Culture et Barbarie

Publié le 13 janvier 2014 par Detoursdesmondes


Avec pour ligne de mire le projet d'une conférence sur André Malraux et les arts "sauvages" dans le cadre de l'association Détours des Mondes le mois prochain, il me semble important de (re)visionner le film "Les statues meurent aussi " de Chris Marker et Alain Resnais réalisé en 1952 et censuré jusqu'en 1963 !


En effet, cet "album" (qui mêle les images d'oeuvres africaines élevées au rang d'objets d'art dans leur mise en images dramatiques, cadrées en gros plan, et celles de la barbarie (singé éventré, répressions des manifestants...)) doit être mis en regard de l'oeuvre malrucienne que constitue le Musée Imaginaire.
Dans ce dernier, le montage des photographies des oeuvres s'y déroule aussi comme pour un montage cinématographique dans lequel chaque objet prend place, auréolé, sublimé sur un fond contrasté.


Mais ce que souligne ce film par rapport au Musée Imaginaire, c'est à quel point l'oeuvre d'André Malraux se déploie dans un univers an-historique, visant à étayer sa thèse de l'existence d'un art universel, intemporel, absolu, dont il nous livrerait des exemples judicieusement choisis, proclamés par "lui" comme tels... à quel point son "esthétique" n'est pas prête à regarder l'horreur et la barbarie et par conséquent à quelle point elle ne demeure et ne demeurera qu'une "utopie" !
À lire sur le sujet l'admirable ouvrage de Georges Didi-Huberman : L'album de l'art à l'époque du musée imaginaire.
Photo 1 in Ode au grand art africain. Les statues meurent aussi. Primedia 2010.
Photo 2 : in Les voix du silence. La métamorphose d'Apollon, A. Malraux.