127 heures - 7,5/10

Par Aelezig

Un film de Danny Boyle (2011 - UK, USA) avec James Franco

Stupéfiant !

L'histoire : Celle, authentique, d'Aron Ralston, alpiniste et grand randonneur, qui se retrouva au fond d'une crevasse d'un canyon, le bras coincé par un lourd rocher, et qui dut se résoudre pour s'échapper à le couper au canif...

Mon avis : Un film incroyable qui nous tient en haleine avec un seul personnage (je ne compte pas les apparitions du début et de la fin, vraiment accessoires), franchement une gageure, parfaitement tenue par Danny Boyle ! Sa mise en scène est parfaite, idéale pour servir le propos ; dans ce huis-clos, nous ne nous ennuyons pas un instant et nous suivons avec angoisse les efforts d'Aaron pour se libérer, et pour survivre. Boyle utilise tout un tas d'astuces pour retenir notre attention et notre compassion pour ce pauvre garçon : d'abord toute une palette de sentiments, très bien exprimée par le beau James, entre colère, rage, raisonnements, éclairs de génie, découragement, panique, froid, faim, soif ; ensuite tout un tas de courtes images d'enfance ou de flash-backs ; des rêves aussi et des hallucinations ; l'utilisation de sa caméra pour raconter ce qui lui arrive et laisser un message à ses parents, technique found footage qui casse le rythme du film et son traitement général, classique ; zooms impressionnants depuis Aaron coincé entre ses deux  parois jusqu'à l'infini du désert caillouteux où il se trouve... Et les paysages grandioses de l'Utah.

C'est passionnant, parfois drôle, souvent touchant.

Et puis LA scène où il attaque son bras, avec une toute petite lame. Pas si gore que ça. Ce n'est pas le but. L'objectif est de montrer l'intelligence du garçon et son incroyable courage : faire un garrot puis couper la chair puis l'os sans tomber dans les pommes, alors qu'il est épuisé physiquement et moralement. Je ne sais pas pourquoi des gens ont soi-disant quitté la salle parce que c'était insoutenable. N'importe quoi. Non seulement Boyle n'en rajoute pas dans la chair déchiquetée, mais en plus c'est la vraie vie ; que feront ces personnes si elles trouvent un grave accidenté de la route ? Elles s'enfuieront parce que c'est trop dégoûtant ? Bon, je modère mes propos ; je sais que certains ont une phobie du sang, ça ne s'explique pas... et du moment qu'on appelle les secours, ça me va ! Mais, même, cette scène est bien moins violente ou répugnante que n'importe quel film où ça tire dans tous les sens et que les cadavres tombent à la pelle. Il faut raison garder !

Pour faire le film, le réalisateur et son comédien ont longuement étudié les moindres détails de l'aventure d'Aron Ralston, avec lui, reproduisant avec minutie tout ce qu'il leur a rapporté (et qu'il a écrit dans livre autobiographique), et en essayant de faire ressentir viscéralement au spectateur la dimension émotionnelle et spirituelle de cette aventure.

J'ai bien aimé le générique de début : split screen en trois parties où l'on voit des foules, toutes sortes de foules, un bain de civilisation occidentale moderne... à mille lieues de ce à quoi aspire le personnage, solitaire et avide de grands espaces, et à des années lumière de ce qu'il va vivre. Le même style est utilisé pour le générique de fin, mais plus soft, plus serein ; Aaron a changé et se sent plus enclin à cotoyer l'espèce humaine !

Le titre se réfère bien sûr au temps que le jeune homme a passé seul avec lui-même dans son trou à rat.

Un film qui fait prendre conscience de la fragilité de nos vies, de l'importance de nos décisions, du bonheur d'être en bonne santé et bien au chaud, et de la philosophie qu'il faut acquérir d'urgence pour... comprendre tout ça.

Excellent.