L'invention de la solitude

Publié le 05 janvier 2014 par Didier Vincent

Je partage donc je suis

  

La énième vidéo sur les réseaux sociaux, le énième discours. La même prosopopée sur la solitude, sur notre mise en scène par un "je" artificiel et figé. Toujours les mêmes ficelles du selfie. Plus on serait addict aux nouvelles technologies de communications, plus on serait un ermite social. Un asocial. Un cas rézosoce.

Abîme, crevasse, vertige.

On nous compare donc à des chimpanzés qui, eux, ne sont pas connectés. A l'état de nature qui serait l'inamovible parangon de la communauté idéale, un modèle indépassable. L'âge d'or de la vie en société où tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté. Le nombre idéal des gens parmi lesquels on vit, bulles communautaires fortes d'une identité centrifuge de cohésion. C'est scientifique, est-il dit. Hum hum...

Ayant dépassé ces seuils "naturels", on aurait inventé la solitude.

C'est toujours confortant, cette auto critique, cette flagellation qui nous fait aquiéscer à des discours passéistes sous tendus par une idéologie déclinologue. Quittant l'état de nature, nous nous enfermerions dans un monadisme étanche et décérébré ou le riche état social d'antan se serait étiolé, dilué dans la creuse logorrhée du virtuel froid et - au fond - monstrueux. Ben dites donc, on est plutôt mal barrés. On ferait mieux de retourner au Moyen Age et jeter tous ces smartphones dans ne fosse commune.

Bon, je vous laisse là, je vais prendre l'apéro avec les copains et, comme d'hab, on va refaire le monde...