Un pape François qui s’éloigne de la doctrine sociale de l’Église

Publié le 04 janvier 2014 par Copeau @Contrepoints
Opinion

Un pape François qui s’éloigne de la doctrine sociale de l’Église

Publié Par Philippe Robert, le 4 janvier 2014 dans Religion

L’exhortation controversée Evangeli Gaudium du pape François l’éloigne de la doctrine sociale de l’Église définie par ses prédécesseurs.

Par Philippe Robert.

A propos du pape François et d’Evangeli Gaudium, je dois confesser que j’ai été saisi d’un trouble des plus envahissants bien que je me situe, ayant embrassé le protestantisme, hors de la papauté mais pas moins chrétien et donc libéralement habilité à donner modestement mon avis.

Le 24 novembre 2013, le pape François a donc gratifié le monde catholique et chrétien d’une exhortation apostolique, Evangeli Gaudium, dans laquelle il a jugé utile et nécessaire de faire connaître sa propre vision, me semble-t-il très personnelle et patinée par le temps, en matière d’économie politique.

Annoncer la joie de l’Evangile convient en effet plus que jamais à notre époque tumultueuse où toute une humanité de plus en plus libérée et véloce tente, réunie dans une même et immense clameur, d’expérimenter de nouvelles voies de “vivre ensemble” parsemées de mille sollicitations idéologiques.

Ivan Rioufol : “Le communautarisme et sa délinquance spécifique sont une des révoltantes conséquences d’un angélisme imbécile qui persiste à penser que des peuples peuvent s’inviter chez d’autres peuples dans l’euphorie du vivre ensemble”. A bon entendeur…

Mais revenons au pape François en compagnie de Jean-Philippe Delsol qui a pris la peine, sur le site de l’Institut Turgot, de décortiquer Evangeli Gaudium pour mieux pénétrer la pensée du Saint-Père en matière d’économie. Personnellement, en tant que libéral, je dois dire que j’ai été fort surpris et même choqué par le discours du pape…

Ainsi, analyse Jean-Philippe Delsol, le pape voudrait “résoudre radicalement les problèmes des pauvres en renonçant à l’autonomie absolue des marchés et de la spéculation financière, et en attaquant les causes structurelles de la disparité sociale” (202) car selon lui, “la disparité sociale est la racine des maux de la société” (202).

Toujours selon M. Delsol, il voudrait donc un monde d’égaux, douce utopie mère de toutes les tyrannies. Il voudrait, semble-t-il, redistribuer les biens !? Il voudrait “des programmes, des mécanismes et des processus spécifiquement orientés vers une meilleure distribution des revenus, la création d’opportunités d’emplois, une promotion intégrale des pauvres qui dépasse le simple assistanat… L’économie ne peut plus recourir à des remèdes qui sont un nouveau venin, comme lorsqu’on prétend augmenter la rentabilité en réduisant le marché du travail, mais en créant de cette façon de nouveaux exclus” (204).

Je conçois parfaitement que le Pape François, originaire d’Amérique du Sud et plus précisément d’Argentine, veuille s’attacher à donner au Saint-Siège une nouvelle impulsion basée sur une attention plus soutenue envers les pauvres que, peut-être, le Vatican n’en donnait hier le sentiment.

Il se peut aussi, comme le Saint-Père semble d’ailleurs l’avoir récemment reconnu dans les colonnes d’un journal italien, que les lois de l’économie lui soient quelque peu étrangères; mais est-ce une raison valable pour s’éloigner à ce point des enseignements novateurs de la doctrine sociale de l’Eglise ?

J’espère que cette ambiguïté sera finalement très vite levée de telle sorte que ma foi libérale retrouve vite toute sérénité dans les paroles et les actes du pape François, dûment averti, afin que soit ainsi perpétuée la leçon magistrale transmise au monde avant lui par Jean-Paul II puis Benoît XVI.

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