y aurait pas ces mots s'il n'y avait pas le personnage de Christian.
Si le personnage principal ressemblait à cela:
Je pense que l'homme pourrait ranger ses cannes, ses menottes, son fouet et tout le reste. Se faire attacher (et pas que....) par un type ventripotent, poilu, qui sent le poisson, qui a mauvaise haleine, et les cheveux gras donne plutôt envie de fuir. Si l'homme est Christian Grey, je crois que toute expérience est à saisir.
Les points forts du roman? - le personnage masculin (ça on l'aura compris)
- les scènes SM qui donnent un (tout petit) coup de pied à la libido la plus endormie.
- l'imagination toujours titillée. On ne réfléchit pas quand on lit ce roman. On devient "metteur en scène". On nous explique comment se tiennent les personnages, les objets qu'ils utilisent, notre cerveau fait le reste.
Les points faibles?- On a l'impression que l'auteure fait des "copier-coller" des scènes chaudes. A la fin, il n'y a plus de suspense, on sait ce que Christian va faire. Et, quand on lit ce genre de roman, c'est pour assister virtuellement à une variété de scénarii.
- Le personnage d'Ana. Au début, elle est toute mignonne, toute gentille, timide, maladroite. En un mot très attachante (sans vilain jeu de mots). Elle me fait penser à Susan Meyer dans Desperate Housewives que j'adorais dans la première saison et que j'ai détestée ensuite car je la trouvais "chiante". Pareil pour Ana, elle est exaspérante, gamine.
Franchement, l'auteure aurait dû s'arrêter au tome 1. Les deux autres sont d'un ennui effarant. Elle qui se réclamait de Sade... Je dis non.
Chez Sade, il n'est jamais question de sentiments ou de douceur. Chez Sade, les orgies sont hard: aucun orifice ne reste jamais béant. Et, les personnages sont des Lego qui s'emboitent les uns dans les autres sans jamais se poser de questions. (c'est une métaphore peu recherchée mais c'est la seule que j'ai trouvée). Je ne vois pas vraiment comment le dire autrement.
Si on lit E.L James en espérant trouver du Sade... Passez votre chemin.

Cinquante nuances plus sombres, c'est Blanche-Neige avec deux ou trois scènes un peu osées. Si le premier tome se trouve entre le film du dimanche soir sur M6 et le film du premier samedi du mois de Canal plus, ce tome-ci se place entre le conte de fées et la comédie romantique. (Ce n'est pas évident que les balises soient encore d'actualité.)

Le dernier tome, Cinquante nuances plus claires,  reste dans la continuité du conte de fées: Blanche-neige devient une véritable aventurière. Toujours des scènes affriolantes avec l'utilisation de sex-toys mais une histoire beaucoup trop romancée et convenue selon moi.
 Les deux derniers tomes sont superflus. Ce n'est pas réaliste. J'avais l'impression d'être Madame Bovary cherchant dans la littérature romanesque et romancée ce qu'elle ne trouve pas dans la vraie vie: une histoire de prince charmant et de princesse! Je suis trop cynique et désabusée pour y croire. Y-ai-je jamais cru? Le Prince charmant est un homme en carton.

 Le tout sonne faux. Christian,  je ne le veux pas charmant, je le veux 'tabasseur", dominant, cynique et cruel.
Le passage que j'adore dans le dernier tome, c'est lorsque l'auteure revient au début et retrace la rencontre avec Ana, du point de vue de Christian. Là, c'est criant de vérité, c'est drôle et pertinent. On aurait dû avoir le double point-de-vue en permanence et pas seulement celui de "Blanche-Neige-Anastasia."

Autre point négatif:
Le manque de réalisme dans certaines positions. J'ai beau refaire la scène dans ma tête.... Mécaniquement et anatomiquement, c'est impossible.
La cheville droite  d'Ana est attachée à son poignet droit, sa cheville gauche à son poignet gauche. Elle est sur le ventre. Sans la bouger, Christian réussit à se glisser sous elle. Donc Christian est plat, ou en 2 dimensions...
De même, toujours ainsi attachée, Ana réussit à tendre un petit peu les jambes. Soit elle a des bras de trois mètres et des jambes de 15cm, ce qui expliquerait qu'elle puisse bouger sans s'auto-écarteler, soit les menottes son ultra-étirables.






Bonne année