Ni bretonne, ni française, la ville de Saint-Malo

Par Artetvia

Pour son cinquantième article (hé oui, déjà), Artetvia a le plaisir de vous emmener visiter Saint-Malo. Il y aurait tant à dire qu’il faudra bien nous résoudre à ne vous présenter qu’un bref aperçu de cette ville. Pour changer un peu de l’habituel style pompeux des articles de ce blog, nous ferons connaissance avec Saint-Malo par petites touches « impressionnistes » ; et le plus simple, c’est d’écrire et de décrire en ordre alphabétique.

A, comme Alet, la cité originelle. Située en face de l’actuelle vieille ville, c’est là qu’est implanté le premier évêché. A cause de raids incessants des Normands, les habitants iront se réfugier sur le rocher le plus proche… qui deviendra Saint-Malo. Il reste… quelques ruines gallo-romaines et romanes.

B, comme le Grand Bé et le petit Bé : deux îles à proximité immédiate de la cité. Allez-y à pieds presque secs à marée basse. La première porte la tombe de Chateaubriand, la deuxième l’un des nombreux forts ceinturant la ville (avec la Conchée, le fort National et le fort Harbour). Chateaubriand a réussi le tour de force d’avoir l’une des tombes les plus connues de France, tout en la désirant totalement anonyme (ni nom, ni date).

C, comme Corsaires : en effet, Saint-Malo fut un véritable nid de guêpes pour les anglais et les espagnols. De grands marins corsaires y naquirent : on pense à Duguay-Trouin ou Surcouf. De nos jours les immenses voiliers de la route du Rhum et les ferries vers l’Angleterre ont remplacé les héros de jadis. Des statues posées sur le rempart leur rendent hommage.

D, comme Digue : la grande digue reliant Saint-Malo aux falaises de Paramé, construite au XIXème siècle. Les jours de tempêtes ou de grande marée, le spectacle est impressionnant et parfois dangereux (il y a des accidents graves chaque année). Promenez-y vous, en longeant les villas cossues battues par les vents. Le charme désuet du lieu est du plus bel effet.

E, comme Evêché : Saint-Malo a été le siège d’un évêché de 1146 (transfert depuis Alet) jusqu’en 1801 (démembrement et fusion avec Dol et Rennes). L’évêque avait juridiction sur une bonne partie de l’Ille-et-Vilaine actuelle, plus une partie des Côtes-d’Armor et même du Morbihan (région de Ploërmel). Il en reste une belle cathédrale (voir infra).

F, comme Fort National : construit sur un rocher en face de la ville pour la protéger des anglais par Louis XIV, il est maintenant propriété privée et est visitable à marée basse (par des guides logeant sur place, choisis parmi la jeunesse dorée de Rennes… même qu’on s’amuse bien, malgré l’absence d’électricité et les marées qui réservent des surprises).

G, comme les chiens du Guet : de 1155 à 1770, des dogues étaient lâchés chaque soir au pied des remparts pour prévenir toute attaque ennemie durant la nuit. Les employés municipaux étaient ensuite chargés de les ramener au lever du jour. L’histoire dit que le service a été arrêté suite au croquage malencontreux d’un officier de marine en goguette.

H, comme Habitat : lorsque vous entrez dans la vieille ville, vous découvrez en fait… une ville nouvelle. En 1944, les Américains bombardent la cité, qui est détruite à 80%. Hormis les remparts et quelques monuments, tout est rasé. Les malouins vont reconstruire leur ville de la plus belle manière : des constructions neuves, avec du matériel neuf et un peu de réemploi, mais en respectant une architecture ancienne. Ce qui donne aux immeubles un aspect « vieille ville » qu’ils n’ont pas en réalité. Bravo, cela change du Havre, de Lorient ou de Dunkerque.

I, comme Intra-Muros : ben c’est la vieille ville, entourée de remparts. Très difficile de s’y garer. C’est beau, sombre, humide et touristique.

J, comme Jacques Cartier : l’un des multiples héros de la ville dont il subsiste le manoir situé à quelques kilomètres de la vieille ville, dans la campagne.

L, comme Laiterie de Saint-Malo : qui n’a pas goûté, étant enfant, aux délicieux Malo-frais, à l’emprésuré au chocolat, délicatement versés dans leur boîte en carton ? Ils sont fabriqués à Saint-Malo ! Pour le petit-déjeuner, accompagnez-les d’un craquelin, une espèce de biscuit fade dans lequel on ajoute de la confiture ou du beurre. Ca n’a strictement aucun goût, sauf celui de l’enfance…

M, comme Mer. On ne peut décrire la ville, sans commencer par la mer. Saint-Malo ne vivait que par et pour la mer. Maintenant l’île est devenue presqu’île. Parfois, lors des plus grandes tempêtes, la mer reprend ce qu’elle a laissé, le sillon est inondé, les eaux du port rejoignent les eaux de la Manche et Saint-Malo redevient une île. C’est assez époustouflant à voir. La mer est froide, glaciale même, avec des marées gigantesques et un marnage qui peut atteindre 14 mètres. Les brises lames en multiples troncs d’arbre témoignent de la violence des flots.

N, comme « Ni Français, ni Breton, Malouin suis », un dicton connu qui dit tout de l’état d’esprit frondeur et indépendant des malouins

P, comme Paramé, une ancienne commune rattachée à Saint-Malo, connue pour sa longue plage de Rochebonne (et la maison familiale, ça c’est moins connu).

Q, comme Quic en Groigne : une tour du château de Saint-Malo, à l’entrée de la ville. Elle tire son nom d’une réponse d’Anne de Bretagne (« Quic en groigne, ainsy sera, c’est mon plaisir ! ») aux réticences des malouins à voir construire un château dont certaines meurtrières à canon sont tournées… vers la ville : la confiance règne ! C’est aussi le nom du bagad de Saint-Malo.

R, comme Remparts : la ville en est ceinturée, avec moult escaliers y menant. Lieu de promenade favori des touristes… et des malouins. De là, on a vue sur toute la baie et ses forts. Magnifique !

S, comme Solidor, la tour gardant l’embouchure de la Rance, construite au XIVème siècle par Jean IV de Bretagne.

T, comme Thermes : le nom plus chic pour dire « centre de thalassothérapie ». J’y suis passé devant des dizaines et des dizaines de fois, sans jamais y mettre les pieds. Le bâtiment est idéalement situé et a de l’allure. Quant à la qualité des prestations, je laisse un lecteur la juger.

V, comme la cathédrale Saint-Vincent, siège de l’évêque de Saint-Malo. Elle conserve des vestiges du XIIème siècle, la façade est néo-classique. Elle fut fortement restaurée suite aux bombardements de 1944. Ce qui étonne le visiteur (en tous cas, moi), c’est que l’on ne fait que descendre : entrée, nef, chœur, chevet, à chaque fois, ce sont quelques marches à descendre.

W, comme Philip Walsh (il fallait bien que je trouve quelque chose en W) : encore un corsaire, d’origine irlandaise mais habitant Saint-Malo, célèbre pour ses exploits dans l’Océan Indien pendant la guerre de succession d’Espagne.

Z, comme CéZembre : la singulière île située à quelques encablures (plus de 2 milles nautiques quand même) des remparts. Une plage orientée sud et inhabitée. Elle a ceci de particulier qu’elle est en grande partie interdite d’accès pour cause de mines et autres bombes non explosées (20 000 bombes larguées sur l’île en 1944, qui dit mieux ? – l’île ne se rendit que le 2 septembre).

Il me manque les lettres K, O, U, X et Y, à vous de compléter !

Addendum de 11h30 : un fidèle lecteur propose ceci…

K: le Képi du gendarme qui se tient à l’entrée des remparts de la cité
O: l’Odeur de gaufre qui règne dans la cité toute l’année.
U: le côté Unique au monde du caractère architectural et maritime de la cité.
X: les Xanthophylles présents dans les feuilles des arbres de la cité.