Je vais passer pour un vieux con - Philippe DELERM

Par Liliba

 (livre audio)

« Dans la liste des précautions oratoires, celle-ci occupe une place à part. Elle souhaite jouer la surprise par sa forme, une vulgarité appuyée qui aurait pour mission de gommer à l’avance le pire des soupçons : une pensée réactionnaire. L’interlocuteur ne doit pas se récrier avant la remarque promise. Mais une petite réticence aux commissures des lèvres signifiant “Toi, passer pour un vieux con !?” semble bienvenue. Elle était espérée. »

Les petites phrases toutes faites, nous en disons tous plus ou moins, sans forcément nous en rendre compte et sans prêter attention à leur sens profond, car elles sont passées dans le langage courant. Et pourtant ! Tour à tour bêtes, voire carrément stupides, méchantes, cassantes, drôles ou juste inutiles, ces petites phrases en disent souvent plus long qu’on ne croit ! Ou au contraire ne veulent rien dire du tout !

Le texte est assez amusant, léger et fluide, mais ce que j’ai aimé, non, ce que j’ai adoré, c’est surtout la voix de Pierre Arditi, sa diction, l’humour que l’on sent au travers des mots, bref, je suis sous le charme de la lecture de cet acteur qu’on a vraiment l’impression de voir sur scène tant il met du cœur dans la lecture.

Les textes sur les quarante-deux expressions convenues examinées par Philippe Delerm sont courts, et souvent font mouche. Mais c’est surtout la voix d’Arditi, chaude et enveloppante qui leur donne chair. L’ironie, la critique, l’indignation, le dégout, la moquerie et des dizaines d’autres sentiments prennent corps à travers la lecture de l’acteur et c’est un régal ! À tel point que j’en ai écouté certaines plusieurs fois. Je ne suis de fait pas du tout certaine que j’aurais aimé cet ouvrage en lecture classique et je pense que l’audio lui donne une énorme chance de passer au-dessus du niveau juste gentillet et un peu banal, dont on aurait aimé en lecture papier que les sujets soient bien plus creusés et non survolés comme ils le sont ici par une simple anecdote.

Alors, relire Delerm, rien n’est moins sûr, mais écouter à nouveau Arditi, oui, oui, et re-oui !!! 

Deux extraits à lire. et à écouter.