MALADIE MENTALE: Les comportements à risque tuent plus que la maladie – Jama Psychiatry

Publié le 07 janvier 2014 par Santelog @santelog

Des taux de tabagisme, de consommation d’alcool et de drogues significativement plus élevés chez les personnes atteintes de troubles psychotiques interrogent ces chercheurs de l’Université Washington. «  Faut-il être plus agressif en essayant de freiner la nicotine, l’alcool et la toxicomanie chez les patients ayant une maladie psychiatrique grave ?  ». Car si l’espérance de vie de ces patients est réduite de plus de 12 ans par rapport aux personnes en bonne santé, c’est majoritairement en raison de ces comportements à risque. Des comportements qui, avec cette étude, présentée dans le Jama Psychiatry, apparaissent comme des comorbidités étroitement liées à la maladie mentale.

Les chercheurs de Washington et de l’Université de Californie du Sud constatent que les taux de tabagisme, de consommation d’alcool et de drogues sont significativement plus élevés en présence de troubles mentaux graves : Ainsi, plus de 75% de ces patients sont des fumeurs réguliers, 30% ont une consommation excessive d’alcool et des comportements d’ivresse, et environ la moitié consomme du cannabis ou autres drogues illicites régulièrement. Un constat jugé particulièrement préoccupant car des personnes souffrant d’une maladie mentale grave ont déjà, un risque de décès prématuré plus élevé, intervenant de 12 à 25 ans plus tôt qu’en population générale.

Le Dr Sarah M. Hartz, professeur adjoint de psychiatrie à l’Université de Washington précise  » de maladies cardiaques et de cancer « , dont les causes majeures sont la consommation excessive et chronique d’alcool et le tabagisme.

L’étude a analysé ces comportements à risque chez près de 20.000 participants, dont 9142 patients psychiatriques diagnostiqués avec schizophrénie, trouble bipolaire ou schizo-affectif et plus de 10.000 témoins en bonne santé, dont mentale.

Leur analyse constate que,

·   30% des participants avec maladie psychiatrique sévère pratiquent le binge drinking (alors qu’en population générale, le taux de consommation excessive d’alcool est estimé à 8%).

·   plus de 75% sont des fumeurs réguliers (vs 33% des témoins),

·   50% fument régulièrement du cannabis (vs 18%),

·   50% utilisent aussi d’autres drogues (vs 12%).

La maladie semble dicter ces comportements : Les auteurs rappellent, en complément, que de précédentes études montrent des taux moindre de toxicomanie chez les populations hispaniques et asiatiques et, d’une manière générale, chez les femmes vs hommes. En pratique clinique, les effets protecteurs dans ces sous-populations sont perceptibles mais, en cas de maladie mentale grave, la maladie semble dicter les comportements, en particulier le tabagisme.

Faire de la prévention ciblée : Autre conclusion, si des efforts sont déployés contre le tabac, l’alcool et autres drogues en population générale, la maladie mentale grave n’a jamais été ciblée, y compris via l’entourage du patient ou les professionnels de santé. Jusqu’à tout récemment, il était permis de fumer dans la plupart des hôpitaux psychiatriques aux Etats-Unis, indiquent les auteurs…

De nombreux psychiatres estiment encore que leurs patients ont suffisamment de problèmes avec leur maladie pour se soucier de leur tabagisme. Enfin, les différents substituts peuent poser problème chez ce type de patients.

Faut-il être plus agressif en essayant de freiner l’usage du tabac de l’alcool et la toxicomanie chez ces patients ? L’équipe répond présent, et plaide ici pour la nécessité de faire un meilleur travail de prévention.

 

Source: JAMA Psychiatry Jan. 1, 2014 doi:10.1001/jamapsychiatry.2013.3276 Comorbidity of Severe Psychotic Disorders With Measures of Substance Use (Visuel@ Washington University School of Medicine)

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